Dimanche: Un docu passionnant qui navigue entre les genres
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Dimanche: Un docu passionnant qui navigue entre les genres
Dimanche soir, à 22h50, Arte diffuse «Ni fille ni garçon, mon sexe n’est pas mon genre», un docu sur quatre trans FtM. TÊTUE a demandé à Valérie Mitteaux, l'auteure, et à Lynee, un des participants, de revenir sur ce projet commencé il y a plus de cinq ans.
Lynnee, Rocco (photo ci-dessus), Kaleb et Miguel sont nés de sexe féminin. À San Francisco, à New-York, à Paris et à Barcelone, ils représentent autant de manières de naviguer entre les genres. Une décision jamais facile, qui pousse à se réinventer en permanence. Valérie Mitteaux (photo ci-dessous) a interrogé chacun d'entre eux sur leur parcours.
TÊTUE: Comment a germé l'idée de ce documentaire?
Valérie Mitteaux: C'est la rencontre avec Lynnee qui m'a donné l'idée de ce film. C'est quelqu'un de très libre en termes de genre en plus d'être formidable. Je l'ai rencontré en 2005 et on a commencé à tourner lors de son show en Europe, le One freak show. C'est un vrai philosophe du quotidien, sans emphase. Ça m'a remémoré un événement de ma propre existence et de ma propre ambiguïté.
Justement, à quel point êtes vous concernée par le sujet?
Lorsque j'avais vingt ans, j'ai fait un voyage en Inde. J'étais clairement homo, mais lors d'une excursion à la frontière entre l'Inde et le Pakistan j'ai eu une révélation, je me suis dit: je ne suis ni femme ni homme, je dois être ailleurs, à un autre endroit. C'était une évidence, mais jusqu'à maintenant, je n'avais rien construit avec. En rencontrant Lynnee, ça a fait ressurgir cette chose là, assez intime.
Pourquoi avoir choisi de faire figurer d'autres personnes et pourquoi n'avoir choisi que des trans FtM?
Je trouvais ça bien d'avoir plusieurs parcours. Le but était de faire un film grand public et de montrer qu'il y a différentes façons de vivre ce questionnement, qu'il y a autant de genres que d'individus. Quant au choix des FtM, c'est un parti pris lié à ma propre réflexion sur la circulation du féminin et du masculin chez moi. Mais la première raison est que la genèse du projet, c'est Lynn. Il s'est autoproclamé homme. Et puis quand tu passes du féminin au masculin avec tous les entre-deux possibles, c'est comme une pochette surprise: tu gagnes les privilèges du masculin et c'est intéressant à analyser. La plupart des hommes bio (biologiquement homme, ndlr) n'en ont pas conscience. On est confronté à une génération de femmes qui pensent que le féminisme est une lutte qui sent la vieille culotte, qui ne comprennent pas quand on parle de ces privilèges. Il y a une culture de la soumission intégrée.
Quel est le message que vous voulez faire passer avec ce film?
Le but est que tout le monde s'interroge sur son genre, de comprendre comment on peut se libérer de ce carcan. D'ailleurs je pense qu'il devrait y avoir des ateliers drag king à l'école, au travail. Et si on s'affranchit du genre, à terme, c'est bon pour tout le monde, pour les hommes comme pour les femmes.
Les personnes que vous avez suivies sont assez revendicatives. Est ce qu'être trans peut-être un genre apaisé?
Il y a des personnes qui le vivent de façon très sereine, sans pathos. Mais c'est toujours difficile de vivre hors de la binarité, ça veut dire que tu défonces la logique patriarcale. Les personnes que j'ai suivies le vivent librement, très différemment, ça pousse tout le monde à interroger son genre.
Trois questions à Lynnee Breedlove: «C'est dur de s'extraire du physique, de la binarité»
TÊTUE: Quelle a été votre réaction quand Valérie Mitteaux vous a dit qu'elle voulait faire ce film?
Lynnee Breedlove: Je l'ai accueilli avec sérénité; c'est un film qui dépasse les frontières ethniques, nationales et culturelles, avec curiosité et respect pour les identités queer de chacun. Le fait qu'il soit diffusé à la télé et visible par tous me ravit. J'espère que cela va servir à ouvrir les esprits et les cœurs. Les autres gars du film sont beaux intelligents et sensibles, je les remercie de s'être livrer comme ça.
Vous-même vous êtes beaucoup livré, c'était difficile?
J'adore Valérie. Nous avons vécu ensemble avec ma petite amie de l'époque Wendy Delorme, donc nous étions assez proches pour que cela donne un bon docu. Elle s'est plongée dans mon monde et j'ai été très naturel, sans aucune difficulté pour creuser et donner des réponses honnêtes et vraies.
Même dans le milieu queer, questionner son genre sans passer par une transformation et des opérations corporelles ne va pas de soi...
Oui, c'est dur de s'extraire du physique, de la binarité. Nous appréhendons la vie d'abord par le corps. On n'en est qu'aux débuts mais on commence à comprendre que nous sommes aussi des êtres philosophiques, qui pensent, jugent et analysent, avec empathie. Donc je crois en la capacité humaine à imaginer toutes les possibilités, comme celle que si le genre est une idée ou une énergie qui existe en soi, même si le corps suggère le contraire, nous n'avons pas à modifier ce corps pour correspondre à cette idée.
Regardez la bande-annonce:
http://vimeo.com/30322760
Ni fille ni garçon, mon sexe n’est pas mon genre, de Valérie Mitteaux. Dimanche 23 à 22h50 sur Arte. Le documentaire sera visible en streaming une semaine après la diffusion sur Arte+7.
Photos: DR.
Par Elsa Bastien samedi 22 octobre 2011
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