Maman biologique et deuxième maman: chacune cherche sa place
Maman biologique et deuxième maman: chacune cherche sa place
Dans une société où la norme de référence est l'hétérosexualité, les femmes homos doivent trouver comment se place chaque maman. Pour beaucoup de couples, ce positionnement va de soi.Père fouettard et maman poule: facile et complètement cliché. Quand on est deux mères, on ne peut envisager les choses ainsi. Est-ce qu'on tombe alors dans d'autres caricatures de parents? «Le fait est qu'il n'y en a qu'une qui porte l'enfant. Techniquement, c'est pas possible autrement», explique Amantine, qui a accouché de la petite Malou il y a onze mois. Au-delà de ça, «aucune différence» entre elle et sa compagne, Virginie, qui est enceinte à son tour. Porter chacune un enfant leur permet de «changer de points de vue». Elles suivent de tellement près la grossesse de l'autre qu'elles estiment tenir exactement la même position en tant que parent. Elles emploient d'ailleurs des tournures comme «on a été enceintes» ou «on a accouché».
«Des contingences matérielles»
Marie, à Clermont-Ferrand, ne voit pas les choses comme cela et préfère évoquer une complémentarité avec Nelly, sa conjointe: «Le coparent est mis au même niveau, mais on a des rôles différents. Même si on est deux femmes, on n'est pas les mêmes.» Violaine et Sophie, à Paris, s'accordent aussi à dire qu'il y a des différences entre mamans. La première, qui a porté leurs deux filles, estime qu'il s'agit d'une question de «personnalités». Mais pour Sophie, «il y a naturellement une relation différente avec l'enfant pour la mère biologique, comme dans un couple hétéro». Si Violaine n'est pas de cet avis, elle souligne qu'il y a «forcément des contingences matérielles», comme le fait d'allaiter.
Les facteurs extérieurs ou pratiques ne sont pas négligeables. Marie, par exemple, a plus de temps dans la semaine, tandis que Nelly est seule avec leur fille Manon les samedis matins. La biologie ne fait pas tout. Nicole n'est pas la mère biologique de ses jumelles de six ans et pourtant, étant plus disponible, son lien avec elles serait plus intense que celui de sa compagne: «Mon amie dit parfois qu'on dirait que je suis plus mère qu'elle, parce que je n'arrive pas à couper le cordon.» Quand on lui fait remarquer le choix révélateur de cette expression, Nicole ajoute: «Les jumelles, c'est comme si je les avais faites!»
Aucun statut légal
Sauf que légalement, ce lien n'est pas reconnu. «Il y a des choses qui font hurler», réagit Amantine. «Comme quand on reçoit le livret de famille et que Virginie n'y figure nulle part!» De même pour la Caisse d'allocations familiales, où le dossier informatique du couple est bloqué parce qu'il ne rentre pas dans les cases toutes faites.
Autrement dit, en cas de rupture, ou s'il arrive quelque chose à la mère «officielle», la deuxième maman n'a aucun statut. «Si on se sépare, je sais que Violaine ne m'empêchera pas de voir les enfants, elle les respecte», concède Sophie. «Mais tant que je n'ai pas de droits légaux, c'est quand même un peu inquiétant, ça me trotte dans la tête.» Marie et Nelly ont demandé l'autorité partagée auprès du juge des affaires familiales, pour simplifier les choses auprès de l'école ou de l'hôpital par exemple. «On a le papier dans le portefeuille, mais on n'a encore jamais eu à le sortir!»
Certains prénoms ont été modifiés.
Photo: fotolia.
Par Mathilde Fassin jeudi 08 décembre 2011
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