Tiona McClodden, la réalisatrice out qui filme les lesbiennes noires
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Tiona McClodden, la réalisatrice out qui filme les lesbiennes noires
PORTRAIT. TÊTUE a rencontré la vidéaste américaine Tiona McClodden, de passage à New York pour des enregistrements. La jeune femme travaille sur les lesbiennes noires, «un sujet tellement sous traité qu'il ne sera jamais surexposé!»
A New-York
Sous un bonnet rouge à la Cousteau et des lunettes de hipster, Tiona McClodden ne paraît pas ses trente ans. Elle remonte ses manches et, avec un franc sourire, explique que ses domaines de prédilection sont le genre, la sexualité et la race. Etant elle-même une femme lesbienne et noire, elle plaisante: «C’est comme jouer aux chaises musicales toute ta putain de vie!»
Témoignages de jeunes lesbiennes noires
La réalisatrice de Black womyn, Conversations with lesbians of African descent semble avoir un caractère bien trempé. Originaire de Greenville (Caroline du Sud), elle a suivi des études de cinéma à Atlanta (Géorgie). «C’est une université historiquement noire. Je m’étais préparée à la dynamique raciale, mais pas au sexisme», raconte-t-elle. «Les femmes ne touchent pas vraiment aux aspects techniques et plus difficiles.» Pourtant, c’est ce que cherche la jeune fille. Elle veut tout maîtriser pour pouvoir faire ses films comme elle l’entend. C’est d’ailleurs ce que lui recommande son «mentor», qui l’a prise sous son aile quand elle a quitté l’université après deux ans: «Tu as des idées folles et ambitieuses», lui dit-il, «alors il faut que tu sois impeccable sur la technique».
Son premier long métrage, sorti en 2008, est une série de témoignages de jeunes lesbiennes noires qui parlent depuis chez elles, devant la caméra. Tiona McClodden veut ce faisant offrir aux adolescentes ce qu’elle n’a pas pu avoir: un accès à la communauté, où qu’elles soient. «J’ai grandi dans une ville où il n’y avait rien, pas de centre LGBT, tout juste une boîte qui faisait des soirées lesbiennes une fois par mois», précise la réalisatrice avec un air jovial. «Les boîtes, ce n’est pas le meilleur endroit pour découvrir ta sexualité. C’est l’angoisse! Et il n’y a aucun dialogue.»
«Je reste le mouton noir, mais au moins je suis cool»
A la maison ce n’est pas mieux. Aînée de quatre enfants, Tiona est soutenue par ses frères et soeurs lors de son coming out à 13 ans. Mais pendant des années, ses parents refusent de comprendre. «J’ai eu beau le répéter, ils riaient et passaient à autre chose. Il a vraiment fallu que je les prenne entre quatre yeux pour faire une annonce officielle», se rappelle la réalisatrice. «A partir de là, ça a été l’enfer, mais je n’habitais plus à la maison.» Aujourd’hui, les relations familiales restent compliquées, «mais pour d’autres raisons» explique la réalisatrice qui vit à Philadelphie (Pennsylvanie). «Je reste le mouton noir, mais au moins je suis ‘‘cool’’ à leurs yeux. Ils n’y croyaient pas quand ils ont vu mon travail – quelque chose que j’ai fait, moi!»
Elle est d’autant plus fière qu’elle a financé elle-même ses projets, les producteurs étant «déçus qu’il n’y ait ni sexe ni drames» dans le film. Elle a touché quelques bourses, arrivées après le tournage. Et puis pour son prochain film, elle a déjà levé près de 12.000 dollars sur internet, via Indiegogo. Si elle arrive à vivre de son travail, Tiona précise qu’elle a un quotidien modeste, qu’elle investit tout en matériel et ne prend jamais de vacances. Gardant le sourire à tout moment, elle n’est pas pour autant optimiste : «Je pense que ce ne sera jamais facile pour une femme noire qui veut faire des films.»
Tiona McClodden prépare actuellement deux autres films. Un court métrage, Bumming cigarettes, discussion entre un vieil homme atteint du sida et une jeune lesbienne qui s’apprête à se faire dépister. Sortie prévue à la fin du mois aux Etats-Unis, en partenariat avec plusieurs centres LGBT pour sensibiliser les lesbiennes au dépistage. Et sur internet à partir du 1er décembre, journée mondiale contre le VIH.
The Untitled Black Lesbian Elder Project est en cours de tournage. Témoignages de femmes âgées, ce long métrage reconstitue une fresque historique des lesbiennes noires aux Etats-Unis, notamment à travers le mouvement des droits civiques.
Photos: Mathilde Fassin pour TÊTUE.
Par Mathilde Fassin lundi 16 avril 2012
Source : http://www.tetu.com
Dernière édition par SweetAngel le Lun 4 Juin 2012 - 6:53, édité 1 fois
SweetAngel- Admin
- Messages : 20782
Date d'inscription : 03/08/2010
Age : 44
Localisation : Seine-et-Marne
Re: Tiona McClodden, la réalisatrice out qui filme les lesbiennes noires
Sacrée gonzesse, chapeau bas !!!
Belette- inoubliable
- Messages : 1395
Date d'inscription : 30/07/2011
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