Mariasun Pagoaga («80 jours»): «Embrasser une femme, où est le problème?»
Mariasun Pagoaga («80 jours»): «Embrasser une femme, où est le problème?»
INTERVIEW. Le film lesbien «80 jours» sort demain en salles. En dépeignant avec brio l'histoire d'amour contrariée de deux femmes d'une soixantaine d'années, il aborde un sujet extrêmement peu traité sur les écrans. TÊTUE a rencontré une des deux actrices principales.
Avant sa sortie aujourd'hui en France, le long-métrage basque 80 jours a beaucoup voyagé. En Espagne et ailleurs, il a été très bien reçu –et même primé à plusieurs reprises– dans la centaine de festivals où il a été présenté. Peut-être parce qu’en le réalisant, Jon Garaño et José Mari Goenaga ont osé s’attaquer à deux tabous. Celui de l'orientation sexuelle des seniors en général, et de l’homosexualité des femmes âgées en particulier. Peut-être aussi parce que ses deux actrices principales, Itziar Aizpuru et Mariasun Pagoaga (respectivement à droite et à gauche sur la photo ci-dessus), y sont aussi justes que touchantes. Dans un étonnant mélange de français et de castillan, cette dernière a répondu aux questions de TÊTUE.
TÊTUE: Qui est Maïté, le personnage que vous incarnez?
Mariasun Pagoaga: C’est une Basque, une femme très libérale, qui sait très bien ce qu’elle veut. Elle est lesbienne et n’a jamais caché ses préférences sexuelles. Quand elle était jeune, elle était très proche d'Axun, aux côtés de qui elle se sentait très bien. Puis chacune a poursuivi son chemin… Axun s’est mariée. Et Maïté a étudié, a beaucoup voyagé, elle est professeure de musique, elle a eu beaucoup d’amoureuses… Ces deux femmes vont se recroiser des années après, et Maïté voit là l’espoir de récupérer son amour d’enfance. Une très belle relation va naître… Une histoire d’amour.
Sans trop en dévoiler, on peut tout de même dire qu’Axun va mal vivre ces retrouvailles…
Oui, car elle se rend compte que quand elle est avec Maïté elle est heureuse et elle se sent femme. Alors que quand elle est avec son mari, ce n’est pas ça… Ils ont une vie très monotone ensemble. Elle ne l’aime pas, c’est juste l’habitude qui les relie.
Quel a été votre parcours jusqu'à votre arrivée dans l'équipe de 80 jours?
Je fais partie d’un groupe de théâtre dans ma ville, en Espagne. Quand j’ai appris que les réalisateurs du film avaient besoin d’une femme d’une soixantaine d’années qui savait parler basque, je suis allée passer le casting. Quand j’ai su que j’avais le rôle, j’ai eu une sensation de peur car je ne connaissais pas du tout le monde du cinéma, je ne savais pas du tout comment ça allait se passer avec l’équipe… Pendant 42 ans j’ai travaillé dans une entreprise, avant de prendre ma retraite. Jamais je ne pensais me retrouver un jour dans un film!
Quelle a été votre réaction quand vous avez su que vous alliez incarner une lesbienne à l’écran?
Dès le début j’étais au courant du thème du film. Même si je ne savais pas pour laquelle des deux femmes j’auditionnais, mais ça n’avait pas d’importance pour moi. C’est la première fois que je jouais le rôle d’une lesbienne.
Aucune appréhension?
Mais pourquoi? Je ne comprends pas pourquoi les gens donnent autant d’importance à ça, quel est le problème? Je ne suis pas lesbienne mais chacun a les préférences sexuelles qu’il a et on doit le respecter! Je n’ai aucun préjugé. Si je dois embrasser une femme, il n'y a aucun problème! Pourquoi pas?!
80 jours (80 Egunean), un film de Jon Garaño et José Mari Goenaga avec Itziar Aizpuru, Mariasun Pagoaga, José Ramón Argoitia, Ane Gabarain, Patricia López.
Drame. 1h45.
Retrouvez demain notre interview de Jon Garaño, un des deux réalisateurs du film.
Par Mélanie Vives mardi 12 juin 2012
Source : http://www.tetu.com
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