Osez Le Féminisme montre deux femmes qui s'embrassent: «Choquant?»
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Osez Le Féminisme montre deux femmes qui s'embrassent: «Choquant?»
INTERVIEW. Pour attirer l'attention de l'ensemble de la population sur la lesbophobie, l'association féministe et son groupe LGBT ont récemment lancé une campagne d'affichage. Elle est accompagnée de quatre revendications.
Vous êtes peut-être récemment tombées sur cette affiche… Deux femmes qui s’enlacent et s’embrassent, au milieu de ce qui semble être un jardin public. «Choquant? Oui!, peut-on lire de part et d’autre de la photo. Chaque année en France, six lesbiennes sur dix sont victimes de lesbophobie». Lancée en mai dernier à l’échelle nationale, cette campagne d’affichage de l’association Osez le féminisme, intitulée «stop lesbophobie», suit son cours. TÊTUE a posé quelques questions à Aurélie de Sousa, militante au sein d’Osez le féminisme depuis un an et responsable du groupe LGBT de l’asso.
TÊTUE: Comment avez-vous eu l’idée de cette campagne «stop lesbophobie»?
Aurélie de Sousa: La lesbophobie est encore très méconnue par la population dans son ensemble, or elle fait partie des violences faites aux femmes. En ce qui concerne l’affiche, l’idée est venue en octobre dernier, suite à l’agression de deux filles qui s’embrassaient sur une place publique en pleine après-midi et qui se sont fait tabasser, c’était à Charleville-Mézières. On a voulu réagir à ça!
Vous affirmez que «six lesbiennes sur dix sont victimes de lesbophobie». D’où tenez vous ce chiffre?
On a lu le rapport de SOS Homophobie paru en 2008 (une enquête sur la lesbophobie menée auprès de 1793 femmes, ndlr). Il est difficile d'avoir des chiffres précis, puisqu'une discrimination qui n'est pas reconnue dans le dico ne fait pas l'objet d'enquêtes de grande ampleur. Ce rapport permet néanmoins d'effectuer cette estimation, que nous pensons en deçà de la réalité...
L’idée était de mettre en avant ce que l’on appelle la «lesbophobie ordinaire», pour montrer à quel point ça peut nous toucher dans notre quotidien. Car si la lesbophobie peut aller jusqu’au viol correctif et à l’agression, elle comprend aussi les moqueries, les maladresses de paroles… Par exemple quand on demande à une lesbienne si elle a déjà «essayé avec un mec», avant de lui fait remarquer qu’elle ne «sait pas ce qu’elle manque»… Ce genre de remarque renforce un mal-être social.
L'association Osez le féminisme au sein du cortège de la Marche des fiertés parisiennes, le 30 juin dernier.
Cette campagne est accompagnée de revendications. Quelles sont-elles?
Il y en a quatre. Tout d’abord le mot «lesbophobie», à l’inverse de «Twitter» et «lol» par exemple, n’est pas dans le dictionnaire. Or pour pouvoir dénoncer une discrimination il est important de pouvoir la nommer!
Deuxièmement, on réclame la mise en oeuvre d'une «éducation à l'égalité des sexes, contre le sexisme, l'homophobie, la lesbophobie, la biphobie et la transphobie dès le plus jeune âge et la formation des professionnels de l'éducation sur ce sujet».
Troisièmement, aujourd’hui il n’y a pas d’étude nationale qui vise à mesurer la lesbophobie. On ne peut se fier qu’à quelques rapports réalisés par des associations. Or il faudrait pouvoir quantifier cette lesbophobie pour la rendre visible.
Enfin, on souhaite «le développement de la prévention sur la santé sexuelle et les IST pour les lesbiennes», ce dont on parle très peu de nos jours.
On observe de la lesbophobie au sein même des mouvements LGBT…
Oui, les hommes y sont majoritaires et beaucoup de femmes constatent de la misogynie. Elles sont souvent mises de côté, elles sont invisibles et leurs revendications ne sont pas portées. C’est le résultat de la société patriarcale dans laquelle nous vivons: on pense que les gays sont plus «à plaindre» que les lesbiennes. En fait c’est juste que l’on ne parle jamais d'elles…
Photos: Marie Kirschen pour TÊTUE.
Mis à jour à 18h17, avec précisions dans la réponse à la deuxième question.
Par Mélanie Vives lundi 23 juillet 2012
Source : http://www.tetu.com
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