Kyss Mig: «La réalisatrice voulait des scènes de sexe lesbien sans gêne»
Kyss Mig: «La réalisatrice voulait des scènes de sexe lesbien sans gêne»
INTERVIEW. Le film «Kyss Mig, une histoire suédoise» sort au cinéma ce mercredi. Esthétique et romantique, il dépeint une relation amoureuse à la «Roméo et Juliette» entre deux femmes superbes... TÊTUE a rencontré une des deux actrices principales, Ruth Vega Fernandez.
Après avoir vu Kyss Mig, qui sort au cinéma ce mercredi et dont TÊTUE est partenaire, vous aurez certainement envie d’aller faire un tour à Stockholm tant les deux actrices principales y sont superbes… Ce très beau film lesbien suédois, adapté de l’histoire de la productrice et co-auteure Josefine Tengblad et réalisé par Alexandra-Therese Keining, arrive enfin en France.
«Il raconte comment tomber amoureux peut remettre en questions tous ses préjugés et déclencher la connaissance de soi. Il s'agit d'une histoire d’amour finalement assez classique, à la Roméo et Juliette... Une femme qui tombe amoureuse de quelqu’un d’interdit», nous explique Ruth Vega Fernandez (à gauche ci-dessus). C’est cette Hispano-suédoise, installée à Paris depuis 20 ans, que l’on découvre dans le rôle de la femme interdite, Mia. Une femme issue d’une famille bourgeoise, qui mène une vie cadrée et prévoit de se marier avec son compagnon de longue date. Jusqu’à ce qu’elle rencontre Frida…
TÊTUE: Le premier regard entre Mia et Frida est décisif, il est très marqué dans le film…
Ruth Vega Fernandez: Quand on a passé les essais, la rencontre entre Liv Mjönes (qui joue Frida, NDLR) et moi a été très particulière. On ne se connaissait pas avant et on a tout de suite accroché, il y avait une vraie chimie entre nous deux… J’espère qu’elle se voit à l’écran parce que nous, en tout cas, nous la ressentions!
Après, mon défi était justement de ne pas jouer dans le registre de la séduction, car Mia, contrairement à Frida qui est une fille extravertie, est assez coincée et antipathique. J’ai essayé d’être jusqu’au-boutiste avec ce côté froid, qui est dû au fait qu’elle-même ne se connaît pas: Mia va se rencontrer à travers Frida.
L’alchimie entre Liv Mjönes et vous est parfaite, c’est notamment flagrant lors des scènes de scène. Comment arrive-t-on à un tel résultat?
C’est bien évidemment d’abord notre travail de rendre cette impression à l’écran. Mais il y a aussi une part de magie. Entre nous les choses se sont faites très naturellement. Pour la réalisatrice, les scènes de sexe et l’aspect sensuel étaient très importants. Tout était écrit. Par exemple, le scénario décrivait à quel moment précis elle avait un orgasme, ou qu’une larme coulait de tel œil, ou encore que je devais passer ma main autour de son épaule à tel moment, etc. Il n’y avait aucune impro là-dedans, et on y a passé beaucoup de temps, le but était de se sentir plus en sécurité lors de ces scènes et donc plus libres.
Regardez la bande-annonce:
Les scènes de sexe entre femmes à l’écran manquent souvent de réalisme, cette critique revient beaucoup dans la bouche des principales concernées. Est-ce que vous l’aviez en tête, cette problématique?
La réalisatrice nous a beaucoup parlé de ce que vous dites-là. Selon elle, soit ces scènes sont souvent embellies, soit on passe rapidement dessus… Dans les films hétéros il n’y a aucun problème, on montre tout, donc pourquoi est-ce qu’entre deux filles ce ne serait pas la même chose?! Elle, elle voulait que ce soit sans gêne.
C’était la première fois que vous jouiez le rôle d’une lesbienne?
Euh… (elle marque une pause) Oui je pense, je ne me suis pas posée la question en fait.
Sur le plateau de la série Lip Service, de la documentation était à disposition des actrices. Des DVD et des magazines lesbiens par exemple. Vous vous êtes préparée de la même manière?
Non, parce que pour moi jouer une fille lesbienne n’est en rien différent de jouer une hétéro (rires)! Je ne me suis jamais inquiétée sur cet aspect-là, je n’ai jamais hésité avant d’accepter le rôle.
Vous comprenez celles qui, à votre place, auraient hésité? Il y a toujours cette peur des étiquettes…
Oui, on peut, en tant qu’actrice, avoir peur des étiquettes en général. Maintenant, celles qui ont peur d’avoir une étiquette de lesbienne en particulier, non je ne comprends pas. Je trouve ça dommage!
Donc vous, hétéro, vous vous sentiez complètement légitime pour jouer ce rôle?
Ah oui, complètement, parce que le nombre d’acteurs homosexuels qui jouent des rôles hétéros, je ne vous raconte pas!
Il y a des scènes extrêmement esthétiques dans Kyss Mig…
Oui, la réalisatrice trouvait très important que ce soit beau et romantique. Elle ne voulait absolument pas que soit collée l’étiquette de «trash» ou de «underground» juste parce qu’il s’agit d’une histoire entre deux filles…
Cette même réalisatrice s’étonne du succès du film, qui a réalisé un tour du monde des festivals de cinéma LGBT et est sorti en salles dans plusieurs pays… Est-ce que vous êtes également étonnée par le parcours de Kyss Mig?
Le film s’est monté avec un budget très serré et sur un temps très limité, on a bossé comme des malades, ce qui fait que je n’ai pas vraiment eu le temps de me poser la question. Mais il faut savoir que le casting est un casting de rêve! Par exemple, l’acteur qui joue mon père (Krister Henriksson) et l’actrice qui joue la mère de Frida (Lena Endre) sont formidables, ce sont des stars en Suède!
Vous saviez que Kyss Mig est le premier film lesbien suédois à sortir de ses frontières depuis Fucking Åmål en 1999 (dont le titre anglophone est Show Me Love)?
Oui, même si les deux films n’ont rien à voir! Fucking Åmål parle de deux adolescentes qui tombent amoureuses, et quand le film finit on ne sait pas ce qu’il va se passer entre elles deux. Il me semble qu’entre ce film et Kyss Mig, il n’y a pas eu d’autres longs-métrages lesbiens suédois… C’est aussi pourquoi, je crois, la réalisatrice dit qu’elle s’étonne du succès du film: elle a eu beaucoup de mal à le monter…
Justement, il y a encore très peu de lesbiennes dans les productions audiovisuelles aujourd’hui. Est-ce que vous êtes fière d’avoir contribué à les visibiliser?
Oui, absolument. En fait, c’est après avoir fait le film et en rencontrant le public que je me suis rendu compte à quel point les choses n’ont pas avancé. Et je me rends compte aussi que pour beaucoup, ce sont des femmes bisexuelles qui m’ont inspirée. Frida Khalo par exemple. C’est hyper important d’en parler!
Donc si demain on vous propose à nouveau un rôle lesbien de qualité, vous dites oui?
Ben bien sûr oui! Tout dépend du projet, pas de la nature sexuelle du rôle (rires)!
Photos: capture d'écran et DR.
Par Mélanie Vives mardi 28 août 2012
Source : http://www.tetu.com
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