Marie-Amélie Le Fur: «Très fière d'être marraine du Tournoi LGBT de Paris»
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Marie-Amélie Le Fur: «Très fière d'être marraine du Tournoi LGBT de Paris»
DANS LE VESTIAIRE DES FILLES. La championne paralympique de Londres Marie-Amélie Le Fur endosse avec conviction le rôle de marraine du 10e Tournoi international de Paris. Elle l'a dit bien volontiers à TÊTUE.
Certains, dont Paris-Match, n'hésitent plus à présenter Marie-Amélie Le Fur comme «la nouvelle icône du sprint français.» À 24 ans, cette spécialiste du sprint et de la longueur a révélé son sourire et son mental à toute épreuve aux yeux du grand public à l'occasion des Jeux paralympiques. De Londres, la native de Vendôme, amputée du tibia gauche à 15 ans suite à un accident de scooter, a ramené l'or sur 100m, l'argent sur 200m et le bronze au saut en longueur. Un sacré palmarès et une sacrée personnalité qui font que l'on n'est pas vraiment surprises que la championne ait accepté d'endosser le rôle de marraine du Tournoi international de Paris (TIP), événement sportif d'envergure qui rassemble dans la capitale des centaines d'athlètes LGBT, du 17 au 20 mai 2013. Pas vraiment surprises, mais ravies. Pour la peine, TÊTUE a posé quelques questions à Marie-Amélie Le Fur sur son soutien à la manifestation sportive LGBT.
«Comment êtes-vous devenue marraine du TIP?
C'est une proposition qui m'a été faite à la suite d'un forum sur le sport féminin auquel je participais. Christelle Foucault, la présidente de la FSGL (Fédération sportive gaie et lesbienne NDLR), est venue vers moi, elle m'a expliqué ce qu'était ce tournoi, pourquoi il était mis en place et m'a montré que, au-delà du fait que c'est un tournoi pour gays et lesbiennes, il fallait voir aussi que c'était un tournoi qui permettait de lutter contre les discriminations au sens large du terme. Or moi qui suis investie dans un combat contre les discriminations liées au handicap, je pense qu'on peut se regrouper pour lutter contre les discriminations quelles qu'elles soient. C'est pour cela que j'ai accepté d'être marraine.
Dans le dossier que nous avions réalisé avant les Jeux olympiques dans Têtu, le sauteur en longueur handisport Arnaud Assoumani disait qu'il comprenait tout à fait ce que les gays et les lesbiennes pouvaient parfois ressentir et que finalement toutes les discriminations se rejoignaient, y compris dans le sport.
Je ne me suis jamais sentie différente, enfin pas plus qu'on est tous différents les uns des autres. Et c'est le sport qui m'a permis de m'accepter comme je suis, de comprendre qu'au final, on est tous différents, on n'est pas tous blonds, on n'est pas tous bruns. Il y a certes des différences qui sont plus marquantes, qui dérangent des personnes plus que d'autres, mais le tout c'est d'être honnête et de s'accepter. Et je pense que si l'on s'accepte totalement, il y a une grosse partie du chemin qui est faite. Je crois vraiment que le sport peut aider à faire passer ces différences de façon beaucoup plus facile.
Selon vous, cela vaut aussi pour l'homosexualité? Car, même si c'est en train de changer, certains sports ont encore une image très homphobe... Vous comprenez qu'à un moment, les LGBT aient besoin de se retrouver dans des structures «à eux»?
Oui. C'est vrai que présenté comme cela, cela peut un peu paraître s'enfermer, créer une sorte de réseau... Mais au début, on est obligé de créer un mouvement, de créer une force! Parce que sinon, malheureusement, on n'est pas entendu et pas accepté. Mais après, une fois que ce sera bien rentré dans les mentalités, je pense que ces façons de fonctionner en réseau vont éclater. Tout comme nous, sportifs «handi», nous rapprochons de plus en plus des compétitions valides, je pense que dans un avenir prochain, l'insertion des homosexuels dans le sport sera vraiment quelque chose de normal et ne sera plus du tout une exception. Même dans les sports les plus réfractaires actuellement.
Vous-même, pendant les compétitions, lors des Jeux paralympiques par exemple, avez-vous déjà côtoyé des sportifs homosexuels qui le cachaient de peur de ce que les autres pourraient dire?
Alors là... c'est une très bonne question. (Elle réfléchit) Je ne connais a priori personne d'homosexuel... Après, j'ai envie de dire: peu importe l'orientation sexuelle de chacun. Moi, cela ne me pose aucun problème. Et même si cela n'est encore jamais arrivé, si un jour je venais à rencontrer un ou une athlète avec une orientation sexuelle différente de la mienne, ce serait source d'échange et de partage.
Vous avez réussi un sacré parcours à Londres qui vous a valu pas mal de sympathie de la part des professionnels comme du public. Elle s'est notamment manifestée, fin 2012, par deux trophées à l'occasion des Femmes en Or. Cela vous a touchée?
Je ne m'attendais pas forcément à recevoir le trophée de Femme de l'exploit, parce que c'était un jury qui décidait et que les filles qui étaient nommées contre moi étaient vraiment de très grandes sportives. Donc ça, c'était une belle reconnaissance. Après, le Trophée du public a une valeur particulière puisque cela prouve que les gens ont moins de problème avec le handicap, qu'ils ont «osé» voter pour une personne handicapée et que la différence ne leur a pas fait peur. Je suis fière de ce trophée pour cette raison. C'était la première fois qu'une personne recevait deux trophées, et c'était la première fois qu'une handicapée obtenait le trophée du public: pour nous, c'est un grand pas en avant.
Et le fait que l'on vienne vous solliciter pour être marraine du TIP, cela vous a touchée aussi quelque part? Peut-être surprise également...
Forcément, oui, ça m'a touchée, sinon, je n'aurais pas accepté d'être marraine. C'est vrai que je n'avais jusque-là aucune connaissance de l'existence ni de ce tournoi ni de la FSGL, mais il faut savoir s'ouvrir l'esprit, rencontrer des gens, être à l'écoute des autres pour mieux avancer dans la société. Et c'est pour ça qu'aujourd'hui je suis très fière d'être marraine du TIP et j'espère être utile. Parce qu'au-delà d'être marraine, le tout, c'est de porter une belle parole et d'être utile à cette fédération pour lui permettre une meilleure insertion dans le système.»
(Photo AFP)
Par Myrtille Rambion samedi 16 février 2013
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