Mensch: «C'est plus dur pour des nanas de percer dans la musique»

INTERVIEW. Depuis deux ans, Carine Di Vita et Vale Poher font vivre le groupe de rock féminin et à moitié lesbien Mensch. Elles sortent aujourd’hui leur premier album et enchaînent avec une semaine de concerts, à Paris et en province.



On avait déjà parlé filles et rock avec les Mensch. C’était il y a deux ans (lire notre interview), alors que le groupe venait de se former. Le duo féminin sort aujourd'hui son premier album et enchaînera quatre concerts la semaine prochaine, à Paris et en province, dont deux sur la scène du festival Les Femmes s'en mêlent.

Les Lyonnaises Carine Di Vita (à gauche) et Vale Poher (à droite) n'ont pas changé de crédo: «Guitare, basse, clavier et boîtes à rythmes: Dance and die!» Avant de succomber à leur côté sur le dancefloor, TÊTUE vous propose de (re)faire connaissance avec les Mensch.

TÊTUE: C’est difficile de mettre des mots sur votre musique, non?
Carine: C’est vrai que c’est toujours hyper difficile de la décrire. C’est tout ce qu’on aime entendre en fait. On peut dire que ça sonne comme un mélange d’instruments rock.
Vale: Ouais, pour nous c’est du rock! Même si on nous dit souvent que ça sonne années 1980, new wave. Ça vient des boîtes à rythme.

Carine, quand tu as rencontré Vale, elle était lancée dans une carrière solo. Comment vous êtes-vous connues?
Vale: Euuuh… Quand est-ce qu’on s’est rencontrées Carine?
Carine: On s’est rencontrées quand tu as sorti ton album Mute, il y a sept ans. Il se trouve que j’étais disquaire à Lyon dans une grande chaîne de magasins, et à l'époque on avait encore le loisir de promouvoir des groupes locaux, des coups de cœur. Et je me souviens très bien d’avoir vu Vale arriver avec son disque. J’ai tout de suite trouvé ce qu’elle faisait vraiment très bien.
Vale: A l’époque Carine ne jouait plus dans aucun groupe, elle faisait une pause.
Carine: C’est vrai, j’étais dans une période punk rock et je cherchais exclusivement des nanas pour jouer. J’étais fan des L7, des Lunachicks, de toutes les riots girrrls. Je voulais faire pareil mais je galérais pour monter des projets! La musique, ça me paraissait être du passé. Mais Vale a su à nouveau susciter l’envie.

Regardez un live de leur titre Island, extrait de l'album:



Est-ce que vous revendiquez le fait d’être un groupe de filles?
Carine: Personnellement je ne le revendique pas car ça oriente toujours le débat vers autre chose que la musique, et ça a tendance à me gonfler. Mais profondément, si, j’en suis très fière.
Vale: Pareil, j’en suis fière.
Carine: Car il ne faut pas faire d’hypocrisie intellectuelle: c'est beaucoup plus dur pour des nanas de percer quand tu n’es pas dans le registre de la séduction ou celui de la potiche. Or nous sur scène, on n’est pas hyper avenantes et aguicheuses…

Beaucoup supposent que vous êtes lesbiennes. Est-ce que ça aussi vous le revendiquez?
Carine: En général c’est la question qui est posée juste après que les gens ont repéré deux filles qui font de la musique ensemble et qui ne sont pas dans le registre de la séduction! Moi je ne le revendique pas car je ne suis pas lesbienne.
Vale: Moi je suis lesbienne. Et je n’ai jamais couché avec Carine, si c’est la troisième question (rires)! Par contre je couche avec ma boîte à rythmes!

Est-ce que vous comprenez les artistes femmes qui cachent leur homosexualité et qui vont même parfois jusqu’à s’inventer une vie hétéro?
Vale: Je le comprends. Même si ce n’est pas mon cas, car on ne me reconnaît pas dans la rue, je pense que c’est compliqué d’être un personnage public. Après, quand certains cachent leur homosexualité derrière des propos homophobes, je suis carrément pour l'outing. C’est clair que des gens très connus pourraient faire avancer les choses en faisant part de leur homosexualité… Mais on ne peut obliger personne à le faire.



Vale, tu as notamment collaboré avec le groupe Mansfield Tya, composé d'une artiste qui, elle, est ouvertement lesbienne...
Vale: Oui! J’ai bossé avec elles sur un des titres de leur 2e album (en 2009). Et normalement on doit travailler ensemble sur une musique de film l’année prochaine.

Il y a quelques jours, TÊTUE a publié un article qui s’appelle «Quelle musique pour faire l’amour?». Ecouter les Mensch, ça peut être une bonne idée?
Vale: (rires) Je sais pas, j’ai jamais essayé!
Carine: (rires) Jamais testé non plus! Je pense que ça peut le faire, ouais. Mais avec 130 de moyenne de BPM (battements par minute) c’est sportif quand même (rires)!
Vale: J’y avais jamais pensé mais ça me dégoute un peu en fait (rires)!

Votre semaine du 26 mars va être très chargée en concerts...
Carine: Oui, on a hâte d’y être!
Vale: On a aussi programmé un showcase chez les Gals Rock le 28. On risque de faire quelque chose sans boîte à rythmes, on préfère prévenir. Mais attention hein, si les gens prévoient de venir à Gals Rock juste pour faire l’amour sans boîte à rythmes, sachez que je ne viendrais pas (rires)!

Mensch, le premier album du groupe, disponible dès aujourd'hui (Tsunami-Addiction).
Vous pouvez en écouter ici quelques extraits.

27 mars: release party sur la scène du festival Les Femmes s'en mêlent à Paris.
28 mars: show case à Gals Rock Paris.
En concert à Saint-Etienne et à Lyon les 29 et 31 mars.

Le groupe sera en live dans l'émission Les Affranchis, sur France Inter, le jeudi 22 mars.

Photos: Romain Etienne et Sarah Bastin.

Par Mélanie Vives lundi 19 mars 2012

Source : http://www.tetu.com