Un cabinet de gestion propose d'investir sur des sociétés gay-friendly

Le Rainbow Fund entend proposer aux investisseurs un panier d'actions d'entreprises gay-friendly. un investissement financier déontologique, et même un levier de pression politique selon ses concepteurs.



Investir en bourse en militant, c'est possible. Le premier fonds gay-friendly français, baptisé Rainbow Fund, devrait permettre aux épargnants qui le souhaitent d'investir «gay-ment». Mis en place par la société de gestion Turgot AM sous l'impulsion de Containville Finances, ce fonds d'investissement sera lancé le 21 février prochain. L'objectif? Proposer aux homos et aux défenseurs de l'égalité un portefeuille en accord avec leurs valeurs.

«Je ne vois pas pourquoi l'épargne des homos irait favoriser des entreprises qui cautionnent les discriminations» défend déjà Benoît Suquet, président de Containville Finances, contacté par TÊTU.com. Il existe déjà un large éventail de fonds aux thématiques diverses et variées, allant des activités pétrolières aux entreprises éco-responsables en passant par celles à la pointe de l'égalité hommes-femmes. Mais ce Rainbow Fund, qui propose d'investir sur des entreprises gay-friendly, est une première dans le paysage financier français.

Entreprises gay-friendly
«Nous avons réalisé une étude des entreprises développant une politique d'égalité entre les homos et les hétéros» explique Benoît Suquet. Les sociétés qui ont signé des chartes, ou qui prennent des engagements via leurs ressources humaines ou leur publicité pour l'égalité entre les couples sont d'emblée éligibles (Benetton, Casino). A la condition, bien sûr, qu'elles soient cotées en bourse. «Mais nous avons par ailleurs une obligation de contrôle et de traçabilité de ces engagements» prévient le financier.

Si en France, la Charte contre l'homophobie au travail proposée par l'Autre Cercle fait figure de pionnière, aux Etats-Unis, les structures qui s'engagent pour l'égalité homo/hétéros sont déjà très nombreuses. «Les sociétés comme Apple, IBM ou Google sont des boites plus jeunes, plus novatrices, presque naturellement pro-égalité, continue Benoît Suquet. Et étonnamment, elles s'avèrent aussi être les plus rentables.»

Levier de pression
Car la rentabilité reste quand même l'objectif principal du fonds d'investissement. Concrètement, ce produit boursier fonctionne pour les investisseurs comme un panier d'actions classique, avec un niveau de risque de 6 sur 7. «Tout investissement reposant sur des actions a un indice de risque important, explique le gestionnaire. Mais le fonds a quand même vocation à protéger les investisseurs, puisque la gestion de leurs titres est confiée à des professionnels.»

Un placement lucratif, mais que Benoît Suquet considère aussi comme un levier de pression: «Aucune banque française ne peut-être éligible au fonds, quand aux Etats-Unis, Barclays ou Morgan Stanley ont déjà pris des engagements forts. J'espère que cette démarche pourra pousser une grande banque à signer une charte pour l'égalité».

«Déontologie de l'investissement»
Il s'agit également de soutenir, par exemple, les pays émergents qui prennent des mesures pour les droits LGBT, puisque 20% du portefeuille pourront y être consacrés. Le reste sera constitué de grosses capitalisations internationales.

«Les homos ont un pouvoir financier qu'il faut canaliser.» estime Benoît Suquet, bien que le fonds d'investissement soit évidemment ouvert à tous. «Ce fond-là est réservé à une éthique, à une déontologie de l'investissement. Il n'exclut personne, sauf peut-être ceux qui ne partagent pas nos valeurs d'égalité.» Pour les autres, il suffit d'avoir ou d'ouvrir un compte-titres ou encore un plan d'épargne en actions (PEA) dans sa banque, et de souscrire ce fonds dont le code lsin est le FR0011343805.

Par Antoine Patinet lundi 18 février 2013

Source : http://www.tetu.com