A San Francisco, un élu veut rhabiller les citadins nudistes

Un élu local veut faire voter une loi qui limiterait la nudité dans les lieux publics. Le phénomène serait devenu incontrôlable dans le quartier gay de la ville, Castro.



Depuis quelques années, un groupe de nudistes convaincus avait pris l'habitude de vivre la vie les fesses et le reste à l'air dans le quartier de Castro à San Francisco. Jusqu'à présent, ce groupe appelé de façon informelle les «naked guys» («les mecs nus») n'avait pas été inquiété. Après tout, la tolérance est reine à Castro, quartier gay de San Francisco et capitale de l'Amérique baba cool.

«Pas hygiénique»
Mais depuis la semaine dernière, l'ambiance n'est plus trop «peace and love»: le supervisor du quartier, sorte de conseiller municipal, Scott Wiener, a annoncé son intention de faire voter dans les mois qui viennent une ordonnance qui obligerait les nudistes à se rhabiller dans les restaurants et couvrir leur séant s'ils décidaient de s'asseoir dans un lieu public. Les contrevenants seraient punis d'une amende de 100 dollars, 200 dollars en cas de récidive. «Je ne suis pas un expert en santé, mais je pense qu'être nu dans un espace public n'est pas hygiénique, dit-il. Voudriez-vous vous asseoir sur un siège sur lequel une personne nue s'est assise avant vous? Je pense que la plupart des gens dirait “non”.»

Aux Etats-Unis, la loi fédérale est silencieuse sur la nudité en public («NIP» ou «Nudity In Public»). Il revient donc à chaque Etat et municipalité d'autoriser ou non la pratique et de préciser les conditions de son exercice. Certains Etats l'interdisent, comme l'Alabama, où le lobbying nudiste n'est même pas autorisé (mais la loi clairement anti-constitutionnelle n'est pas appliquée). La plupart n'a tout simplement pas de lois – c'est le cas en Californie ou dans le Vermont – au plus grand plaisir de ceux qui aiment tomber le haut et le bas en public.

Hula hoop nu
Toutefois, dans le bastion nudiste du Vermont, plusieurs communes assaillies par les plaintes ont décidé ces dernières années d'encadrer la pratique. Ainsi, en août 2007, le conseil municipal de Brattleboro, où les rassemblements de hula hoop nu dans les parkings souterrains et les promenades en vélo à poil étaient devenus courants et connus dans le pays entier, a passé un règlement temporaire interdisant la nudité dans les rues principales et autour des écoles et des lieux de culte. Ce règlement a été pérennisé en décembre 2007.

A San Francisco, où la nudité publique est autorisée, les habitants de Castro interrogés par la presse locale sont divisés sur le projet d'ordonnance de Scott Wiener (dont le nom se traduit en français par «zizi»). Ce dernier dit avoir le soutien des commerçants du coin, notamment des restaurateurs qui craignent que les hordes de nudistes fassent fuir la clientèle à l'heure où les affaires ne vont déjà pas fort. «Vous devez apprendre à vivre avec beaucoup de choses dans cette ville, rappelle George Davis, candidat l'an dernier au poste de «supervisor» du quartier – il a lancé sa campagne en marchant dans le plus simple appareil le long de la limite de sa circonscription. Si vous n'aimez pas ça, quittez San Francisco.»

Photo: DR.

Par Alexis Buisson samedi 17 septembre 2011