Existrans: «La marche est un message fort aux politiques pour 2012»
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Existrans: «La marche est un message fort aux politiques pour 2012»
REPORTAGE. Plus de mille personnes ont participé à la quinzième Existrans. Sous un soleil assommant, le cortège a milité contre la stérilisation forcée pour obtenir un changement d'état civil.
Le rendez-vous était donné à Bastille à 14h. Là, des centaines de manifestants (2000 selon les organisateurs, 470 selon la police) se sont regroupés avant de marcher jusqu'au parvis de l'Hôtel de Ville, en passant par République et le Marais. Sous les banderoles, des trans, des gais, des lesbiennes et des sympathisants en tout genre. Mots d'ordre de cette quinzième édition, organisée par le collectif Existrans: la lutte contre la «transphobie d'Etat» et contre la stérilisation forcée exigée par les tribunaux pour obtenir des papiers en conformité avec son identité.
«Un contrôle des corps et des identités»
«C'est de l'eugénisme pur et dur. On ne nous demande pas simplement d'avoir une opération de chirurgie plastique, les juges demandent à ce que nous n'ayons plus la capacité de nous reproduire», s'insurge Sophie Lichten, porte parole du collectif Existrans. Pour un trans FtM par exemple (female to male, de femme vers homme), les juges exigent que les ovaires et l'utérus soient enlevés.
«Ce que ça signifie, c'est qu'on ne peut pas, en France, être une femme avec un pénis ou un homme avec un vagin. C'est un contrôle des corps et des identités», souligne Louis, porte voix à la main, sous la banderole de Chrysalide, une association soutenant les transidentités. Coordinateur de l'association, il souligne que la marche est «un message fort aux politiques pour 2012. La transphobie au quotidien peut être réglée par le politique. Si on nous enlevait de la case maladies mentales par exemple, les stigmatisations ne seraient pas aussi fortes.»
Reconnaissance de la transphobie
Pourtant en 2010, Roselyne Bachelot, alors ministre de la Santé, a considéré que la transidentité ne relevait pas de la maladie psychiatrique (lire notre article). «C'était symbolique, un effet d'annonce. Rien n'a changé» explique Camille Barré, co-organisatrice de l'événement et membre de Fier-e-s et révolutionnaire au PC. C'est un système totalitaire: on traite de fous une partie des gens, on les empêche de se reproduire et on assure le contrôle de la population comme ça. Il y a quinze ans, nous étions trente à manifester. Aujourd'hui, plus de mille. Le regard de la société a changé, de plus en plus d'associations nous soutiennent. Mais sur le plan médical et juridique, ça n'avance pas.»
Parmi les autres revendications du collectif Existrans: la dépathologisation, la dépsychiatrisation réelle des parcours, la reconnaissance de la transphobie comme une discrimination inscrite dans la loi ou le retrait du trouble d'identité de genre de la nomenclature des maladies, notamment de celle de l'Organisation mondiale de la santé.
Photos: Elsa Bastien pour TÊTU.
Par Elsa Bastien lundi 03 octobre 2011
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