Jean-Michel Baylet: «Le monde politique a pris du retard sur la société»
Jean-Michel Baylet: «Le monde politique a pris du retard sur la société»
C'est l'un des six candidats à la primaire socialiste, dont le premier tour aura lieu dimanche. Petite particularité... il n'est pas socialiste, mais président du Parti Radical de Gauche. Comme ses concurrents, il évoque pour TÊTU son approche des questions LGBT.Cinq candidats aux primaires socialistes se sont exprimés au cours des derniers mois dans les colonnes du magazine TÊTU. Des grands entretiens concernant le mariage et l'adoption pour les homos, les droits des trans, l'homophobie ou la gestation pour autrui que vous avez pu lire ou relire hier sur ce site. Mais il manquait le point de vue d'un candidat, Jean-Michel Baylet, président du Parti Radical de Gauche. En répondant aux question de TÊTU.com, ce patron de presse, PDG du groupe La Dépêche, achève ainsi le passage en revue des positions des six candidats sur les questions LGBT.
TÊTU: Vous vous êtes prononcé au cours de la primaire en faveur de la légalisation du cannabis et du droit de mourir dans la dignité. Vous vous êtes également prononcé pour l'ouverture du mariage et de l'adoption aux couples de même sexe... Le Parti Radical de Gauche, champion des libertés individuelles ?
Jean-Michel Baylet: Par tradition libertaire et humaniste, attachés aux principes de laïcité et de Raison hérités des Lumières, les radicaux se veulent les défenseurs des libertés individuelles. Nous voulons modifier des dispositions légales figées et ne correspondant plus aux réalités de notre époque. Il ne faut pas oublier que les radicaux sont depuis toujours une force de progrès qui défend l'extension des droits et des libertés de tous les citoyens. Ils sont les inventeurs de l'école laïque, de la loi de 1901, de la loi de 1905. Nous défendons depuis longtemps le droit à mourir dans la dignité etc.
Concernant l'homoparentalité, êtes-vous pour l'ouverture de la PMA aux couples de femmes ? Quels sont vos positions sur la Gestation pour Autrui (GPA) ?
La procréation médicalement assistée doit être ouverte en France à toutes les femmes, sans discrimination. Il faut faire cesser l'exil procréatif qui pousse des femmes à se rendre à l'étranger pour avoir accès à ces techniques avec parfois de lourdes conséquences sanitaires ou administratives. La gestation pour autrui n'étant pas autorisée en France, les enfants nés d'une GPA à l'étranger et vivant en France rencontrent de nombreuses difficultés (filiation, exercice de l'autorité parentale...). Il convient donc de mettre un terme à ces situations qui pénalisent durement les enfants concernés et leurs parents biologiques. Je veux modifier la loi afin de permettre et d'encadrer la GPA en France et de mettre fin aux difficultés administratives actuelles. Tout cela signifie aussi de rouvrir le débat sur les lois de bioéthiques.
Sur les droits des personnes trans, quelles propositions faites-vous?
Les Radicaux combattent toutes les formes de discriminations. Les inégalités remettent en cause notre pacte républicain. Les discriminations et violences fondées sur l'identité de genre doivent donc être condamnées sévèrement, au même titre que les discriminations fondées sur l'orientation sexuelle, sur la religion ou l'origine ethnique. Cela signifie aussi, par exemple, que la France doit permettre la rectification d'état civil sans poser de conditions médicales. Il y a aussi des progrès à faire pour simplifier le parcours médical de celles et ceux qui veulent changer de sexe. Ils doivent pouvoir accéder à des soins de qualités et il faut aussi permettre la conservation des gamètes des personnes opérées et permettre, à l'avenir, une procréation assistée.
À votre avis, comment l'État peut-il lutter efficacement contre l'homophobie ?
Il faut rétablir une autorité administrative indépendante et il faut lui donner les moyens d'agir efficacement contre les discriminations. La suppression de la Halde a conduit à une régression de la protection des victimes de discriminations. Il faut un organisme spécifique, identifié, facile à contacter afin d'aider les victimes.
Avez-vous été surpris par les protestations de la Droite Populaire sur l'inscription dans certains manuels scolaires de la question des genres ?
Je ne m'étonne, malheureusement, de rien avec la «Droite Populaire». Pour les radicaux le rôle de l'école est de faire réfléchir pour lutter contre les stéréotypes et les clichés. Nos institutions et le monde politique ont pris du retard sur la société. Il ne faut pas avoir peur d'aborder ces questions avec des jeunes, ils sont prêts à comprendre, et comprendre c'est accepter. C'est aussi ce qui fait l'importance de défendre une école «laïque» c'est-à-dire véritablement libre.
Président d'un parti européen, fédéraliste, avez-vous l'impression que la République arrive suffisamment à prendre en compte la diversité de notre société?
La République a tous les outils pour prendre en compte la diversité de notre société. Mais les conservatismes sont forts. Nous venons d'évoquer la «Droite Populaire», je vous invite à lire la lettre des évêques de France. Ce ne sont donc pas nos institutions qui sont en cause. Il y a des évolutions législatives à porter sur un certain nombre de sujets et la gauche devra les porter si elle arrive au pouvoir en 2012.
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Par Marc Endeweld vendredi 07 octobre 2011
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