Matthew Raymond-Barker: «Si t’es gay, t’es gay, on s’en fout!»

Il s'est fait remarquer dans «X Factor» en reprenant Beyoncé, Madonna ou Cyndi Lauper. Quatre mois après sa victoire dans le télé-crochet de M6, Matthew Raymond-Barker s'apprête à sortir son premier album. Il se confie à TÊTU.



C'est l'un des moments les plus marquants de la dernière saison de X Factor. Habillé en jeans paillettes et tenue moulante, Matthew Raymond-Barker, jeune Britannique de 22 ans, fait une reprise détonante de Single Ladies de Beyoncé. Sa voix n'est peut-être pas toujours très juste mais sa présence scénique est indéniable alors qu'il reproduit la célèbre chorégraphie de la chanteuse de R'n'B. Cette prestation n'est pas un cas isolé. Tout au long de son passage dans le télé-crochet de M6, à l'issue duquel il a été sacré vainqueur, Matthew Raymond-Barker tente d'imposer son style et propose chaque semaine des interprétations originales et décalées, voire carrément gays, reprenant tour à tour les tubes de ses idoles, parmi lesquelles Rihanna, Madonna ou encore Cyndi Lauper.

Quatre mois après sa victoire dans X Factor, Matthew Raymond-Barker s'apprête à publier son premier album, qui sortira en novembre. Alors que son premier single, Trash, est déjà disponible sur les plateformes de téléchargement, le jeune Britannique se confie à TÊTU sur son album, son style, ses goûts musicaux et parle même sans détour de sa sexualité.

TÊTU: Le premier extrait de ton album, Trash, est un titre assez electro, un terrain sur lequel on ne t'attendait pas forcément après avoir entendu tes prestations dans X Factor et ton premier single, une reprise de Daniel Balavoine (Vivre ou survivre). Pourquoi un telle direction musicale?
Matthew Raymond-Barker: Je n'étais pas content avec le choix de Vivre ou survire comme premier single, ça m'a un peu été imposé par la production de X Factor. Le premier single après l'émission doit obligatoirement être en français et on a passé toute une journée à voir quel titre je pourrais reprendre, on en a essayé une trentaine. Au final, j'étais tellement fatigué que j'ai cédé. Ce n'est pas forcément mon style mais j'ai fait du mieux que j'ai pu pour me réapproprier la chanson. Mais pour album, je voulais un style de chansons complétement différent, un style qui soit le mien. Trash est en effet un titre assez electro mais comme premier extrait de l'album, je voulais une chanson qui fasse bouger les gens, que ce soit à la radio ou en boîte de nuit!

Que peut-on attendre du reste de l'album? Est-il aussi electro?
J'ai quelques titres qui sont electro, d'autres qui sont beaucoup plus pop. Il y a aussi plusieurs chansons assez R'n'B parce que c'est ce que j'aime, j'en écoute beaucoup. Je me suis battu pour avoir des titres R'n'B sur l'album car c'est quelque chose que je peux défendre. Je ne voulais pas dire oui à tout ce qu'on me proposait, sinon j'aurais fait un album pourri et je ne pense pas que mon album est pourri... Je l'espère en tout cas (rires)! Je suis fier de ce que j'ai fait.

Y-a-t-il des chansons en anglais sur l'album?
Oui, l'album comprend des titres qui sont intégralement en anglais parce que, évidemment je suis plus à l'aise dans cette langue. Il y a aussi des chansons tout en français et d'autres qui sont dans les deux langues, avec le refrain en anglais et les couplets en français, un peu comme Trash. Je suis Anglais, je ne peux pas changer ça et ma maison de disques voulait que je garde cet aspect-là. Quand je suis en studio et que je chante en français, j'ai un accent et je dois bosser beaucoup plus, notamment sur la prononciation. Ça peut être l'enfer parfois mais c'est indispensable.

Quelles sont tes influences musicales? Tes artistes favoris?
En ce moment, j'aime bien Rihanna, Katy Perry, Usher, Chris Brown... C'est un peu bizarre de dire Rihanna et Chris Brown dans la même phrase mais c'est comme ça (rires)! J'aime aussi beaucoup Beyoncé, c'est la reine. Je trouve son nouvel album très bon.

Après le succès en demi-teinte de X Factor sur M6 et les critiques qu'il y a eu après ta victoire face à Marina D'Amico, te sens-tu moins avantagé que certains autres gagnants de télé-crochets qui ont été plus médiatisés?
Oui et non. Je pense que parce que X Factor n'a pas marché autant que Nouvelle Star, quand l'émission faisait 5 à 6 millions de téléspectateurs à son apogée (contre 2.6 millions en moyenne pour X Factor, nldr), je dois me battre plus que les autres pour me faire une place. Par exemple, je dois passer des coups de fil pour avoir plus de promotion et faire bouger les gens autour de moi. Je ne peux pas me débrouiller tout seul, je ne connais pas grand monde dans le métier... Ca peut être difficile parfois mais je prends ça comme un défi. Si mon album ne marche pas, je ne pourrais m'en prendre qu'à moi-même. C'est pour ça qu'en ce moment, je me concentre sur la promotion de l'album.



Tu as participé à X Factor au Royaume-Uni en 2010 et tu as été éliminé. Qu'est-ce qui t'a donné envie de retenter ta chance en France?
Je me suis présenté aux auditions par hasard parce que je n'avais rien à faire! J'étais étudiant à Toulouse et mon université était bloquée par la grève. Comme je n'avais pas cours, je suis allé passé le casting de X Factor. J'avais l'expérience de la version anglaise, donc je me suis dit «Pourquoi pas?». A l'époque, j'avais passé la première épreuve de «bootcamp», ce qui veut dire que j'étais dans les 200 derniers candidats. J'étais déjà très fier de moi. En Angleterre, il y a quatre épreuves de pré-casting avant de passer devant le jury final alors qu'en France, il n'y en a qu'une. La pression était horrible car j'étais entouré de personnes qui chantaient très bien!

Une question par rapport à ton premier single: c'est quoi, pour toi, être «trash»?
Quand t'es complétement bourré à la fin d'une soirée, tu dis en anglais : «I'm trashed». Etre «trash», c'est ça pour moi: tu es en boîte, tu bois, tu t'amuses... Bref, tu profites de la vie... Un peu comme Ke$ha (rires)!

Dans la chanson, tu dis par exemple «tout le monde jump sur le bar», «on oublie tout, on se lâche», «Corps extatiques, on n'est pas des anges»... C'est ce que tu fais quand tu vas en boîte?
(Rires) Je suis Anglais, j'aime boire de l'alcool tout le temps! Mais depuis que j'ai gagné X Factor, je fais très attention quand je sors. Parfois, des gens veulent prendre des photos avec moi et je ne veux pas me retrouver affiché sur internet complètement déchiré... Mais avant, quand je sortais en Angleterre, j'étais tout le temps bourré, ça fait partie de la culture étudiante là-bas!

Justement, tu sors beaucoup en boîte?
(Pause) Oui... Oui... Parfois, je sors au Palais Royal, comme par exemple au VIP Room ou près des Champs-Elysées, il y a des clubs sympas. Sinon, je vais dans le Marais, parce que c'est drôle. On y voit des choses qu'on ne voit nulle part ailleurs. Et puis c'est génial, on rencontre des gens intéressants.

Certaines de tes prestations dans X Factor ont beaucoup plu aux homos (Madonna, Rihanna, Ke$ha, Ophélie Winter,...) et notamment ta chorégraphie mémorable sur Single Ladies de Beyoncé (voir la prestation)! C'est toi qui choisissais les titres que tu interprétais et la manière dont tu les mettais en scène?
La plupart du temps, c'était une collaboration entre la production de l'émission et moi. La première semaine, j'ai chanté Supreme de Robbie Williams et je n'ai pas aimé le titre du tout. Je pense que ça s'est vu, je n'ai pas bien chanté. Les semaines suivantes, la production m'a laissé plus de choix pour que je puisse imposer mon style. Et c'est moi qui ai choisi de chanter Single Ladies. Pour la chorégraphie, j'en ai discuté avec le chorégraphe et il était très content de pouvoir m'entraîner là-dessus. Moi même, j'avais très envie de le faire.



Est-ce que ta coach Véronic DiCaire t'a poussé à aller dans cette direction?
Un peu, oui. Dans la catégorie des «garçons de moins de 25 ans» qu'entraînait Véronic, il n'y avait pas d'autres candidats comme moi qui voulaient danser et chanter en même temps. Dès le début, j'ai chanté des chansons qui bougeaient avec une mise en scène et de la musique forte. Chaque semaine, j'essayais de faire quelque chose qui me plaisait. J'étais content de chanter Rihanna, Ke$ha et les autres. C'est vraiment ce que j'aime.

Du coup, tu es conscient d'avoir un sex-appeal gay assez important...?
Ah oui (rires)? Quand je sors dans le Marais, il y a des gays qui viennent me voir et qui me disent qu'ils aiment beaucoup ce que je fais, qu'ils ont aimé me regarder à la télévision, etc. Quand j'entends ce genre de compliments, ça me fait vraiment plaisir. De la part de n'importe qui d'ailleurs.

Et que faut-il faire pour gagner ton cœur?
Je ne sais pas... Il faut me faire rire. C'est difficile de me faire rire, vraiment difficile. On peut me faire sourire sans problème mais lorsqu'une personne me fait rire, elle attire vraiment mon attention. Et puis, il faut avoir un beau visage... C'est la première chose qu'on voit chez une personne (rires). C'est horrible de dire ça parce que parfois, il y a des garçons complément banals physiquement mais c'est leur personnalité qui te fait les aimer. En tout cas, si on me fait rire, c'est un bon début!

Joe McElderry, qui a gagné X Factor au Royaume-Uni en 2009, a fait son coming out dans la presse quelques mois après sa victoire. Penses-tu que ce soit une bonne initiative?
Je ne suis pas vraiment d'accord. Si t'es gay, t'es gay, on s'en fout. Tu n'as pas besoin de le crier sur les toits. Je me souviens des titres de presse après la victoire Joe McElderry, où il affirmait être hétéro et ça m'avait beaucoup étonné... Quelque mois après, il a fait son coming out. C'est bizarre. Moi, je suis une personne ouverte: il y a des garçons qui me plaisent, il y a des filles qui me plaisent. Ca dépend! C'est comme ça, je ne l'ai pas choisi. Je suis jeune et je teste! Il faut toujours être honnête envers soi-même et être fier de qui on est. Moi, je le dis à tout le monde, ce n'est vraiment pas un problème. Si ça devient un problème à l'avenir, je regretterais peut-être de l'avoir dit, mais pour l'instant, ce n'est pas le cas.

Ecoutez Trash, le premier single de Matthew Raymond-Barker:

http://www.wat.tv/audio/matthew-raymond-barker-trash-48c7d_2fqt3_.html

Photos: Pierre Dal Corso.

Par Jordan Grevet jeudi 13 octobre 2011