Des traitements plus performants évoqués au 13e Congrès européen sur le sida

2700 médecins, chercheurs et militants étaient réunis à Belgrade pour le 13e congrès de la Société clinique européenne sur le sida (EACS). Un congrès sans annonces fracassantes, mais qui témoigne des immenses progrès réalisés en matière de traitement anti-VIH.

A Belgrade

Pas d'annonces fracassantes dans cette conférence, qui s'est tenue du 12 au 15 octobre, centrée sur la prise en charge médicale des personnes vivant avec le VIH et qui a lieu tous les deux ans. Mais un constat est revenu sans cesse: les traitements d'aujourd'hui sont plus efficaces, plus simples à prendre (souvent une prise par jour, parfois deux), ont moins d'effets indésirables. En 2011, on vit mieux avec le traitement, et l'espérance de vie rejoint celle des personnes séronégatives si le dépistage est suffisamment précoce. Une bonne nouvelle qui entraine une nouvelle question: celle de la gestion du vieillissement.

Avancées


«Il y a quinze ans, l'objectif était de contrôler la réplication du virus, explique le médecin danois Jens Lundgren (photo). On y parvient désormais très bien. L'essentiel des présentations scientifiques s'est concentré sur les pathologies que peut favoriser l'infection chronique par le VIH, comme les maladies cardio-vasculaires, l'ostéoporose, le diabète...». Les avancées ont été intégrées dans la 6e édition des recommandations de l'EACS, un petit livret de 107 pages dévoilé à Belgrade.

La grande nouvelle de 2011, pour le belge Nathan Clumeck, qui les a co-dirigé, c'est qu'on sait désormais que «ce ne sont pas les personnes traitées dont la charge virale (quantité de virus dans le sang) est indétectable qui sont à risque de transmettre le virus, mais bien les personnes qui ignorent leur statut». Cela avait été démontré à la conférence de Rome en juillet (lire notre article), et les cliniciens en ont beaucoup parlé dans les couloirs de Belgrade.

«Libération prolongée»
Coté traitements, une nouvelle formulation «à libération prolongée» de la névirapine (Viramune) qui permet une prise unique par jour vient d'être approuvée en Europe, et un nouveau «non nucléosidique», la rilpivirine (Edurant), devrait l'être sous peu. Leur commercialisation est attendue en France pour mi-2012. Une dizaine d'autres molécules est à un stade de développement relativement avancé. Autres perspectives, plus lointaines : trouver un traitement permettant la guérison de l'infection. Une alliance scientifique internationale planche sur le sujet depuis quelques mois (lire notre article) et les tout premiers essais chez l'homme ont commencé. «Pour l'heure, il ne s'agit que de s'assurer que les solutions thérapeutiques envisagées (des chimiothérapies utilisées contre le cancer, des molécules modulant l'immunité...) ne sont pas trop risquées», explique la chercheuse australienne Sharon Lewin.)

Des préoccupations qui sont loin de la vie quotidienne de Nikola, séropositif depuis 2006. Sa trithérapie contient une molécule ancienne, la didanosine, qui à long-terme peut abimer les nerfs et entrainer des douleurs au bout des membres. «Pour l'instant, je n'y pense pas trop. Je sors dans les rares bars et boîtes de Belgrade. Et je fais des rencontres par Internet. Etre gay et séropositif en Serbie, c'est OK. A condition de ne pas en parler ouvertement.» Il y a 15 jours, la Gay Pride a été interdite par les autorités, qui disaient craindre des actes homophobes.

Par Renaud Persiaux dimanche 16 octobre 2011