Ken Russell, cinéaste fantasque et déluré, est mort

Enfant terrible du cinéma britannique, Ken Russell, cinéaste iconoclaste, gourmand et délirant, est mort dimanche à l'âge de 84 ans. Il a réalisé quelques-uns des films phares des années 70 et 80 : «Woman in Love», «The Devils», «Tommy»...

On a régulièrement qualifié Ken Russel de dingue, d"excentrique, d'outrancier... Ce qui ne manquait pas de le réjouir. On aurait pu dire aussi flamboyant et excessif. La filmographie du cinéaste, qui s'est éteint hier à Londres à l'âge de 84 ans, reste un modèle où se téléscopent chefs d'œuvre hystérisants et séries Z foutraques.



Ken Russell obtient son plus succès avec Women in love, d'après D.H. Lawrence, en 1970. La scène la plus fameuse du film est celle de la lutte nue entre les deux protagonistes (joué par Oliver Reed et Alan Bates) dans un salon illuminé par la seule flambée dans l'âtre. Une scène aussi célèbre pour son audace homo-érotique que pour sa perfection esthétique... Et par la polémique qu'elle a suscitée...




Tchaikovsky gay
Passionné par la musique, Russell y consacra plus d'une dizaine de films, dont pas mal de documentaires. Sans jamais verser dans le biopic conventionnel et hagiographique, il dressa ainsi le portrait d'un Richard Strauss nazi, présenta Tchaikovsky, son compositeur favori, en homo marié à une nymphomane (The Music Lovers), transforma Franz Liszt en icône rock (Lisztomania). Il s'attaqua aussi à Mahler, Debussy, Wagner... Son amour de la provoc et du sexe trouvera son apogée en 1975 dans Tommy, l'opéra rock de Pete Townsend et des Who, dans lequel il parvint à réunir, excusez du peu, Eric Clapton, Oliver Reed, Roger Daltrey, Elton John, Tina Turner (ci-dessous) et Jack Nicholson...



Ces dernières années, cet ogre bon vivant qui faisait le bonheur de la presse tabloïd outre-Manche grâce à ses déclarations à l'emporte-pièce sur le cinéma en général et les acteurs britanniques en particulier, s'amusa sur le web. Il y balança quelques délires horrifiques et gothiques comme une collection baptisée The fall of the Louse Usher (littéralement La chute de Usher le nase, clin d'œil au classique fantastique La chute de la maison Usher).

Le petit gars de Southampton qui se destinait à être marin aura en tout cas vogué jusqu'au bout de ses délires.

La scène de lutte de Women In Love est à voir ou à revoir ici:



Et Pinball Wizard, interprété par Elton John dans Tommy:



Par Louis Maury lundi 28 novembre 2011