Aides répond aux polémiques suscitées par l'essai Ipergay
Aides répond aux polémiques suscitées par l'essai Ipergay
Responsable des actions de recherche à Aides, Jean-Marie Le Gall répond aux controverses provoquées par le lancement d'Ipergay, cet essai de traitement préventif chez les gays séronégatifs.
L’essai Ipergay vient d’être lancé (lire notre article). Pour que la phase pilote débute, 300 personnes devront se porter volontaires. Le profil recherché? Des gays et des transgenres ayant des pratiques qui les exposent à la contamination au virus du sida. Ils vont tester un duo de molécules réunies en un médicament (le Truvada, de la firme Gilead), avant et après des rapports sexuels anaux. Jean-Marie Le Gall, responsable des actions de recherche à l’association Aides, répond aux polémiques suscité par le lancement de l’essai.
TÊTU.com. L'essai Ipergay est présenté par l'Agence nationale de recherches sur le sida comme une première mondiale. Est-ce vrai?
Jean-Marie Le Gall. Oui, effectivement. Mais cet essai part de connaissances acquises, venant d'autres essais de prophylaxie pré-exposition, avec la même molécule. Deux choses sont totalement nouvelles: le schéma de la prise, à la demande, avant et après les rapports sexuels, et la situation géographique de l'essai, qui se déroule dans un pays du Nord. La recherche biomédicale varie selon le contexte, les gays à Paris ou à Lyon n'ont pas les mêmes modes de vie qu'à Lima ou Bangkok.
Comprenez-vous l'émotion suscitée par cet essai?
Oui, je la comprends mais j'en perçois deux versants: des gens qui attendent un nouvel outil parce qu'ils ne parviennent pas à utiliser la capote à chaque rapport; et d'autres gens qui se demandent comment cela pourra éventuellement s'intégrer aux messages et aux outils de prévention actuelle.
Selon vous, la molécule utilisée, le Truvada, reste intéressante même si elle a été au coeur d'essais non concluants?
Oui, en recherche biomédicale on a rarement d'emblée des essais qui sont tous concluants pour juger de l'efficacité d'un traitement. C'est la molécule sur laquelle on a le plus de recul, la moins toxique. Nous pensons qu'elle est efficace, nous cherchons à vérifier quel taux de protection elle apporte, dans la vraie vie, en France, dans une communauté donnée.
Les participants ont tous des conduites à risque. Cet essai ne va-t-il pas les «désinhiber»?
C'est le souci majeur des investigateurs de l'essai. Notre objectif, quel que soit le résultat, c'est d'améliorer les conduites préventives. Dans l'essai Iprex, mené en Amérique du Sud et en Thaïlande, les gays qui, avant d'entrer dans l'essai, utilisaient la capote dans 60% des cas, la portaient à 80% à la fin. Les cas de syphilis ont été traités au fur et à mesure, c'est intéressant parce qu'être porteur d'une infection sexuellement transmissible expose davantage à la contamination du VIH.
Cette molécule, si elle s'avère efficace, serait à ajouter aux méthodes de prévention existantes?
Exactement. Certains n'en voudront pas, c'est leur droit. D'autres voudront la cumuler avec la capote, certains en feront un usage occasionnel.
Pensez-vous qu'il sera facile de trouver 300 volontaires pour cette phase pilote, et 1900 en tout?
C'est la grande inconnue. D'après notre enquête de 2009 sur la faisabilité du traitement pré-exposition, 40% de répondants seraient intéressés. Lors des interventions de dépistage dans les lieux de sexe, les gays disent leur intérêt pour cette recherche. Le jour de la conférence de presse, mercredi 4 janvier, Aides a reçu une trentaine d'appels.
Si vous réunissez un nombre suffisant de participants pour débuter l'essai, comment s'assurer qu'ils seront suffisamment informés?
Comme pour toute recherche biomédicale, un comité veille au respect de l'éthique. Ce ne sera pas un médecin seul qui va donner l'information: un travailleur communautaire va l'accompagner et Aides va proposer un travail supplémentaire pour vérifier, avec un dispositif d'accueil, que chacun puisse comprendre, saisir, analyser les risques et les contraintes. Je crois que certains auront à coeur d'aider la recherche, avec l'espoir de faire baisser les contaminations au VIH dans la communauté.
Par Luc Biecq mardi 10 janvier 2012
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