L'UMP se fait remarquer au débat de l'association des parents gays et lesbiens
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L'UMP se fait remarquer au débat de l'association des parents gays et lesbiens
Samedi à Paris, l'APGL a invité juristes et partis politiques pour faire le point sur la situation des familles homoparentales. Compte rendu.
Fouilles de sa maison, longs interrogatoires, des années de procédures, Bernadette détaille son «parcours du combattant». Tous ces obstacles se sont dressés quand elle et sa compagne ont demandé une Délégation d'autorité parentale, pour assurer à cette dernière un minimum de liens juridiques avec leurs filles. Dans la salle, tout le monde connaît ce calvaire. A l'appel de l'APGL (Association des parents et futurs parents gays et lesbiens), des centaines de familles homoparentales se sont ainsi réunies samedi à la mairie du 9e arrondissement parisien. Au programme de l'après-midi: dresser un bilan juridique de leur situation et interpeller des représentants de candidats à la présidentielle.
«Un enfer»
L'état de leurs droits est vite établi. Elles n'en ont quasiment aucun et toutes évoquent «l'insécurité» dans laquelle sont leurs enfants. Le seul moyen de créer un lien officiel entre un parent social et son enfant reste l'obtention d'une Délégation d'autorité parentale. «Les règles pour l'obtenir posent plusieurs problèmes, explique Marie-Anne Bulon, vice-présidente des affaires familiales au Tribunal de Grande Instance de Paris. La jurisprudence a connu des revirements et la décision reste à l'appréciation du juge. De plus, il faut que le couple soit en accord: en cas de séparation, le parent social a peu de droits.»
Pour convaincre un juge d'accorder une délégation, l'avocat Emmanuel Perrard rappelle qu'il faut «justifier d'une stabilité conjugale, d'un projet commun, et parfois de déplacements fréquents du parent légal. S'il est absent, l'autre parent peut être confronté à des problèmes, comme une hospitalisation ou des décisions de parent d'élève, qu'il n'a pas le droit de gérer.» Autant d'éléments qui, parfois, ne suffisent pas à décrocher un sésame finalement peu précieux. La délégation n'établit aucune filiation et ne s'applique pas à toutes les nouvelles formes de parentalité, notamment quand les coparents sont plus de deux. «C'est un enfer pour faire valoir un tout petit droit et nos enfants sont marginalisés», rappelle Dominique Borel, coprésident de l'APGL.
Clémentine Autain, Front de Gauche, Véronique Dubarry EELV, George Pau Langevin PS, Dominique Versini Modem, et Camille Bedin, UMP.
Les politiques ont la parole
Seul espoir pour améliorer la situation: une évolution des lois. Convoquées par l'APGL, des représentantes de 5 candidats à la présidentielle ont ainsi exposé leurs projets. Devant une salle devenue comble et particulièrement échauffée, Dominique Borrel leur lance: «on aimerait savoir ce qu'on peut espérer et comment vous comptez vous y prendre.» Déclinant leurs programmes déjà connus, le PS, Europe-Ecologie les Verts et le Front de gauche promettent le droit au mariage, à l'adoption et à la PMA. Tous restent néanmoins frileux sur la Gestation pour Autrui.
Du côté du Modem, Dominique Versini assure que François Bayrou est devenu partisan de l'adoption par les couples homosexuels et de la reconnaissance du parent social. Le centriste bloque néanmoins sur le droit au mariage: «il est favorable à une union qui accorde les mêmes droits que le mariage mais ne veut pas peiner ceux pour qui c'est une institution porteuse de certaines valeurs.»
«Je ne suis pas experte»
Mais la star de l'après-midi aura été la trop méconnue Camille Bedin. A défaut de pointures en guise de porte-parole, l'UMP avait dépêché à la dernière minute sa Secrétaire nationale à l'Egalité des chances. Le président de l'APGL l'accueille en brandissant le Figaro Magazine du jour. Après quelques semaines de faux suspens, Nicolas Sarkozy y fait du refus du mariage homo une des pierres angulaires de son programme. «Ça commence bien», s'exaspère-t-elle. Une remarque prémonitoire, car, entre mauvaise foi et approximations, elle a eu l'air de s'appliquer à attirer rires moqueurs et huées d'une salle survoltée. «Je sais que mes convictions sont ici minoritaires mais je vais essayer de vous expliquer les positions de notre candidat», se lance-t-elle. «Il ne pose aucun jugement sur l'amour entre deux individus ni sur leur capacité à être parents. Mais nous estimons que le mariage est une conception sociale et biologique qui repose sur l'altérité sexuelle».
Elle reprend ensuite l'argument de Nicolas Sarkozy sur l'abandon de l'Union civile promise en 2007: «Il y a un problème d'inconstitutionnalité mais je ne saurais pas vous expliquer pourquoi, je ne suis pas experte». Sur le vide juridique autour des nouvelles parentalités, Camille Bedin martèle qu'il ne «faut pas complexifier les lois» et qu'il est mieux de «laisser les juges agir au cas par cas». Floue dans ses réponses, elle a préféré poser des questions à ses adversaires et s'insurger des divergences sur la GPA entre Front de gauche et PS. Une attitude qui lui a permis de récolter de nouveaux sifflets du public et de sévères remises en place de ses interlocutrices. Pas sûr que cette émissaire de choc réconcilie les homos et l'UMP...
Par Cédric Douzant lundi 13 février 2012
Source : http://www.tetu.com
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