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Hervé Morin: «L'adoption sera dans mon projet»

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Hervé Morin: «L'adoption sera dans mon projet» Empty Hervé Morin: «L'adoption sera dans mon projet»

Message par SweetAngel Lun 13 Fév 2012 - 19:32

Depuis plusieurs mois, les candidats à la présidentielle s'expriment dans les colonnes de TÊTU sur leur projet politique pour les LGBT. Jusqu'au premier tour, TÊTU.com vous propose de lire ou de relire ces entretiens sans langue de bois.


Hervé Morin: «L'adoption sera dans mon projet» Paru-dans-tetu



Numéro 164 - Mars 2011
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Hervé Morin nous reçoit dans son bureau de député à l'Assemblée nationale. Durant l'interview, assis sur un canapé, il nous est apparu détendu, souriant, et parlant sans gêne d'homosexualité, notamment en faisant référence à plusieurs de ses amis ou connaissances. Il avait à cœur de s'expliquer sur ses positions anti-pacs quand il était un des dirigeants de l'UDF. En 2007, il avait soutenu François Bayrou dans sa course à l'Élysée jusqu'à ce qu'il interrompe l'aventure entre les deux tours de l'élection présidentielle pour se rallier à Nicolas Sarkozy.

TÊTU: Lors de vos vœux, en janvier 2010, vous avez pris position pour l'homoparentalité, au nom de «l'humanisme moderne». Qu'est-ce qui vous a poussé à le faire?
Hervé Morin: Ce sont deux aventures humaines qui m'ont amené à évoluer. Deux amis, une femme et un homme, l'un et l'autre homosexuels, m'ont raconté comment pendant la procédure d'adoption, ils avaient dû planquer leur ami(e) pour éviter un rapport négatif des services sociaux. Nous sommes en pleine hypocrisie. Il faut être clair : si on considère que, pour l'équilibre d'un enfant, il faut un père et une mère, pourquoi, dans ce cas, accepter l'adoption par un célibataire? Ce qui ne sera d'ailleurs jamais remis en cause... Pour ma part, je considère qu'au nom de l'intérêt de l'enfant, celui-ci devrait pouvoir bénéficier de la double autorité parentale. Car, s'il arrive malheur à celui qui l'a adopté, cela permettrait à celui qui l'a aussi élevé de pouvoir continuer à l'éduquer, lui donner de l'affection.

Quand j'évoque ce sujet dans des réunions politiques, je vois que ça heurte beaucoup. Mais ce sont des évolutions sociétales de fond. Les sondages sont extrêmement intéressants à ce sujet. On voit bien que les tranches d'âge les plus jeunes l'admettent à une très forte majorité. C'est une question générationnelle. Quand les gens me disent qu'ils ne sont pas d'accord, je leur dis d'habitude: «Mais aujourd'hui, qui oserait manifester contre le pacs ? Qui oserait mettre dans son programme la suppression du pacs?»

Hervé Morin: «L'adoption sera dans mon projet» Morin-grand

Justement, au Nouveau Centre, vous affirmez votre fidélité à l'UDF alors que cette formation politique n'a pas, c'est le moins que l'on puisse dire, brillé par son progressisme lors des débats sur le pacs, il y a douze ans...
J'ai des souvenirs, car j'étais en campagne électorale à ce moment-là. J'ai été élu député dans une élection législative partielle, le 29 novembre 1998. À l'époque, dans les réunions politiques, j'avais des personnes âgées, dont la première remarque était: «Si vous êtes pour le pacs, je ne vote pas pour vous.» Aujourd'hui, les mêmes ont admis les choses. Donc, il faut aussi respecter la société, la communauté dans laquelle on vit, et laisser le temps aux gens d'évoluer, de faire appel à leur intelligence. Bien entendu, à un moment, le temps de la décision arrive, mais je pense qu'il faut aussi donner l'occasion aux gens d'appréhender le sujet, de le comprendre, de le digérer en quelque sorte... Moi j'étais contre le pacs, en 1998, non pas parce que j'étais foncièrement contre le pacs - je me souviens d'ailleurs de débats avec ma femme qui me disait: « Mais tu es complètement ringard d'être contre le pacs. » -, mais je l'étais parce que j'étais dans la juvénilité politique. C'était ma première campagne législative. C'était simple: il y avait les méchants qui étaient à gauche, les gentils qui étaient à droite.

L'UDF, c'était quand même le parti de Christine Boutin...
Nombreux étaient ceux qui n'étaient pas sur la même ligne qu'elle.

On ne les a pas énormément entendus...
Vous savez, c'est toujours ceux qui sont contre qui se font entendre.

Vous dites que l'adoption heurte encore. Où en sont les réflexions au Nouveau Centre à ce sujet?
Je vous le dis clairement : ce sera dans mon projet.

Vous avez déjà entamé des discussions?
Il n'y en a pas besoin. Un candidat à la présidentielle, c'est un homme face à aux Français. Et moi cela fera partie des choses que je dirai.

Plus précisément, quelle forme envisagez-vous?
Honnêtement, un candidat à la présidentielle n'a pas forcément toujours les réponses techniques et juridiques sur chaque sujet. Moi j'ai travaillé avec un certain nombre de personnes, notamment l'avocate Caroline Mécary. Elle me dit qu'il peut y avoir un premier amendement qui permettrait une délégation de l'autorité parentale. Peu m'importe la forme...

Mais appellerez-vous à l'ouverture du mariage aux couples de même sexe?
Le mariage, c'est un autre sujet.

Pour vous, c'est un autre sujet?
Oui, je sais bien qu'on me dit que c'est débile de dire ça... (Rires.) Il y a trois questions. Un, il faut une harmonisation du pacs et du mariage. Pacs et mariage doivent donner les mêmes droits. Par exemple, sur la question du regroupement familial, sur le droit à la nationalité... Deuxièmement, la question des enfants à laquelle j'ai déjà répondu. Et la troisième est d'ordre symbolique. J'ai en mémoire que le mariage à la mairie trouve son origine dans le mariage catholique, religieux. Je ne voudrais pas heurter une communauté attachée au symbole du mariage.

Ce n'est pas un argument laïque...
J'entends bien, mais nous avons notre propre histoire. La société française a des racines judéo-chrétiennes, on ne va pas les effacer du jour au lendemain. C'est comme ça. Donc, sur le mariage à la mairie, je veux que ça soit un sujet qui soit débattu dans la société française. Il y a huit pays européens qui acceptent le mariage. Des pays catholiques comme l'Espagne. Je pense que, là aussi, il y a un mouvement de fond océanique, mais il faut le faire sans heurter.

Vous avez parlé d'adoption, mais l'homoparentalité peut prendre des formes plus larges... Quid de l'ouverture de l'insémination artificielle aux couples de même sexe ? Et il y a aujourd'hui des débats, notamment à gauche, sur la gestation pour autrui, c'est-à-dire le recours à des mères porteuses pour un couple d'hommes...
Je pense que ce sont des questions de conscience individuelle... (Hésitation.)

Car vous parliez d'hypocrisie, mais aujourd'hui des couples vont à l'étranger pour avoir recours à ces pratiques...
J'ai parfaitement conscience de la porosité de la société française aujourd'hui. Mais il faut que cela soit fait avec beaucoup de vigilance. Car, dans cette affaire, on ne sait plus très bien où les choses s'arrêtent. Après, il y a «no limit». Le corps n'est pas un objet. On ne va pas au supermarché. Ce sont des sujets difficiles.

Le projet d'union civile du président Sarkozy est enterré, le projet sur l'autorité parentale de Nadine Morano également. Quels étaient les débats au gouvernement sur ces sujets?
Je n'ai jamais entendu aucun débat à ce propos! Jamais. Après, au Nouveau Centre, je constate que parmi les élus, beaucoup estiment que l'homoparentalité est une question qui mérite d'être posée.

La classe politique est quand même extrêmement prudente. Même si ça devient bien vu de se dire gay-friendly.
Moi, je ne le fais pas par mode. Moi, je vous le dis, j'étais contre, et j'ai constaté une évidence. J'en ai parlé avec mon ancienne collègue espagnole à la Défense, qui me disait que les choses se passaient très bien. Aucune étude sérieuse ne montre que les enfants élevés par des homos ne seraient pas équilibrés.

Mais je parlais du rapport des élus à l'homosexualité...
Ça a tellement évolué que vous pouvez être candidat à une élection législative en étant homosexuel et en l'affichant. Il y a vingt ans les parlementaires homosexuels - comme c'est un milieu d'hommes, plutôt - se mariaient avec une femme qui leur servait d'alibi.

Vous trouvez qu'il y a eu beaucoup de coming out?
Le meilleur coming out, c'est de vivre sa vie telle qu'on a envie de la vivre. Sans l'afficher mais sans la planquer.



Photo AFP

Par Marc Endeweld lundi 13 février 2012

Source : http://www.tetu.com
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