Des députés mexicains accusent les emballages de préservatifs de «publicité mensongère»

Ils ont déposé une proposition visant à restreindre l'accès et la promotion des capotes, notamment envers les plus jeunes.

A Mexico

En pleine campagne des élections présidentielles et législatives au Mexique, des députés du PAN, parti du président actuel, ont lancé une proposition de réforme concernant la publicité sur le préservatif. Ces députés de droite estiment que les messages sur les paquets de capotes, comme «safe sex» ou «protection totale», sont mensongers.

Publicité limitée
Pour Paz Gutierrez, à l'origine du projet de réforme, la promotion du préservatif est «incomplète, ambiguë, trompeuse et met en grave danger la santé de la population». Les députés proposent notamment de remplacer les slogans des paquets par: «la fidélité dans un couple stable diminue le risque de contracter des maladies sexuellement transmissibles». Ils entendent également limiter la promotion à destination des moins de 14 ans. Les publicités à la télévision et à la radio ne pourraient plus être diffusées qu'à partir de 22h. Leur distribution au cinéma ne se fera que dans des salles qui passent des films pour adultes.

Selon David Alvarado, président de la Fondation mexicaine de lutte contre le sida, les campagnes pour l'usage du préservatif ont démontré leur efficacité avec notamment une baisse sensible des contaminations dans les milieux homosexuels. «Nous avons des enquêtes qui montrent que le préservatif est fiable à 98%. Les 2% restants sont liés à une mauvaise conservation ou utilisation. Alors oui, on peut dire que c'est un moyen sûr de se protéger contre les MST et les grossesses accidentelles». Au Mexique, 25% des grossesses sont non-désirées et concernent des femmes de moins de 20 ans.

225 000 personnes contaminées
David Alvarado considère aussi que la proposition des députés ne fait qu'ajouter à la «stigmatisation» des jeunes dont l'activité sexuelle démarre bien avant 14 ans. «Nous avons mis en place des programmes de sensibilisation dans les écoles de la capitale. A 12 ans et demi, 87% des enfants nous ont déclaré avoir déjà eu une expérience sexuelle».

225.000 personnes sont touchées par le virus du sida au Mexique et les jeunes n'apparaissent pas suffisamment dans ces statistiques. «Pour n'importe quel test de santé, un mineur doit être accompagné par un adulte. Cela limite les dépistages. Et quand un mineur se présente seul, il est très mal accueilli et on lui fait la morale».

«Courant de droite»
Avec cette proposition de réforme, les députés du PAN accusent également les fabricants de préservatifs de «se faire de l'argent sur la santé des Mexicains». David Alvarado réfute cet argument. «Aujourd'hui, les principaux consommateurs de préservatifs sont les jeunes. Ils sont très nombreux à ne pas avoir les moyens de s'en acheter. Alors, ils s'en procurent par les réseaux gratuits de distribution».

Les ONG de lutte contre le sida jugent opportun la manière dont le PAN a mis le sujet dans la campagne. «C'est un courant de droite qui exprime clairement une idéologie et ce n'est pas anodin. Nous sommes en discussion avec des députés d'autres partis qui contre-argumentent le faux procès que l'on fait à la publicité sur le préservatif. Nous espérons que cette réforme ne passera pas».

Photo: Fotolia

Par Delphine Rigaud mercredi 30 mai 2012

Source : http://www.tetu.com