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Les lesbiennes, leur sexualité, leur santé sexuelle

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Les lesbiennes, leur sexualité, leur santé sexuelle Empty Les lesbiennes, leur sexualité, leur santé sexuelle

Message par SweetAngel Lun 11 Juin 2012 - 19:15

INTERVIEW. Pendant deux ans, la sociologue Natacha Chetcuti a travaillé sur la sexualité des lesbiennes et des femmes bi. Elle rapporte à TÊTUE ses conclusions.

Les lesbiennes, leur sexualité, leur santé sexuelle Natacha-chetcuti

La sociologue Natacha Chetcuti a mené pendant deux ans une recherche sur l'homosexualité et la bisexualité féminines et les contextes de prévention. Elle revient pour TÊTUE sur les conclusions de son enquête, publiée le 12 avril dans la revue spécialisée Journal of Sex Research, qui l'a amenée à s'entretenir avec 40 femmes de leur sexualité et de leur rapport à la santé sexuelle.

TÊTUE: Votre étude montre tout le poids des normes, surtout reproductives, dans les difficultés d'accès aux soins gynécologiques et à un bon suivi chez les lesbiennes et les bis...
Natacha Chetcuti: Oui chez les 17-35 ans que nous avons interrogées, le frein à la consultation gynécologique est lié à la question de la procréation. Dans les parcours sexuels, il peut y avoir consultation lorsque les femmes ont des rapports avec des hommes, mais lorsque les rapports deviennent exclusivement lesbiens, l'idée est répandue chez elles que la consultation gynécologique n'a plus d'utilité sauf dans le cas de désir d'enfant dans un couple de même sexe.

Les lesbiennes, leur sexualité, leur santé sexuelle Sexo-lesbo-chtc-web Les équipes médicales sont encore trop également dans ce paradigme de pensée, avec une présomption d'hétérosexualité qui accompagne toutes les questions sur le rapport à la sexualité, et celle du risque de grossesse. Je préconiserais aux médecins de poser la question avant tout de l'existence d'un partenaire, homme ou femme. Il faut permettre d'ouvrir la réponse pour ne pas s'enfermer dans cette norme hétéro reproductive.

Comment cette norme influence-t-elle les représentations des lesbiennes?
Les parcours sexuels des lesbiennes sont eux-mêmes soumis aux normes hétérosexuelles et reproductives. Ils sont très différents de ceux des gays, qui vont plus rapidement s'engager dans des parcours exclusifs avec des hommes, alors que pour les lesbiennes la sexualité est encore trop dépendante de la codification masculine de la sexualité. Il suffit de voir les tentatives d'intrusion d'hommes sur des sites Internet spécialisés pour lesbiennes et des nombreuses entrées à caractère pornographiques qui polluent la sociabilité lesbienne sur le web. Pour les gays il est plus aisé de trouver des sites associatifs, de prévention ou de rencontres spécialisés. Cela a une répercussion sur la manière même de se définir des lesbiennes.

Justement, dans les représentations de la sexualité féminine, en quoi est-ce important de sortir de la dichotomie hétéro vs homo?
Dans les entretiens menés, presque toutes les femmes, qu'elles se définissent elles-mêmes comme lesbiennes ou bis, avaient déjà eu des rapports avec des hommes. J'ai pu définir différentes catégories de bisexualités. Une bisexualité que je qualifie de contrainte, avec des femmes ayant des relations pas forcément désirées avec des hommes en début de parcours, dans une volonté d'adhérer à la norme, avant de devenir lesbiennes exclusives. Une bisexualité affective, chez les jeunes de 20 à 30 ans qui mènent des relations successives et engagées avec des hommes et des femmes. Et enfin des pratiques d'échangisme, qui ne sont qu'une séquence de la sexualité hétéro.

Les relations à la prévention et à la santé sexuelle sont différentes en fonction de la représentation de sa propre sexualité en tant que lesbienne, hétérosexuelle et bisexuelle. Les lesbiennes n'ont de manière générale pas un bon suivi gynécologique, avec des risques accrus de cancer de l'utérus, par manque de frottis réguliers. Les bis consultent plus, mais ont du mal à détailler à leur médecin l'historique de leur sexualité alternative et non monogame. De ce fait elles sont moins dépistées qu'elles ne le devraient pour des IST. Cela est particulièrement vrai chez les jeunes, avec une diversité importante de partenaires et une difficulté à l'énoncer.

Photo: Anna Dzanghiryan.

Par Noëlle Guillon dimanche 10 juin 2012

Source : http://www.tetu.com

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