Se disant «profondément choqué par ces écrits», Eddie Aït dénonce dans sa plainte auprès du procureur de la République de Versailles une «dégradation du climat politique dans cette élection législative».
«Ces dix derniers jours, le climat est devenu franchement pénible», souffle Eddie Aït. «Je ne demande que cela d'être attaqué sur le fond, sur ma gestion municipale par exemple! Mais des propos outranciers, homophobes, ça n'apporte rien, c'est même en contradiction totale avec le profil de l'électorat.»
Un e-mail homophobe
Le maire ouvertement gay de Carrières-sous-Poissy (Yvelines) est confronté depuis dimanche matin à une série d'injures homophobes. «PD de rouquin, Aït tarlouze», pouvait-on ainsi lire griffonné sur des panneaux électoraux du candidat radical de gauche. Il a déposé plainte contre X hier pour «insultes à caractère homophobe» contre ces inscriptions anonymes, mais aussi, précise-t-il à TÊTU, contre un e-mail au contenu similaire. «Avec l'aide des nouvelles technologies, la justice devrait pouvoir retrouver son auteur», espère-t-il.
«Profondément choqué» par les messages homophobes qu'il a reçus, le candidat aux élections législatives dans la 6e circonscription des Yvelines (soutenu par le PS) n'en est pas moins satisfait de l'accueil fait à sa campagne. Il n'est arrivé que bon deuxième, avec 27,86% contre son rival UMP Pierre Morange (45,23%) ce qui le place en ballotage défavorable, mais, dans sa ville de Carrières-sous-Poissy, il inverse ce score, avec 47% contre 27% pour l'UMP. «Ici, tout le monde connaît ma vie, nous dit-il par téléphone. J'effectue des visites avec mon compagnon et dans des établissements pour personnes âgées, ce sont les seniors eux-même qui me grondent de ne pas l'avoir amené!»
Plainte systématique
Alors, est-ce le bon accueil fait à cet homme politique atypique – avec son ancien camarade de parti Jean-Luc Romero, l'un des seuls hommes politiques ouvertements gays en Ile-de-France – qui a «crispé» la campagne? C'est ce qu'il pense. «Mes rivaux n'avaient jamais pris au sérieux ma candidature, pourtant depuis le redécoupage électoral, le sortant UMP a perdu plus de voix que je n'en ai gagné par rapport à 2007. En tout cas, désormais, je porterai plainte systématiquement contre les attaques homophobes», promet celui qui n'a dû y faire face qu'une fois, en début de mandat municipal, de la part un père de famille en colère.
Entre Philippe Boënnec qui parle «décadence de la société» au sujet du mariage des homosexuels et le retour de l'entente parlementaire contre l'homoparentalité, sans compter les propos entendus durant la législature précédente contre les homos ou les immigrés, la droite classique semble avoir décidément viré à l'extrême-droite… «C'est une folie, l'UMP se renie totalement, analyse Eddie Aït. Elle perd le centre, elle va perdre les démocrates chrétiens, elle finira par le payer.» Réponse dimanche dans les urnes.
Par Paul Parant mercredi 13 juin 2012
Source : http://www.tetu.com