Pourquoi GayLib sera présent à la Marche des fiertés de Paris

L'association LGBT de l'UMP prépare son char pour le défilé de samedi. Avec l'ambition d'en profiter pour être entendue par son parti, lors de la refondation qui s'annonce.

Samedi, lors de la Marche des fiertés LGBT à Paris, il faudra compter une nouvelle fois sur la présence de GayLib dans le cortège. Une présence qui n'a historiquement pas été de tout repos: depuis 2008, la voiture des homos de l'UMP fait chaque année l'objet d'attaques, de protestations ou de blocages de la part de militants LGBT qui exigeaient alors du gouvernement de faire avancer l'égalité des droits. A tel point que, pour ne pas bloquer tout le défilé, l'Inter-LGBT qui organise la marche a relégué le char de l'association vers la fin du cortège.

«Echec moral»
Mais cette année, le message que portera GayLib – «Nous assumons tous nos devoirs, nous voulons tous nos droits» – semble s'adresser autant à son propre parti qu'à la communauté homo. Car, durant la campagne qui vient de s'achever, l'association s'est démarquée de son parti et n'a pas, pour la première fois, appelé à voter UMP (lire GayLib retire son soutien à Nicolas Sarkozy: «Trop, c'est trop!»). «L'ancien Président de la République n'a pas su se poser en rassembleur de tous les Français. Cet échec moral ne pouvait que nous mener au double échec électoral que nous venons de subir», estime Emmanuel Blanc, président de GayLib (photo).

En cause, bien sûr, une double campagne électorale où les promesses de 2007 ont cédé le pas aux opinions les plus conservatrices au sein de l'ex-majorité. Rien n'était vraiment proposé aux LGBT durant la dernière élection présidentielle du côté de l'UMP. Une stratégie perdante: certains ont même parlé d'«hécatombe» pour les candidats de la Droite populaire, qui rassemble les élus UMP les plus anti-homos.

«Onze ans de militantisme»
Comme d'autres aujourd'hui, Emmanuel Blanc espère peser lors du débat qui s'annonce sur la refondation de l'UMP. «Dès le mois de février, quand Nicolas Sarkozy avait refusé l'égalité aux homos, j'avais été le premier à dire mon opposition aux valeurs de la campagne, et cela avait été très repris dans les médias. Donc on a un poids médiatique important, et on a su garder notre crédibilité», estime-t-il. Et de citer «NKM, Chantal Jouanno, Alain Juppé, Bruno Le Maire, peut-être même Copé» parmi ceux qui pourraient incarner une vision gay-friendly de la droite.

Ce sera en tout cas la dernière Marche d'Emmanuel Blanc à la tête de GayLib: après avoir fondé le mouvement en 2001 et l'avoir présidé (de façon discontinue) pendant quatre ans, il s'apprête à laisser sa place en juillet. «Onze ans de militantisme, c'est déjà pas mal, dit-il. Mais il y a aussi une grande part de déception après cette campagne. Entendre Nicolas Sarkozy parler du mariage des homos comme pouvant “brouiller l'image” du mariage, en 2012, je l'ai très mal vécu. Je crois encore aux valeurs de l'UMP, mais être contre l'égalité des droits n'en fait pas partie.»

Photo: DR (archives).

Par Paul Parant jeudi 28 juin 2012

Source : http://www.tetu.com