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Louis-Georges Tin: «Les médecins m'ont dit d'arrêter ma grève de la faim»

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Louis-Georges Tin: «Les médecins m'ont dit d'arrêter ma grève de la faim» Empty Louis-Georges Tin: «Les médecins m'ont dit d'arrêter ma grève de la faim»

Message par SweetAngel Mar 17 Juil 2012 - 19:14

L'activiste et les deux autres militants ont arrêté leur grève de la faim. Le président du Comité IDAHO, qui achève de se reposer, fait le point avec TÊTU sur son combat.

Louis-Georges Tin: «Les médecins m'ont dit d'arrêter ma grève de la faim» Lgt-fin-greveTÊTU: Pourquoi avez-vous arrêté?
Louis-Georges Tin:
Vendredi soir, vers 21h30, étant à mon domicile, j'ai été pris de vertige, je suis tombé, et j'ai perdu connaissance, pendant 20 ou 30 secondes, selon mon compagnon. Comme je n'arrivais toujours pas à me relever, il a appelé un taxi et m'a conduit jusqu'à l'hôpital Saint-Antoine. J'ai été admis aux urgences, où j'ai passé la nuit, sous perfusion. J'avais un taux de glucose de 0,5 (la norme étant plutôt entre 0,8 et 1,2), ce qui explique sans doute le malaise. Par ailleurs, selon le médecin, il y avait un risque très sérieux d'insuffisance rénale; l'équipe médicale m'a très vivement recommandé de mettre un terme à la grève. Je m'y suis résigné, en accord avec Usaam et Alexandre, qui ont également arrêté la leur. Nous avions commencé ensemble, nous avons arrêté ensemble.

Dans quel état d'esprit êtes-vous, après voir dû interrompre votre action après presque trois semaines?
C'est un mélange de tristesse et de colère. C'est une défaite, non pas tellement pour nous, qui allons bien, somme toute, mais pour les homosexuels en prison, qui sont priés d'attendre encore un peu, et risquent en effet d'attendre encore longtemps. Je crois qu'on n'a pas le même sentiment d'urgence quand on est en prison, à Doula ou à Kampala, ou quand on est confortablement installé dans son fauteuil, à Paris ou à Bruxelles… En même temps, nous avons le sentiment du devoir accompli: nous avons fait tout ce que nous pouvions humainement faire pour alerter les esprits. Il y en qui s'en lavent les mains, nous n'y pouvons rien.

Que retenez-vous de cette mobilisation?
Beaucoup de soutiens, du monde entier. En France même, de personnes aussi diverses que Rama Yade ou Monseigneur Gaillot, Bruno Wiel ou les sœurs de la perpétuelle indulgence, Didier Lestrade ou Martine Gross, Caroline Mécary ou Djamel Debbouze, Frédéric Noguier ou Stéphane Slima, etc. Ce fut un immense élan de solidarité. Malheureusement, cela n'a pas suffi, et le Quai d'Orsay continue sa petite routine, sans davantage se préoccuper des engagements du président. C'est stupéfiant!

Face aux critiques sur votre action, votre position a-t-elle évolué: la France et les Etats-Unis doivent-ils toujours mener l'action pour une résolution à l'ONU?
Il ne faut pas confondre impulsion et portage. En 2008, lors de la bataille pour la déclaration à l'Assemblée générale des Nations Unies, l'impulsion venait de la France, mais le portage fut collectif, avec de très nombreux pays du Sud, et le Jour J, c'est l'Argentine qui a lu le texte. C'est exactement la même chose qu'il faut faire aujourd'hui. A l'époque, déjà, les experts auto-proclamés avaient beaucoup critiqué la France (c'était trop tôt, il fallait laisser l'Afrique du Sud avancer, c'était risqué, etc.), mais avaient fini par admettre que cette déclaration avait été un grand succès, qui avait donné une impulsion décisive au niveau international, reconnaissant implicitement leur erreur. Mais ces mêmes experts recommencent aujourd'hui, en sombrant à nouveau dans l'immobilisme, avec les mêmes arguments qu'hier. Pourquoi?

Par ailleurs, force est de constater que, depuis le départ de Rama Yade, l'engagement du Quai d'Orsay n'est plus le même. Pour être objectif, je vous donnerai quelques chiffres. Le Comité IDAHO avait proposé la mise en place d'un fonds pour venir en aide aux associations LGBT dans les pays difficiles. Rama Yade avait accepté l'idée, et avait versé 120.000 euros pour lancer le projet. Après son départ, la contribution est tombée à 25.000 euros, et cette année encore, même après le changement de majorité, c'est le même chiffre qui a été reconduit par Laurent Fabius. Dans le même temps, Hillary Clinton a lancé un fonds tout à fait semblable, et a injecté 3 millions de dollars l'année dernière. C'est 100 fois plus que la France, exactement. Certes, il y a la crise, mais aux Etats-Unis aussi, que je sache. On peut justifier les choses comme on veut, mais ça donne un peu la mesure de la situation. Et je ne parle pas que d'argent. Cette implication d'Hillary Clinton est également visible dans tous les autres domaines de l'action dipomatique LGBT. Mais le Quai d'Orsay nous explique que la France est aussi impliquée que les Etats-Unis dans ce domaine. Mais oui, bien sûr…

Hillary Clinton partira en novembre, et je doute qu'il y ait à son poste une personne aussi engagée sur les questions LGBT. Pour ma part, je trouve absurde qu'on accepte de se priver du soutien du pays le influent du monde. Depuis trois ans, c'est une vraie course de lenteur qui est engagée au niveau international. Pendant ce temps, en prison, les LGBT crèvent toujours…

Par Paul Parant mardi 17 juillet 2012

Source : http://www.tetu.com

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