«La place des gays dans les conférences contre le sida est insuffisante»
«La place des gays dans les conférences contre le sida est insuffisante»
Alors que la conférence internationale sur le sida vient tout juste de se terminer à Washington, l'heure est désormais au bilan. Retour sur une rencontre plutôt optimiste...
La conférence internationale sur le sida de Washington vient de s'achever sur des notes optimistes. Nathan Schaefer (photo), du Gay Men's Health Crisis, la plus ancienne organisation de lutte contre le sida, en fait le bilan.
TÊTU: Pouvez-vous rappeler ce qu'est le Gay Men's Health Crisis ?
Nathan Schaefer: C'est la plus ancienne organisation de lutte contre le sida du monde, créée par sept gays (dont Larry Kramer) en août 1981. Nous avons beaucoup grandi et proposons aujourd'hui des actions de prévention et du soutien social et juridique. Plus de 11 000 personnes en bénéficient chaque année. Enfin, nous faisons du plaidoyer, c'est de cette partie dont je suis responsable depuis 5 ans.
Quelle place ont les gays dans les conférences mondiales?
Insuffisante. Une seule présentation portait sur cette question en séances plénière, même si plusieurs autres présentations plus discrètes émaillaient le programme. C'est pourquoi une conférence spécifique est organisée en amont: le forum mondial des hommes ayant des rapports avec d'autres hommes. Une formidable occasion pour les gays de se réunir, de développer un réseau, d'échanger des expériences, de se donner du courage. La situation dans de nombreux pays est très difficile, et les militants ont besoin de réconfort. Il y a beaucoup de pays où l'homosexualité est criminalisée ou taboue, et cela empêche l'accès à la prévention, au dépistage, aux traitements et à l'accompagnement. Tout le monde le dit depuis des années dans les conférences, mais la situation ne s'améliore pas. Dans beaucoup de pays, elle se dégrade.
Où en sont les Etats-Unis avec le VIH?
1,1 millions de personnes vivent avec le VIH aux Etats-Unis, dont 600 000 gays, et aussi des hommes ayant des rapports sexuels avec d'autres hommes, comme disent les épidémiologistes. Les gays africains et latinos sont la population la plus touchée. Le problème, c'est que seul 28 % des personnes vivant avec le VIH ont un virus contrôlé, car il y a un très faible accès aux soins aux Etats-Unis. Par exemple, 2030 personnes sont sur les listes d'attente des systèmes publics pour obtenir le traitement antirétroviral dont ils ont besoin. J'espère que la réforme de la santé voulue par le président Obama va améliorer la donne, s'il parvient à la mener à son terme.
Les personnes vivant avec le VIH sont-elles stigmatisées aux Etats-Unis?
Si les progrès ont été très importants en matière de traitements, ils ont été très faibles sur le front de la stigmatisation. Beaucoup de personnes ont encore peur de boire dans le même verre qu'une personne séropositive. Et encore plus de faire l'amour avec elle. Alors que, comme cela a été rappelé à maintes reprises pendant la conférence, il est désormais prouvé qu'avec une personne vivant avec le VIH traitées efficacement, avec une charge virale indétectable, le risque de transmission du virus est infime, presque impossible. Trop peu de personnes le savent, y compris dans la communauté gay. Cette information reste confidentielle, alors qu'a mes yeux, c'est un fort moyen de changer l'image des séropositifs.
Comment accueillez-vous la mise sur le marché américain des auto-tests?
Nous y sommes favorables car il y aux Etats-Unis 56 000 nouvelles infections par an et nous n'arrivons pas à dépister toutes ces personnes. Tout ce qui peut contribuer à la diversification de l'offre de dépistage est positif, car il est important que les personnes découvrent leur séropositivité le plus vite possible. C'est au début de l'infection qu'on est le plus à risque de transmettre, car on ne connait pas son statut et qu'on a une charge virale très importante, le virus étant nouveau dans le corps. Point déterminant pour nous: l'existence d'une ligne téléphonique d'information et de soutien pour les personnes qui découvrent leur séropositivité.
Par Renaud Persiaux lundi 30 juillet 2012
Source : http://www.tetu.com
SweetAngel- Admin
- Messages : 20782
Date d'inscription : 03/08/2010
Age : 44
Localisation : Seine-et-Marne
» Quelle place pour les gays dans le cinéma de Bollywood?
» «L’homophobie n’a pas sa place dans le sport», l’appel de six organisations pour lutter contre les discriminations
» L'épidémie de sida explose parmi les gays des pays arabes
» A San Francisco, les gays malades du sida victimes de la spéculation immobilière