Anne-Laure Sibon: «Être lesbienne ne m'a jamais fermé de porte»
Anne-Laure Sibon: «Être lesbienne ne m'a jamais fermé de porte»
INTERVIEW. Révélée par la «Star Ac'» en 2001, la chanteuse revient avec un troisième album, «Droit devant», trois ans après son précédent opus. Rencontre avec une artiste out et bien dans ses pompes.
TÊTUE: Comment est né ce nouvel album, Droit devant?
Anne-Laure Sibon: Après la fin du spectacle Salut Joe, je commençais à m'ennuyer et ça ne me suffisait plus de juste chanter. Je suis partie à Singapour pendant un an et demi. J'ai monté le projet de l'album Nassim Jade. J'ai aussi fait des concerts privés chez des membres de la communauté française et dans des bars d'expatriés: je me suis vraiment bien amusée! A mon retour, j'ai commencé à travailler avec une nouvelle équipe. Mais le projet n'a pas abouti, faute de trouver une maison de disque. Je n'avais plus qu'une solution: m'autoproduire.
Ça m'a donné une grande liberté. J'ai pu mettre dans ce disque des titres inédits qui avaient pas mal de succès auprès du public. Droit devant est une sorte de compilation des meilleurs morceaux que j'ai composés ces quinze dernières années. C'est aussi la première fois, dans un album, que je joue de tous les instruments, et donc que j'entends MA musique.
Regardez le clip de La Douce Vie, extrait de son dernier album:
La sortie de ton album s'accompagne d'une tournée, qui a d'ailleurs déjà commencé. Comment s'est passé ton retour à la scène?
J'ai retrouvé beaucoup de plaisir! A la fin de Salut Joe, je tournais en rond. Aujourd'hui j'ai deux métiers: je suis chanteuse et coach professionnel.
Pas trop compliqué de gérer les deux?
En fait c'est très complémentaire! Avoir fait la Star Ac' il y a dix ans a enfin de la valeur. Ça me donne une expertise, une légitimité auprès des gens que je coache. Ils se disent: «Elle a quand même fait la Star Ac' et l'Olympia!» Beaucoup de gens m'ont dit: «L'important c'est pas d'avoir fait la Star Ac', c'est ce que tu en fais.»
Une reprise live de Rolling in The Deep, le morceau d’Adèle:
Comment vis-tu le fait d'être une des rares artistes françaises ouvertement lesbiennes?
Je me sens fière d'être une référence pour aider des jeunes à se sentir mieux. Je suis toujours partie du principe que je ne faisais de mal à personne. Le fait d'être homo ne m'a jamais fermé de porte. On m'a même souvent remerciée. C'était une évidence de l'assumer, sans pour autant l'utiliser.
Comment expliques-tu le fait qu'il y ait si peu d'artistes out en France?
Sans doute le poids de l'image, de la famille… Ça peut être de la pudeur, de la peur aussi. Moi, je n'ai jamais eu froid aux yeux. Je n'aime pas mentir. Quand j'ai fait la Star Ac', trois possibilités s'offraient à moi: soit je restais évasive, soit je mentais en me faisant un mec pendant l'émission, soit je montrais qui j'étais vraiment. J'ai juste écouté mon instinct. (NDLR: Anne-Laure Sibon n'a pas fait de coming out «officiel» pendant la Star Academy, même si des «indices» ont été distillés pendant l'émission – elle a interprété Sans contrefaçon de Mylène Farmer et a pu rencontrer son idole Amélie Mauresmo. Elle avait toutefois parlé de son homosexualité aux autres participants de la Star Ac' dès les premiers jours du show. Une fois l'émission terminée, elle a révélé son homosexualité dans plusieurs interviews.)
Par la suite j'ai rencontré Caroline Fourest (NDLR: l'essayiste et journaliste française ouvertement lesbienne) qui m'a dit: «Merci, simplement en le disant tu as fait reculer l'homophobie, les gens ont pu avoir la représentation d'une jeune femme homo sur TF1.» J'aimerais qu'on soit plus nombreuses!
Plusieurs journalistes ont récemment fait leur coming out dans une tribune publiée dans Le Monde. Ils estiment qu'il s'agit d'un devoir militant. Qu'en penses-tu?
Je suis trop fragile pour être militante. Je me suis arrêtée au fait de dire la vérité et d'assumer. Ce n'était pas un acte militant: c'était simplement être moi-même dans le cadre d'une émission où j'étais exposée et mise à nue. Ma force, c'est de faire des concerts et de donner du bonheur aux jeunes lesbiennes en face de moi. Quand je suis sur scène je me donne à fond et j'essaye de leur dire: «Tu vas être heureuse, sois toi-même. Demain tu vas pouvoir te marier, être maman. Sois fière.»
Et les amours, ça va ?
(Elle éclate de rire) Oui ça va très bien! Je suis très heureuse et très amoureuse!
Droit devant, d’Anne-Laure Sibon (2012)
Elle sera en concert le 22 février au Zèbre de Belleville, à Paris.
Photos: DR.
Par Marie Slavicek mardi 14 août 2012
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