Marseille: un week-end pour sauver l’Europride de 2013
Marseille: un week-end pour sauver l’Europride de 2013
Face aux déchirements dans le monde gay marseillais, l’assemblée générale de l’organisation européenne a viré à la réunion de crise. Décryptage.
La violence marseillaise n’inquiète pas seulement le gouvernement. Trente-deux dirigeants de l’EPOA, l’Association des organisateurs de l’Europride, viennent de passer le week-end dans la Cité phocéenne pour tenter de mettre fin à une vague de règlements de compte. Ceux qui ne dépassent pas le stade des noms d’oiseaux et des rodomontades, mais qui menacent quand même l’Europride, la grand-messe européenne annuelle qui doit se tenir au pied de Notre-Dame-de-la-Garde du 10 au 20 juillet.
Officiellement, il s’agissait de l’assemblée générale de l’EPOA qui se tient traditionnellement dans la prochaine ville organisatrice. Et «ça s’est plutôt très bien passé» au goût de Gilles Dumoulin, le boss de la LGP, la Lesbian and gay parade chargée de chapeauter l’Europride. Mais en coulisses, ça a charclé. Comme toujours, il est difficile de faire la part des choses entre les deux rivaux du milieu marseillais, la LGP d’un côté, Tous&go de l’autre. Une chose est certaine: l’état-major de l’EPOA est reparti dimanche en exigeant que la LGP lui fournisse avant le 16 septembre un budget prévisionnel détaillé de l’Europride.
«L’EPOA ne peut plus faire autrement»
«Il existe mais il n’était pas affiné parce qu’on s’est concentré sur les résultats de 2012. On va le fournir sans problème», temporise Gilles Dumoulin. Bien qu’ayant officiellement boycotté le conclave, son ennemi Christophe Lopez qui, à la tête de Tous&go, a passé le week-end en contact avec ses agents infiltrés, s’insurge: «Tu parles! Ils sont incapables de fournir le moindre élément concret puisqu’ils n’ont même pas encore obtenu les engagements des collectivités dont les subventions sont indispensables au financement. Ça n’est que la flagrante preuve de la gestion catastrophique de la LGP que nous n’avons pourtant eu de cesse de dénoncer.»
Gilles Dumoulin reconnaît «des blocages» mais dans les seules collectivités où Christophe Lopez, élu de la communauté urbaine de Marseille, dispose d’un pouvoir d’influence. Quoi qu’il en soit selon lui, «pas une seule seconde la confiance accordée à la LGP n’a été remise en question par l’EPOA». En clair, son association conserve l’organisation de l’Europride. «De toute façon, à moins d’onze mois de l’événement, l’EPOA ne peut plus faire autrement. Un contrat a été signé avec la LGP. Elle seule pourrait le transférer à une autre association, à condition que celle-ci ait au moins une année de bilan pour prétendre à des subventions publiques. A Marseille, seule Tous&go, qui a beaucoup dramatisé les enjeux de ce week-end, peut y prétendre mais là, ça reviendrait à déjuger l’EPOA et s’embourber un peu plus dans le marigot», relativise un témoin du week-end.
Toutes les assos LGBT invitées à s'exprimer
Pour sauver l’Europride de la balkanisation, les instances européennes ont fait assaut de pédagogie ce week-end. A deux reprises, toutes les associations LGBT ont été invitées à s’exprimer. «Ce fut très constructif. L’EPOA a semblé entendre nos critiques, non pas sur les personnes qui gèrent l’organisation, mais sur leurs méthodes. Ils leur ont demandé de communiquer et de nous associer davantage et nous ont incité à proposer des projets», se félicite Henriette Pecoul, présidente du bar associatif Les 3G. Une organisation fédérant les associations est dans les limbes, même si la LGP rappelle qu’elle a déjà organisé à plusieurs reprises des réunions ouvertes à tous qu’a boudées le clan Tous&go, Gilles Dumoulin clame qu’il «n’est plus temps de polémiquer. Contre vents et marées, nous avançons sur l’organisation et appelons à l’unité». Et de faire miroiter une «lesbopride» ou «un grand partenariat avec Aides».
Un communiqué diffusé jeudi est de nature à le rassurer. «Nous ne participerons pas à une Europride organisée par la LGP» pour tout un tas de griefs, écrivait Tous&go, donnant le sentiment de laisser le champ libre pour ne pas ternir davantage le timide arc-en-ciel marseillais. Mais Christophe Lopez semblait y renoncer dimanche: «Soit l’Europride n’a pas lieu, soit on sera presque obligé de donner un coup de main; mais comment? Je ne sais pas. Ça paraît tellement mal parti qu’il faudrait un miracle!» Une fois encore, les Marseillais seront peut-être tentés de s’en remettre à la Bonne Mère!
Photo: Le char Europride lors de la mache marseillaise du 7 juillet (F.M./TÊTU)
Par Frédéric Maurice lundi 03 septembre 2012
Source : http://www.tetu.com
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