Qui sont les anti-mariage pour tous qui défileront ce week-end?

Sous des abords qui se veulent souriants, Frigide Barjot s'improvise pasionaria anti-mariage homo et organise demain des manifestations contre le projet de loi. Dimanche, ce sera au tour de l'institut Civitas. Revue des troupes qui défileront.

Il fallait bien deux marches pour s’opposer au mariage pour tous. Faute de s’être entendus, les anti-mariage défileront ce week-end en ordre dispersé. Dimanche, l’institut Civitas fédérera tout ce que la France compte de cathos traditionnalistes. Demain samedi, d’autres manifestations seront emmenées par la «chroniqueuse mondaine» Frigide Barjot (photo ci-dessus), qui attend 10.000 personnes au défilé parisien. Ces défilés se veulent «pacifiques», garantis sans dérapages. Ainsi, la Manif pour tous rejette «une révolution juridique et anthropologique» qui instaurerait «un nouvel ordre sexuel». Sa seule motivation serait la défense du «mariage républicain», le tout «avec le sourire» et «dans le respect des personnes».

Un plan com bien rodé
Le plan de com de Frigide Barjot est bien rôdé. Elle met notamment en avant Laurence Tcheng, de l’obscur «la Gauche pour le Mariage Républicain», et Xavier Bongibault, jeune militant UMP et lui-même homo. Le but: se poser en «surprenants opposants», favorables au Pacs, et tenter de prouver que la mobilisation anti-mariage serait large, sans haine ni caricature. La noctambule professionnelle va même jusqu’à déclarer que «les homosexuels sont une richesse pour la société», s’auto proclame «fille à pédés», et jure que sa manif combattra l’homophobie.

De quoi les faire passer pour de vilains progressistes aux yeux de Civitas, qui dénonce leur défilé, «dont l’objectif est de détourner les catholiques» de son propre cortège. Pourtant, à y regarder de près, Civitas peut se rassurer. La Manif pour tous n’a rien de révolutionnaire et rassemble les classiques du genre, religieux, pseudo laïcards anti-islam et seconds couteaux de la droite.

«Confessions d’une catho branchée»
Frigide Barjot, alias Virginie Tellène, martèle que sa seule Bible est le code civil et sa priorité la défense de la République. Pourtant, elle a fait de sa foi catholique son nouveau business. Elle est ainsi l’auteur de Confessions d’une catho branchée, livre où elle crie son amour pour le Christ et défend de toutes ses forces Benoît XVI, via le mouvement Touche pas à mon pape ou le Benoiton, qui célébrait l’anniversaire de son pontificat.

Selon nos sources, la demande officielle pour organiser la manifestation a été déposée à la préfecture par Guy Hamon. Ce psychiatre est le responsable légal de l’Union de Défense des Citoyens et des Contribuables, association dont l’objectif revendiqué est la défense de la laïcité. Concrètement, elle guerroie contre le projet parisien d’Institut des cultures d’islam, «un viol de la loi de 1905», et contre les constructions de mosquée. Dans le même genre, Frigide Barjot s’affiche aux côtés de Camel Bechikh, proche d’Alain Soral et président de Fils de France, mouvement qui veut que les «musulmans soient avant tout patriotes».



Laïcité à géométrie variable
La laïcité de ce petit groupe semble à géométrie variable: contre le mariage homo, certaines religions sont les bienvenues et ils partageront le pavé avec l’AFC (Association des familles catholiques) ou la Fédération Nationale des Associations Protestantes. Tous devront néanmoins faire profil bas. Pour apparaître tels des citoyens lambdas, les banderoles et logos seront interdits durant la manifestation.

Lors de sa conférence de presse, Frigide Barjot s’est également vantée de rassembler des personnalités de toutes opinions. Pourtant, au rayon des élus, la diversité n’est pas de mise. La liste de ses soutiens ressemble aux fichiers de l’UMP. On y croise, en vrac, le très catho Philippe Brillault, maire du Chesnay qui défend le «mariage normal», Jacques Myard, pour qui le mariage homo «est de la littérature pour bobos», Yannick Moreau, ancien collaborateur de Philippe de Villiers, ou encore Hervé Mariton. On retrouve également Roland Hureaux, essayiste et homme politique de droite, proche de Charles Pasqua, pour lequel le mari de Frigide Barjot, Basile de Koch, a longtemps travaillé. Rien qui ne devrait gêner Civitas et empêcher les deux cortèges de s’unir…

Photo: Frigide Barjot/DR.

Par Cédric Douzant vendredi 16 novembre 2012

Source : http://www.tetu.com