Synode: L’église catholique échoue à s’accorder sur un message d’ouverture envers les homos
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Synode: L’église catholique échoue à s’accorder sur un message d’ouverture envers les homos
La proposition d'accueillir les gays et les lesbiennes avec «sensibilité et respect» n'a pas rallié un nombre suffisant de voix.
La conclusion du synode sur la famille, intervenue ce samedi 18 octobre, a montré les sujets sur lesquels la frange la plus conservatrice de l’église catholique ne parvient pas à parler d’une même voix avec le reste de la communauté religieuse. Dans le document final, trois paragraphes n’ont pas été adoptés par au moins deux tiers des membres comme le veut la règle: deux concernent les personnes remariées et divorcées et le troisième porte sur les personnes «avec des tendances homosexuelles». Le fait d’évoquer l’homosexualité comme une «tendance» constituait pourtant une concession aux conservateurs.
«RESPECT ET SENSIBILITÉ»
«Quelques familles font l’expérience de compter parmi leurs membres des personnes qui ont une orientation homosexuelle, indique la synthèse du synode au paragraphe 55. À cet égard, des questions ont été soulevées sur le traitement pastoral approprié pour répondre à cette situation en se référant à ce qu’enseigne l’Église: “Il n’existe pas le moindre fondement pour assimiler ou dresser la moindre analogie entre les unions de même sexe et le plan de Dieu pour le mariage et la famille”. Néanmoins, les hommes et les femmes avec des tendances homosexuelles doivent être acceptés avec respect et sensibilité. “Toute manifestation d’injuste discrimination à leur encontre devrait être évitée”», ajoutent les responsables du synode en citant la doctrine de l’église catholique. Sur les 123 votes requis pour être adopté, ce paragraphe n’en a recueilli que 118 et 62 membres ont voté contre. Le paragraphe suivant, s’insurgeant des pressions d’organisations internationales qui feraient du chantage aux pays pauvres en conditionnant leurs aides économiques à l’instauration du mariage des couples de même sexe dans ces pays, a été bien plus populaire: sur les 183 participants au synode, 159 ont voté en faveur de son adoption.
C’est la première fois que l’église catholique se prête à un tel exercice de transparence au sujet des discussions qui l’animent en interne. Le texte final permet de retracer le chemin parcouru depuis le début du synode. Au terme de la première semaine, ce que le Vatican a finalement qualifié de «document de travail» établissait que l’Église voulait «mieux accueillir les personnes homosexuelles», évoquant «les dons et les qualités» que les lesbiennes et les gays ont à offrir. Des mots difficiles à avaler pour les conservateurs, qui ont contribué au durcissement du discours pendant la deuxième semaine.
«DIEU N’A PAS PEUR DE LA NOUVEAUTÉ!»
Même si le paragraphe 55 n’a pas été adopté dans les règles, sa publication et le fait qu’il ait reçu plus de la majorité absolue des voix lui confèrent une certaine valeur. Les efforts menés par le pape François (photo) pour une plus grande ouverture n’ont donc pas été totalement vains. Il en ressort d’ailleurs grandi puisque La Reppublica a révélé que la tentative des conservateurs de faire intervenir son prédécesseur Benoît XVI pour les soutenir a finalement échoué. Dans [url=http://press.vatican.va/content/salastampa/fr/bollettino/pubblico/2014/10/19/0772/01634.html#Traduzione in lingua francese]le sermon du pape François[/url] prononcé le dimanche 19 octobre, plusieurs phrases ont été interprétées comme des messages aux conservateurs.
«“Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu”, a déclaré le pape François, reprenant des paroles attribuées à Jésus. À la provocation des pharisiens qui, pour ainsi dire, voulaient lui faire passer l’examen de religion et le prendre en défaut, Jésus répond avec cette phrase ironique et géniale. C’est une réponse à effet que le Seigneur livre à tous ceux qui se posent des problèmes de conscience, surtout quand entrent en jeu leurs intérêts, leurs richesses, leur prestige, leur pouvoir et leur réputation. Et cela arrive de tout temps, depuis toujours. […] [Dieu] n’a pas peur de la nouveauté! C’est pourquoi, il nous surprend continuellement, nous ouvrant et nous conduisant par des chemins imprévus.»
UN PAPE QUI TOURNE LE DOS AUX CONSERVATISMES
La veille, déjà, dans son adresse aux participant.e.s du synode, il s’était réjoui des «discussions animées» qui ont émaillé le synode et a adressé plusieurs mises en garde. Il s’est prononcé contre une «rigidité hostile» tout en condamnant également un «bonisme destructeur» car laxiste. Lui-même s’est présenté comme «garant de l’unité de l’Église». «Il est pastoral, commente Élisabeth Saint-Guily, co-présidente et co-porte-parole de l’association David et Jonathan. Il souhaite accueillir tout le monde et il veut entrer en dialogue.» Quitte à se mettre à dos les plus conservateurs. Le cardinal américain Raymond Burke, particulièrement hostile à tout geste favorable en faveur des gays et des lesbiennes, va ainsi perdre sa place de préfet du Tribunal suprême de la signature apostolique. Il devrait intégrer l’Ordre de Malte, indique BuzzFeed.
Les églises locales doivent à présent deviser du document final en vue du synode des évêques qui doit avoir lieu l’an prochain et qui verra la hiérarchie de l’Église prendre des décisions. Pour que le discours de l’Église sur les gays et les lesbiennes évolue, le pape François devra toutefois s’assurer d’un soutien plus large des responsables ecclésiaux, notamment anglophones. En comparant les différentes traductions du premier rapport d’étape, BuzzFeed a ainsi relevé que la traduction en anglais avait une tonalité plus froide à l’endroit des homos. Le média voit là une façon de ne pas contrarier les participants anglophones du synode, qu’ils viennent d’Amérique du Nord ou d’Afrique subsaharienne. Élisabeth Saint-Guily aimerait que le Pape «adoucisse» aussi les cœurs des évêques homophobes en Asie et en Europe de l’Est.
«EFFET GALILÉE»
Ce synode serait-il le signe que le pape François est libéral? «Nous voulons le croire, avance la co-présidente de David et Jonathan. Certes, il s’est battu contre l’ouverture du mariage en Argentine en 2010, mais depuis il s’est laissé toucher par les témoignages de personnes homosexuelles. C’est ce qui arrive à beaucoup de membres du clergé: quand on les rencontre en privé, ils savent qu’on n’est pas différent.e.s des autres. Avec la plupart – hormis les discours affreux du cardinal Barbarin par exemple –, tout se passe bien.» Pour elle, le pape actuel «a lancé un mouvement qui avance dans le bon sens, malgré une petite défaite ce week-end, qui ne signifie pas pour autant la fin de la guerre».
L’avancée de l’église catholique est d’après Élisabeth Saint-Guily en partie entravée par «les cardinaux conservateurs nommés par Jean-Paul II et Benoît XVI». «Les choses n’évoluaient pas de leur temps, mais même avec un pape un peu plus progressiste, ce n’est pas si simple!», fait-elle remarquer en mettant également en avant «l’effet Galilée»: difficile de renier un discours qu’on a tenu pendant plusieurs siècles.
Photo Capture
Publié par Julien Massillon
Source :http://yagg.com/2014/10/20/synode-leglise-echoue-a-saccorder-sur-un-message-douverture-envers-les-homos/
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