La reine du poker, out et fière de l'être

DANS LE VESTIAIRE DES FILLES. Si, si, le poker est un sport. Ne serait-ce que parce que Vanessa Selbst le pratique. Out et piquante, cette native de Brooklyn est «la» femme en vogue sur le tour.



Certes, c'est peut-être un peu dur à imaginer. Faire le lien entre cette ambiance de tripot entre copines, de fin de soirée qui s'étire entre rasades d'eau de vie de mémé Jeanine -ou coca-sirop de fraise, selon les goûts- et enchères à coup de pièces de 2 euros (en chocolat, hein, bien sûr) et du sport de haut niveau. Et pourtant. Même si officiellement, le poker reste un jeu, les professionnel(le)s de la quinte flush militent pour une reconnaissance de leur art en tant que sport. Après tout, le bridge a bien eu droit à une démonstration dans le cadre des Jeux olympiques d'hiver de Salt Lake City en 2002!

Et s'il n'est pas encore discipline olympique, le poker mérite toutefois qu'on s'y intéresse ici. Ne serait-ce que pour Vanessa Selbst. À 26 ans, cette native de Brooklyn, ouvertement lesbienne, est en train de se faire une place fulgurante au soleil de cet univers ô combien macho. Stupeur, horreur et tremblements nous prennent d'ailleurs à la lecture de ces quelques lignes, prélude à la présentation de la joueuse sur le site Le Meilleur du Poker: «Si vous cherchez la bimbo la plus sexy jouant au poker, il faudra passer votre chemin ici. Vanessa Selbst n'est pas la plus jolie des joueuses mais c'est une des plus efficaces dans le poker de tournoi actuels.» On goûtera tout particulièrement le «mais»...

Militante LGBT et suiveuse de Jennifer Beals
Passons et concentrons-nous sur l'essentiel. C'est-à-dire sur cette fille connue sur le tour comme la «suckoutqueen». Non pas la reine du suçage, mais du suck out, ce qui au poker désigne l'art de faire perdre le favori en touchant son tirage pour gagner la main. Diplômée de Yale (comme Jennifer Beals!), où elle était présidente de la Queer-Straight Alliance, l'association des étudiants LGBT, elle a rejoint l'école de magistrature du campus connecticutais en nourrissant l'ambition de faire carrière dans le droit civil. Mais maintenant que sa passion pour le poker en ligne lui a permis de rejoindre, puis de gagner, les tables des plus grands tournois de la planète, elle a rangé pour quelques années au moins ses envies de plaider.

Non, son truc aujourd'hui, ce serait plutôt les gros gains (près de 4 millions de dollars en tournoi) et les grosses blagues pour ponctuer chaque élimination d'un adversaire. Pas toujours accueillies avec bienveillance par les intéressés d'ailleurs. Un peu dégoûtés, il faut bien le dire, de voir une femme arborer au poignet le bijou qu'ils considèrent comme le symbole de virilité par excellence: le bracelet WOSP (World Series of Poker), conquis de haute lutte en 2008.

Trouvant ce bracelet «vraiment laid», au point qu'elle l'avait égaré pendant plusieurs mois, Vanessa Selbst se fait désormais un malin plaisir à le porter et à le désacraliser devant ses pairs. Histoire de les titiller un peu plus encore. «J'ai dû dépenser 300 dollars pour le faire adapter à mon poignet», aime-t-elle ainsi à râler. C'est qu'il n'avait pas été prévu pour convenir à une femme, eh non!



Love de sa prof
Out and proud, revendiquée «garçon manqué», cela ferait-il un peu trop dans cet univers de (point trop) franche camaraderie masculine? «Tout le monde s'en fiche, affirme la championne décomplexée, et lorsqu'on me provoque c'est pour bien d'autres raisons.» Le seul problème auquel elle est confrontée, explique-t-elle, c'est à la difficulté de faire des rencontres vu son emploi du temps surchargé. C'est pour cela qu'elle s'est mise aux rencontres en ligne. Et bingo!, (aux dernières nouvelles...) elle filerait la love avec une prof d'origine britannique vivant dans l'Etat de New York.

Mais bon, la vraie question est la suivante: comment se fait-il que la ville préférée de Vanessa Selbst soit Las Vegas? Une fois, deux fois...? Les casinos? Trop évident. Non. «J'aime Vegas, dit-elle, parce qu'il y aura toujours quelqu'un pour vous accompagner faire un tennis.» Tiré par les cheveux? Oui, mais totalement recevable d'un point de vue de TÊTUE.

Photos: DR.

Par Myrtille Rambion samedi 30 avril 2011

Source : http://www.tetu.com