Lesbienne et croyante: Et si c'était possible?
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Lesbienne et croyante: Et si c'était possible?
TEMOIGNAGES. Comment conjuguer sa foi et son homosexualité? Quatre femmes nous expliquent comment leur religion a influencé -ou pas- leur façon de vivre leur vie amoureuse et sexuelle.
Peur du rejet, du jugement, de la condamnation, tiraillement entre la culpabilité et le désir, difficulté de se positionner entre les différents discours religieux... Être lesbienne et croyante peut s'avérer compliqué. Mais pas impossible. Issue d'une famille religieuse, Imène, jeune femme d'origine tunisienne qui vit en France, a du mal à s'accepter: «Je me suis longtemps interdit de vivre mon homosexualité car ma religion la dénonce comme un crime», indique-t-elle. Pour cette étudiante de 25 ans, qui déclare «avoir la foi», le déclic est venu d'un documentaire sur la vie d'homosexuels musulmans pratiquants, A Jihad for Love. «Ça a agi comme un électrochoc.»
Peu après, elle adhère à l'association des homos musulmans de France, HM2F. «Musulmane avant d'être lesbienne, il était important pour moi de savoir s'il existait des musulmans pratiquants et gays ou s'il devait y avoir une coupure entre les deux identités.» Aujourd'hui, grâce à des imams homos qui proposent une interprétation tolérante du Coran, Imène se sent mieux. Même si une culpabilité l'empêche encore de passer à l'acte: «Je veux attendre le jour où j'arrêterai de penser que c'est quelque chose de mal». Quant à sa famille, Imène a décidé qu'elle n'en saura jamais rien: «Ce serait destructeur pour tout le monde», assure-t-elle.
«Le besoin d'être heureuse est plus fort»
A 49 ans, Nathalie ne compte pas non plus parler de sa vie amoureuse à sa famille. Depuis qu'elle assume ses attirances pour les femmes, cette juive pratiquante déclare être obligée «de me cacher auprès de ma communauté religieuse: l'homophobie y est trop virulente.»
Nathalie s'est longtemps mentie à elle-même: «j'ai dû refouler mon désir à cause d'une éducation traditionaliste puis à cause de la religion». Consciente de «verrouiller doublement ses pulsions homosexuelles», elle va jusqu'à se marier. Puis divorce et rencontre enfin sa première copine. «Le besoin d'être heureuse est plus fort que tout», explique-t-elle.
La religion malmènera tout de même son couple. Nathalie met en effet un point d'honneur à respecter les prières quotidiennes, les fêtes juives, la nourriture kasher... Son amie ne supporte pas la place que prend la religion dans sa vie, et la relation échoue au bout d'un an. A l'heure actuelle, Nathalie souffre moins des non-dits -«que je gère plutôt bien parce que je n'habite chez mes parents et que je suis autonome»- que d'être célibataire.
«J'étais devenue impure à ses yeux»
Si certaines lesbiennes déguisent la réalité, d'autres préfèrent dire tout haut leur attirance. C'est le cas de Sarah (photo ci-dessus), parisienne de 28 ans, juive non pratiquante. Au collège, elle découvre son premier amour qui l'encourage, à 18 ans, et malgré son attachement au judaïsme, à faire son coming out. Aussitôt, sa mère la chasse de chez elle en lui rappelant l'«abomination» que c'est aux yeux de la Torah. «J'étais devenue impure à ses yeux. Huit ans après, elle n'accepte toujours pas.» Son père, lui, l'a mieux pris: «Il ne m'a jamais jugée mais a tenu à me prévenir des lourdes condamnations qui pesaient sur les homos en Iran, son pays natal.»
Sophie (ci-contre) est venue à la religion sur le tard. Elle ne se revendiquait d'aucune confession jusqu'à l'âge de 37 ans, où elle a une «révélation». Elle s'intéresse dès lors au catholicisme. Puis, se pose la question de son homosexualité. Quand un prêtre lui conseille l'abstinence, elle est indignée: «Il y avait un tel décalage entre l'amour de Dieu que je ressentais et ce discours en dehors de la vie!». Elle se tourne vers David & Jonathan, association d'inspiration chrétienne des gays et des lesbiennes, en qui elle trouve un discours en accord avec sa conception de la foi. A 46 ans, elle est fière d'être croyante et lesbienne. «Les deux vont dans le même sens: l'amour de soi, et celui des autres.»
Certains prénoms ont été changés.
Photos: DR.
Par Cécile Strouk mercredi 13 juillet 2011
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