La gay pride de Prague provoque l'hostilité au sommet de l'état tchèque

A quelques jours de la première gay pride de Prague, un proche conseiller du président tchèque a vivement condamné la manifestation, la qualifiant de «dérive grave allant à l'encontre des valeurs traditionnelles».



Il y a de l'eau dans le gaz à Prague. Alors que la capitale tchèque organisera la semaine prochaine sa toute première gay pride (lire notre article), un proche conseiller du président de la République Vaclav Klaus a condamné la tenue d'une telle manifestation, affirmant qu'il s'agissait d'une «dérive grave qui (allait) à l'encontre des valeurs traditionnelles».

Sur le site de la revue parlementaire tchèque Listy, Petr Hájek (photo ci-dessus), bras droit du président Klauss, déclare: «Le monde des homosexuels est un monde dans lequel la famille ne joue aucun rôle, un monde dans lequel les déviations sexuelles sont élevées au rang de vertus, l'anormalité au rang de norme et la destruction de la société au rang de saint progrès». Petr Hájek, qui proclame que les homosexuels sont des «citoyens déviants», ajoute: «L'homme blanc, hétérosexuel et chrétien est une espèce en voie de disparition dans le monde que revendiquent les participants à la gay pride».

«Les homosexuels vivent parmi nous»





Au-delà de la nature homophobe de ses propos, Petr Hájek attaque directement le maire de Prague Bohuslav Svoboda, qui a soutenu l'organisation de la gay pride. Le conseiller du président tchèque estime que cette initiative ne représente pas la vision du Parti civique démocrate (ODS) au pouvoir, dont les couleurs sont également celles de Bohuslav Svoboda. Il demande donc que le maire quitte ses fonctions.

Dans un courrier adressé au site internet CTK, Bohuslav Svoboda campe sur ses positions et affirme: «Qu'on le veuille ou non, les homosexuels vivent parmi nous et il serait ridicule de prétendre le contraire. Je m'oppose fermement à toute division des citoyens, que celle-ci soit fondée sur la couleur de leur peau, leur conviction religieuse ou leur orientation sexuelle».

Lettres de protestations
Petr Hájek n'est pas le premier à manifester son désaccord avec la gay pride de Prague, dont le défilé, point d'orgue de cinq jours de festivités, se tiendra le 13 août. Après que Bohuslav Svoboda a autorisé la manifestation, la mairie de Prague a reçu une soixantaine de lettres de protestation, dont certaines émanant du gouvernement de Vaclav Klaus et de diverses associations. Alors que des partis d'extrême droite ont annoncé qu'ils protesteraient lors du défilé, la première gay pride de Prague ne s'annonce manifestement pas sous les meilleurs auspices.

Par Jordan Grevet vendredi 05 août 2011