Mansfield Tya: «L'homosexualité n'influence rien, j'écris comme je suis et je suis homo»

Mansfield Tya revient sur le devant de la scène musicale avec un troisième album, «Nyx», du nom d'une déesse de la nuit. Interview d'un duo lesbien hors du commun.

Le nouvel opus du groupe formé par Julia de Sexy Sushi et Carla, rend hommage à la nuit, un moment que les deux artistes affectionnent tout particulièrement. Avec son rythme lancinant, ses sons sortis d'ailleurs, ses compositions expérimentales et ses collaborations originales (Marion Jdanoff, Julie Redon et Christelle Lassort), Nyx convoque un univers onirique, entre angoisse et fantasme.

TÊTUE: Nyx est le nom d'une déesse de la nuit. Pourquoi rendre hommage à la nuit?
Julia: J'aime mieux vivre la nuit. Les gens dorment, je me sens plus tranquille. Les boutiques sont fermées, les Assedic aussi. On a le droit de ne rien faire.

En octobre, vous entamerez une tournée. Mansfield Tya se découvre sur scène?
Julia: Nous avons toujours beaucoup aimé la scène. Le minimalisme qui nous caractérise y prend tout son sens. Les coups de sang y sont plus poignants.

Quelles sont vos influences?
Carla: Nous aimons les images et les échanger, Marion Jdanoff, Raum, ou ThomR pour la vidéo... Dernièrement, j'ai écouté Joëlle Léandre et découvert les pièces de Wajdi Mouawad.
Julia: J'aime beaucoup Goya, Jacques Audiard et Lars von Trier, Marguerite Duras, Corian, Sade, Edouard Levé, Crystal Castles et Michel Berger.

Les textes de l'album sont sombres, parfois apocalyptiques, souvent fatalistes...
Julia: Nous aimons évoquer un certain mal de vivre. Je n'ai pas envie de me tuer mais je n'ai pas envie non plus de chanter le bonheur.
Carla: J'aime réfléchir sur la musique, la jouer, l'imaginer, l'écouter, la regarder: le particulier doit pouvoir suggérer le général et vice versa.

Dans Xoxo et Logic Coco, vous vous adressez à une femme. A quel point l'homosexualité influence-t-elle votre musique ?
Julia: L'homosexualité n'influence rien, j'écris comme je suis et je suis homosexuelle.
Carla: Cela m'agace quand on précise que Mansfield Tya est un «duo féminin», alors que ce n'est jamais le cas pour un duo masculin.

Cet album se construit autour du classique et de l'électro. Est-ce le mariage idéal pour faire ressortir les obsessions?
Julia: C'est le mariage idéal de nos envies. Nous aimons les ritournelles, les répétitions. Je n'aime pas les couplets suivis des refrains. J'aime qu'une chose reste et me transcende la tête.

Justement, An Island in An Island est un morceau qui ne fonctionne que sur la répétition. Pour vous, la musique doit être éprouvée?
Carla: Nous essayons surtout de ne pas se laisser enfermer! Il fallait se renouveler tout en restant nous-mêmes. Nous avons passé beaucoup de nuits à penser à Nyx, à l'écrire, le désapprendre. Je digresse plus que je ne radote.

En 2012, sortira un film sur Nyx, signé ThomR (Thomas Rabillon). Pensez-vous nous en dire plus?
Julia: Je pense que le film sera en corrélation directe avec notre musique et Nyx. Nous adorons collaborer avec ThomR. Il a cette même manière de travailler que nous.
Carla: Je pense même que l'inverse se produira: que notre musique parle de son film. C'est ce mélange qui est riche, on ne sait plus qui a commencé.

Regardez leur collaboration avec ThomR:

http://vimeo.com/26275748

et quelques-uns de leurs anciens morceaux:







Photos: Rico Forhan.

Par Cécile Strouk lundi 17 octobre 2011