En Turquie, un film inspiré de la mort d'un jeune homo tué par son père
En Turquie, un film inspiré de la mort d'un jeune homo tué par son père
«Zenne Dancer» est projeté depuis quelques jours dans les salles de cinéma turques. Le film est inspiré d'un fait réel: le meurtre d'un jeune de 26 ans, en 2008 à Istanbul, tué par son propre père parce qu'il était gay.
Avec leur long-métrage, Mehmet Binay et Caner Alper espèrent lancer un grand débat sur l'homophobie et les droits LGBT en Turquie. Zenne Dancer est sorti il a quelques jours dans les salles de cinéma turques. Il met en scène trois personnages principaux: Daniel, un photographe allemand qui ne connaît pas grand chose aux valeurs du Moyen-Orient; Can, un flamboyant danseur oriental, homo, fier de l'être et soutenu par sa famille; et Ahmey, né dans un milieu très conservateur et dont la quête de liberté et le désir d'honnêteté vont le conduire à la mort...
La fin tragique de ce dernier personnage est encore plus glaçante quand on sait qu'elle est inspirée d'un fait réel: «Le point de départ, ça a été le meurtre d’un ami cher, assassiné à Istanbul en 2008 par son propre père, parce qu’il était gay», explique Mehmet Binay à CNN. Le seul tort d'Ahmet Yildiz, étudiant stambouliote de 26 ans? Il sortait avec un garçon. Sa famille aurait essayé de le «soigner», avant que le père ne finisse par l'abattre (lire notre article).
Des traitements homophobes
En Turquie, les multiples associations LGBT s'insurgent régulièrement contre des aggressions et des violations des droits humains (lire notre article). «Toutes les minorités, y compris les gays et les lesbiennes, demandent des droits. Ils veulent une reconnaissance, ils veulent être protégés. Ils veulent avoir le droit de vivre, tout d'abord, et de ne pas être tués», poursuit le co-réalisateur de Zenne Dancer.
Le film attire ainsi l'attention sur des traitements inhumains que réserve le pays à ses LGBT. C’est notamment le cas dans l'armée, où les gays peuvent être exemptés de service militaire s'ils prouvent leur orientation sexuelle. Zenne Dancer dépeint alors le processus dégradant par lequel passent les gays qui osent se déclarer: les docteurs militaires procèdent à des examens anaux, insultent les homos, exigent des photos d'ébats entre hommes en guise de preuve...
Partenaires de travail et dans la vie
Mehmet Binay et Caner Alper ne sont pas uniquement des partenaires de travail. Peu avant la projection de leur long-métrage au festival de film Antalya Golden Orange, le plus prestigieux festival de cinéma en Turquie, les deux hommes ont annoncé qu’ils formaient un couple depuis 14 ans. Caner Alper précise que sa famille était complètement opposé à ce coming out: «Ils m’ont dit que c’était du suicide pour ma carrière! Jusqu'à ce que l’on remporte cinq récompenses au festival...»
Forts du bon accueil des critiques et du monde du cinéma, les deux réalisateurs sont conscients qu’il reste encore un long travail à fournir avant d’enrayer l’homophobie dans leur pays. Selon les forces armées turques, l’homosexualité est par exemple toujours considérée comme une «déviance psychosexuelle».
Regardez la bande-annonce du film (sous-titrée en anglais):
Et un reportage de CNN (en anglais):
Photos: Sara Anjargolian/DR.
Par Mélanie Vives mardi 17 janvier 2012
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