«Le principe des ‘Nègres’ de Genet est semblable à la gay pride»
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«Le principe des ‘Nègres’ de Genet est semblable à la gay pride»
Metteur en scène ouvertement gay, Emmanuel Daumas triomphe actuellement avec sa lecture passionnante des «Nègres» de Genet partout en France. Il incarne également Malcolm dans le «Macbeth» de Laurent Pelly au TNT-Toulouse.
Emmanuel Daumas incarne tous les soirs Malcolm dans le Macbeth de Laurent Pelly au TNT-Toulouse. Dans le même temps, la troupe de comédiens béninois réunis par ce jeune metteur en scène ouvertement gay triomphe depuis un an dans les Nègres de Genet (photo). Rencontre avec un passionné qui met au cœur de son travail les classes sociales et la marginalité.
TÊTU: Pourquoi avez-vous choisi de monter Les Nègres de Genet?
Emmanuel Daumas: J’adore le principe de cette pièce. Il est semblable à la gay pride. L’idée est de récupérer le cliché de la façon dont l’autre – le dominant – nous perçoit et d’en faire des caisses pour lui présenter comme un miroir. Ensuite, il en fait ce qu'il veut. Il y a d'une part ce mécanisme intellectuel, et d’autre part une idée esthétique consistant à peindre les visages des comédiens noirs. Avec de la peinture blanche pour ceux qui interprètent des Blancs et de la peinture noire pour ceux qui jouent des nègres. J’ai voulu des comédiens originaires du Bénin, le pays qui a résisté le plus longtemps à la France, pour leur religion vaudou et leur connaissance de la transe.
La pièce date de 1955 quand même…
Même écrite pendant la décolonisation, la pièce reste très actuelle. Genet ne fait pas de théâtre politique mais du théâtre intime. Comment se voit-on? Quelle est l’image que le dominant nous renvoie? Le problème dans Les Nègres est que la pute et le truand ne peuvent pas parler d’amour. Ils sont autorisés à parler de viol et de haine seulement.
Vous aviez traité ce thème dans L’île aux esclaves…
La pièce de Marivaux traite de la difficulté d’être le dominant. Les classes sociales et la marginalité sont des thèmes qui m’ont toujours passionné. À cause de mon homosexualité, j’en suis certain. Les gens nous considèrent parfois comme des êtres inférieurs ou incompréhensibles.
Genet était-il fasciné par le corps noir?
Sans doute. Il fait dire au personnage de la Reine à la fin de la pièce: «Et maintenant, je meurs, faut-il l’avouer, étouffée par mon désir d’un Grand Nègre qui me tue».
Les auteurs homosexuels, ça vous connaît. Genet aujourd’hui et Copi auparavant avec La Tour de la Défense…
En lisant Genet, on a l’impression que les grandes folles et les pédés passaient leur temps à se taper des matelots à Pigalle. J’adore cet univers fantasmatique. Un jour, je voudrais monter Les Paravents qui est une pièce très scandaleuse. Lorsque j’ai mis en scène La Tour de la Défense, je suis parti sur une version crade, foutraque dans le style des films de Paul Morrissey dans les années 1970. J’ai le souhait de travailler sur Le Frigo et Loretta Strong de Copi, avec Nazareth Agopian, un comédien qui faisait du one man show à Marseille avant de travailler avec Elie Kakou et Elie Semoun. Une vraie folle sublime avec un sens de la répartie qui me fascine.
Vous avez mis en scène Michel Fau dans L’Ignorant et le Fou et L’Impardonnable, revue pathétique et dégradante de Monsieur Fau où il reprenait Loana, Dalida et Carla Bruni entre autres. Encore de la gaytitude!
Je voyais bien Michel Fau en folle opératique dans la pièce de Thomas Bernhard. À la suite de cette aventure, il m’a fait part de son envie de faire cette revue. Il en est l’auteur et l'interprète. Je n’ai fait que le regarder avec amour. Même avec des plumes et des boas dans le cul, il m’a avoué que c’était la chose la plus intime qu’il avait faite.
En ce moment, vous interprétez le rôle de Malcolm dans Macbeth. Qui est-il ?
Un jeune gars qui a une haute estime du pouvoir en étant totalement incapable d’assumer cette tâche. Il pense que celui qui accède au pouvoir en abuse forcément. Comment un homme avec toutes ses failles peut-il gouverner ses semblables sans devenir un monstre?
Les Nègres, le 16 mars au Théâtre de l’Atrium à Tassin-la-Demi-Lune. Du 20 au 24 au Théâtre des 13 Vents à Montpellier. Les 27 et 28 à la Comédie de Valence. Le 31 au Théâtre de Givors. Le 7 avril, à l’Espace Jean Poperen à Meyzieu.
Macbeth, jusqu’au 24 mars au Théâtre National de Toulouse.
Photos: Céline Coyac.
Par Oscar Héliani jeudi 15 mars 2012
Source : http://www.tetu.com
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