Laurel Holloman: «Après "The L Word", j'ai décidé d'arrêter d'être actrice»

L'actrice qui fut Tina dans «The L Word» est désormais peintre à plein temps. De l'Europe à l'Asie, sa cote est en train de monter, monter, monter! Pour sa toute première exposition, «Cœur libre», Laurel Holloman a choisi Paris. Et a guidé TÊTUE pour une visite privée.



Depuis l'arrêt de The L Word, Laurel Holloman a délaissé les studios, les loges, les plateaux. A 40 ans, celle qui incarnait Tina dans la série lesbienne est désormais peintre. C'est à Paris, à la mairie du 5e arrondissement et jusqu'au 21 avril qu'elle a choisi de dévoiler au public -et à TÊTUE- son exposition «Cœur libre» pour la toute première fois.

TÊTUE: La peinture et vous, c'est une vieille histoire d'amour! Racontez-nous comment cela a commencé.
Laurel Holloman: J'ai étudié la peinture à l'université puis j'ai arrêté pendant plusieurs années. À l'apogée de The L Word, j'ai fait un break de six mois. Mais à cette période, mon mari passait un Master en architecture et j'étais arrivée à saturation du monde du design. Et puis... c'est revenu. Rapidement, j'ai peint pour des œuvres caritatives et je ne me suis plus arrêtée. Avant de prendre dix-huit mois «off» pour voir si j'avais envie de faire une pause dans ma carrière d'actrice. Juste avant The L Word, j'envisageais d'arrêter la comédie, de reprendre mes études, de faire quelque chose d'autre. J'avais commencé à être actrice si jeune et je me sentais vidée. Mais The L Word est arrivé...

À quel type de voyage avez-vous envie de convier les visiteurs de cette exposition?
Il n'y a rien qui m'ennuie plus dans une exposition qu'un peintre qui se répète à l'infini dans toutes ses œuvres. J'avais envie de variété. Il y a beaucoup de pression autour des expositions, tout le monde est là à vous dire «tu dois rester dans ton style», «tu dois faire ça», «blablabla». En tant qu'actrice, je n'ai jamais voulu jouer le même rôle encore et encore, pourquoi devrais-je peindre encore et toujours le même tableau? Il y en a qui se ressemblent car ils font partie de la même famille d'œuvres, il y en a d'autres qui fonctionnent individuellement, comme Cœur libre (toile ci-dessous, ndlr), qui ne ressemble à aucune autre toile. Haunted et Wounded sont très à part. J'ajouterais que le thème de la dualité est central dans cette exposition.



Vous êtes américaine, pourquoi avoir choisi Paris pour votre toute première exposition?
On m'a également proposé des expositions à West Hollywood ou sur la Côte Est, mais quand on vous propose Paris... Paris, c'est là que l'on va! (Elle désigne la fenêtre du doigt). Regardez, là je suis en face du Panthéon et pas loin du Louvre. Les plus beaux tableaux du monde sont ici! Le jour où je suis arrivée à Paris, je suis directement allée au Musée Rodin. Ses esquisses, il n'y a rien de tel! Je suis également fascinée par Camille Claudel, son obsession pour son travail, sa folie... Et bien sûr, j'ai vu le film, j'adore Isabelle Adjani (sourire). Paris est une ville unique. L'une des plus belles au monde et j'y ai de merveilleux souvenirs depuis que je suis très jeune.

Quels sont vos endroits préférés dans la ville?
Le Musée d'Orsay, le Centre Pompidou et tellement de restaurants! (Rires). J'adore Saint-Germain-des-Prés, le Marais, le Sacré-Cœur... J'ai la chance d'avoir pas mal d'amis ici qui peuvent m'emmener dans différents endroits. Cette année, je suis pas mal venue. Et même quand je vais à Londres, j'essaie de venir une journée ou deux à Paris, c'est tellement facile. Ce que j'aime, c'est que c'est une ville à parcourir à pied. J'ai habité pendant huit ans à New York et depuis, je suis une marcheuse.

D'ailleurs, aujourd'hui, je vis à Los Angeles mais j'ai changé de vie: avant j'habitais dans les collines et je circulais en voiture, maintenant, j'habite à Venice Beach où mon atelier est à un bloc de ma maison, qui est à un bloc de l'école de mes enfants. Je me suis créé une vie à pied. Je comprends cette mentalité parisienne où vous allez à pied au marché... Pour moi, c'est la ville la plus romantique au monde.

Pourquoi ce titre, «Cœur libre»?
Il correspond à pas mal de changements dans ma vie. «Cœur libre» parce que j'ai ressenti une certaine liberté à me détourner du monde du divertissement dans lequel je ne me sentais plus très bien et pour lequel je n'avais plus autant de passion. J'étais libérée de tout ce à quoi je m'étais identifiée quand j'avais vingt ans.

Et puis, j'ai divorcé et je me suis ainsi libérée d'une relation qui avait duré neuf ans. J'étais disponible. Pour peindre et pour plein d'autres choses. J'aurais pu pleurer ces deux choses qui finissaient mais en même temps, lorsqu'une porte se ferme, une autre s'ouvre. Et c'est synonyme de liberté. Le «cœur libre», c'est tout cela: je me suis offert le droit et le temps de peindre au lieu de me dire «il faut que je fasse cette série» ou «je n'aurais pas dû refuser ce film».



Envisagez-vous de quitter définitivement le métier d'actrice?
Disons que ce qui n'était qu'une occupation est en train de devenir mon métier principal. Quand je me vois peindre, je sais que c'est ce que j'aimerais faire pour le restant de ma vie. Comme un écrivain écrit pour lui, ou un musicien compose, je peux peindre une toile pour moi, de mon côté, je n'ai pas besoin d'une équipe de vingt personnes, pas besoin qu'une chaîne de télévision m'embauche, pas besoin d'une prod de ciné. Je suis plutôt une solitaire et je l'ai appris au fil des années.

Je suis plus heureuse de passer huit à douze heures dans mon atelier chaque jour que d'attendre sur un plateau de tournage ou dans une loge. Et «mon cœur est libre» de ça. Toutes les femmes peuvent le comprendre. Laquelle ne se dit pas: j'aimerais être appréciée pour ma créativité, mon intelligence et non pas pour mon apparence? Je n'en pouvais plus.

Donc actrice, c'est fini?
Être actrice n'est pas dans mes plans en ce moment, il n'y a pas de place pour cela. Je pense que pour que je revienne à la comédie, il faudrait que ce soit quelqu'un en qui j'ai confiance qui fasse appel à moi, un ou une ami(e). Je ne dis jamais «jamais», mais là, oui, j'ai l'impression que c'est fini.

En avez-vous marre que les gens vous parlent toujours de The L Word?
Non, non! Je n'en ai pas marre, mais je suis extrêmement prudente. Je suis super, super consciente que tout cela est étroitement connecté et j'ai essayé de toutes mes forces de séparer les deux. Je ne veux pas entrer dans le monde de l'art comme cela, je veux tracer mon chemin et prouver des choses. Je vois que ce que j'ai accompli en tant qu'actrice pourrait m'aider parfois, mais aussi que cela pourrait être négatif. C'est à double tranchant.

Je suis très reconnaissante de tout ce qui m'est arrivé, mais je suis en même temps humble et très dure avec moi-même. Le meilleur compliment pour moi, c'est lorsque quelqu'un qui n'a jamais vu la série vient me dire qu'il a adoré mes tableaux. Mais c'est compliqué (sourire) parce que c'est aussi agréable lorsque des fans de la série aiment également ma peinture.»

«Cœur libre»: Laurel Holloman
Mairie du 5e arrondissement, 21 Place du Panthéon, Paris, jusqu'au 21 avril.
Entrée libre - Du lundi au vendredi 10h-18h, samedi 10h-13h.

Photos de Laurel Holloman: Myrtille Rambion pour TÊTUE
Photos des peintures: DR.

Regardez quelques toiles de l'exposition dans notre galerie ci-dessous:




«Cœur libre»


Par Laurel Holloman



And, I Love You



Blue Valentine



Coeur Libre



Enlightened



Escape



It's Irreversible



It's You, It's All For You



Memory Loss



Parent/Child



Quick Silver



Red Rain



She Burns My Eyes



Soul Pocket



Spring Forward



The Part of Me Apart From You



Untitled Green



Wounded

Par Myrtille Rambion vendredi 06 avril 2012

Source : http://www.tetu.com