Le Baiser de Marseille: analyse d'une photo déjà culte
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Le Baiser de Marseille: analyse d'une photo déjà culte
INTERVIEW. Depuis son repérage par TÊTU mardi, l'image n’en finit plus d’être partagée sur les réseaux sociaux et d’être reprise dans les médias. Comment expliquer la force de cette photo? Deux experts décryptent l’image.
La «Une» du Huffington Post français, hier soir.
«Un baiser déjà culte» selon Le Point ou Arrêts sur images, «l'une des images de l'année» pour le site belge 7sur7, «Comment cette photo devient le symbole du mariage gay» pour le Huffington Post... De la journée de mobilisation contre le mariage pour tous, organisée mardi par l'association Alliance Vita, on a surtout retenu ce très beau cliché de Gérard Julien correspondant marseillais de l'AFP. L'image a fait le tour des médias et des réseaux sociaux (lire notre article ici et l'interview des deux jeunes femmes ici) à la suite du tweet d'un journaliste de TÊTU.
Nous avons demandé à David Groison et Pierangelique Schouler, auteurs de Prises de vue, décrypter la photo d'actu, de revenir sur les raisons de ce succès.
TÊTU.com: La photo du baiser de Marseille a énormément fait parler d'elle, y compris à l'étranger. Comment expliquez-vous ce succès?
Nous avons identifié quatre éléments remarquables. Tout d'abord la composition: les deux jeunes femmes sont au centre de l'image. Elles sont entourées de toute part, comme agressées.
Ensuite il y a le contraste entre leur naturel à elles – avec des habits qui dépassent, leurs sacs, une cannette à la main – et l'aspect des militants, qui sont costumés, avec des pancartes et donc organisés. Il y a une opposition entre leur spontanéité à elles et quelque chose de construit et de pas naturel.
La troisième chose, c'est que l'on voit une opposition de couleurs. Les deux jeunes femmes sont dans des tons foncés, alors que les militants qui les entourent sont en blanc et rose. Il y a par ailleurs une inversion des couleurs qui rajoute un supplément d'âme à la photo. Le blanc et le rose sont souvent des couleurs extrêmement positives, qui symbolisent l'espoir ou l'amour, alors que le noir est associé au deuil. Là, le rapport est inversé, ça donne un effet de surprise supplémentaire.
Le dernier point, c'est le jeu des regards. Elles sont absorbées dans un baiser l'une avec l'autre, les yeux fermés. Tous les autres regards convergent vers elles. Sur la deuxième photo publiée avec un angle légèrement différent (à voir ici, NDLR), on voit bien la militante à côté d'elles, en rose, qui les regarde avec les sourcils froncés. C'est cette deuxième photo qui nous semble la plus forte, avec ce regard…
Selon certains journaux, cette photo est déjà «culte», à classer parmi des photos comme la fameuse du baiser de l'hôtel de ville... Comment expliquez-vous qu'on utilise des mots aussi forts?
Il y avait une image comme ça qui avait beaucoup circulé l'année dernière, qui avait aussi été qualifiée de culte. On voyait, lors d'une manifestation à Vancouver, un mur de policiers avec, devant eux, un couple à terre. Il se trouve que ce n'était, en fait, pas un couple. Mais visuellement, l'amour contre des forces de répression, ou des forces réactionnaires, ça donne des photos qui fonctionnent très bien et qui sont cultes. Pour la photo de Marseille, le baiser lui même ne suffirait pas à en faire une photo remarquable, il est brouillon, les vêtements dépassent... Ce qui marque, c'est ce contraste entre le baiser et les regards négatifs.
La photo a été prise lors d'une manifestation contre l'ouverture du mariage, qui comptait elle même jouer sur l'image. Il y avait toute une mise en scène avec un personnage ailé, des groupes avec hommes et femmes séparés, des vêtements colorés... Mais le buzz a été négatif. Visuellement, cette image là ne marche pas?
C'est la conjonction entre une cause et une image qui ne collent pas. Il y a plein de manifestations construites qui marchent très bien, comme quand le collectif Sauvons les riches fait semblant de braquer une banque. Dans le cas du rassemblement contre le mariage pour tous, la cause est connotée plus négativement, vue comme réactionnaire, donc on est plus à même de critiquer la mise en scène. D'autant plus qu'il y a eu cette photo, qui est comme le grain de sel qui dévoile la mise en scène. Ils ont perdu un match médiatique.
Prises de vue, décrypter la photo d'actu
De David Groison et Pierangelique Schouler
Editions Actes Sud Junior
Par Marie Kirschen jeudi 25 octobre 2012
Source : http://www.tetu.com
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