Contre l'homophobie, une fille des Barbi(e)turix fait la couv' des «Inrocks»

INTERVIEW. L'hebdo publie ce mercredi un numéro consacré à l'homophobie avec une couverture choc et engagée mettant en scène la rédactrice en chef du fanzine «Barbi(e)turix».



TÊTUE: Comment t'es-tu retrouvée en couverture des Inrocks?
Lubna: C'est la responsable du service photo des Inrocks qui m'a contactée en m'expliquant qu'ils cherchaient une brune avec les cheveux courts, pour faire un rappel à la couv' de Matthieu Charneau. Au moment où la rédaction m'a contactée, j'avais déjà eu vent du principe de ce numéro «spéciale homophobie»: ils voulaient faire une couverture choc. J'ai tout de suite été séduite par le principe, celui de marquer le coup après cette première semaine de débats à l'Assemblée.

J'ai accepté car je trouve que le fait de s'engager publiquement est un geste fort. C'est aussi une façon de dire son ras-le-bol face à la vague d'homophobie décomplexée à laquelle on assiste depuis quelques mois. Du parlementaire UMP dans l'hémicycle à Madame Tout-le-Monde dans la rue, chacun y va de son petit amalgame. Un coup c'est la pédophilie, une autre fois c'est la zoophilie ou l'inceste... Personne n'a l'air de réaliser que l'homophobie n'est pas une opinion mais un délit!

As-tu ressenti personnellement ce climat d'homophobie ambiant?
En l'espace de deux mois j'ai été victime de deux agressions verbales homophobes - on s'est fait traiter de «sales gouines» à deux reprises avec ma copine en sortant de soirée - alors que ça faisait un bon moment que je n'y avais pas eu droit. Que ce soit dans la rue ou dans les médias cette ambiance nous accompagne partout. La question du mariage homo est un sujet un peu touchy: dès qu'on en parle (que ce soit au travail, en famille ou avec des copains) on craint la réaction des autres.

Le chemin à parcourir pour une banalisation de l'homosexualité est encore long. Le mariage va bien sûr être un grand pas en avant, mais je ne veux pas me réjouir trop vite. Le combat est loin d'être terminé: il reste encore celui pour la PMA. Jusqu'à présent je me disais que les «antis» n'étaient pas représentatifs des Français (les sondages nous disent que 63% des Français sont pour). Mais, en parlant aux gens autour de soi, on se rend compte que l'homophobie reste très prégnante. Si ce n'est pas de la haine, c'est du moins de l'ignorance et du dégoût.

Tu es rédactrice en chef du fanzine Barbi(e)turix: quels projets avez-vous dans les mois qui viennent?
On prépare une soirée à la Machine du Moulin Rouge pour le 8 mars à l'occasion de la journée des droits des femmes. Il y aura l'artiste berlinoise Kim Ann Foxman et Claude Violante qui chantera en live. On aimerait aussi faire venir des stands d'associations féministes... Ce n'est pas encore sûr, on est en pleine préparation. On profitera aussi de cette soirée pour lancer une nouvelle version du site des Barbi(e)turix.

Par Marie Slavicek mercredi 06 février 2013

Source : http://www.tetu.com