«Habemus Gaga»: l'Europride à Rome avec Lady Gaga contre l'homophobie

Des centaines de milliers de personnes ont défilé à Rome pour l'Europride, suivie d'un mini-concert avec Lady Gaga, pour clamer leur opposition aux interdits du Vatican et leur colère contre l'Italie «rétrograde» de Silvio Berlusconi.



«Je veux dire au monde, à l'Europe, et surtout à toute l'Italie, qui est un peu fermée, que nous avons le droit d'être traités comme des êtres humains», déclare Nikita, 22 ans, portant une robe argentée et des talons hauts. Elle est alors au centre d'une foule de centaine de milliers de personnes venues samedi défiler pour l'Europride, qui a lieu cette année dans la capitale italienne.

«Personnes différentes, mêmes droits», «Egalité et droits de l'homme pour tous!», «Aimer est un droit humain», pouvait-on lire sur les banderoles au milieu du cortège. Sous un grand soleil, les participants – de 300.000 à 500.000 selon la police, 400.000 selon les organisateurs –, dansaient autour d'une quarantaine de chars, dont un petit train transportant des «familles arc-en-ciel», des parents gays et leurs enfants.



«Papa no, Gaga si»
Plusieurs brandissaient des pancartes avec la coupole de la basilique Saint-Pierre de Rome barrée d'un grand NO ou proclamant «Papa no, Gaga si». Allusion aux scandales pédophiles qui secouent l'Eglise catholique, un faux évêque perché sur des échasses avait un poupée accrochée au bas ventre

Le Vatican juge que l'homosexualité est un comportement «désordonné» et que l'acte homosexuel est un péché. Le pape Benoît XVI fait régulièrement pression contre les lois accordant davantage de droits aux gays en matière de mariage et d'adoption.

«Judas» non grata
Lady Gaga devait adresser un bref message dans la soirée devant la foule rassemblée au Cirque Maxime, à deux pas du Colisée. Et interpréter une chanson, sans doute le titre de son dernier album Born this way, qui célèbre la diversité.

Plusieurs personnalités politiques catholiques ont appelé Lady Gaga à ne pas faire de provocation à l'égard du pape. «Le monde gay ne se sent pas représenté par quelqu'un qui réalise des vidéos qui offensent Jésus», a dit Rocco Buttiglione (centre-droit), vice-président de l'Assemblée, dans une allusion au clip de Judas de la chanteuse.

Alemanno gay-friendly?
En revanche, les dirigeants de deux partis d'opposition – «Italie des valeurs» et «Gauche, écologie et liberté» – participaient au défilé, de même que le chef de la CGIL, premier syndicat du pays, Susanna Camusso.

Le maire de Rome, Gianni Alemanno (droite), a adressé un message vidéo aux participants: «Notre cité est hospitalière et ouverte à tout le monde». L'ancien néo-fasciste estimait pourtant en 2008 que la gay pride relevait de «l'exhibition sexuelle»…

Pour les organisateurs de l'Europride, l'Italie est l'un des pays d'Europe les plus en retrait sur les droits des homosexuels. Un projet de loi contre la violence homophobe n'a jamais vu le jour et aucun texte n'autorise les unions civiles, homosexuelles ou pas.

Chasser Berlusconi
Paolo Patane, qui dirige le groupe militant italien Arcigay, espère que la parade pourra contribuer à «chasser» le gouvernement de droite de Silvio Berlusconi, déjà affaibli par une récente déroute aux élections municipales.

Vladimir Luxuria, transsexuelle et ancien député, qui ouvrait le cortège coiffée d'un serre-tête à plumes chamarées, estime quant à elle que «ce Parlement est homophobe, de la tête aux pieds, et nous avons un Premier ministre casseur de pédés».

L'an dernier, interrogé sur ses propres frasques sexuelles, Silvio Berlusconi avait lancé: «mieux vaut être passionné par les jolies filles qu'être gay». Une saillie qui avait aussitôt inspiré un autre slogan imprimé sur des affiches et des tee-shirts: «Mieux vaut être gay qu'être Berlusconi!»

Texte et photo: AFP.

Par Rédaction (avec agence) samedi 11 juin 2011

Source : http://www.tetu.com