Quand la géographie s'intéresse aux lesbiennes
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Quand la géographie s'intéresse aux lesbiennes
Une nouvelle génération de chercheurs modernise la géographie, notamment en lui désignant des sujets d'étude comme l'homosexualité. Rencontre avec Nadine Cattan, directrice de recherche au CNRS, qui a travaillé sur les lesbiennes.
Ouvrir la géographie à de nouveaux objets comme l'orientation sexuelle? C'est le travail effectué par certains chercheurs. La géographie de l'homosexualité propose une manière originale de réfléchir sur les vies homosexuelles, sur le fonctionnement de la «communauté gay». Nadine Cattan, directrice de recherche au CNRS, laboratoire Géographie-Cités, répond à nos questions sur la géographie lesbienne.
Quelle est la spécificité de la géographie lesbienne par rapport aux gays?
La localisation des commerces et des lieux de festivité lesbiens correspond à des logiques spatiales qui sont plus diffuses, éphémères et en réseau, que vraiment territoriales, attachées à un lieu précis. Depuis 2000, des soirées lesbiennes d'un nouveau genre fleurissent dans l'espace parisien, et leur fonctionnement repose sur un principe de diffusion par le réseau social, à la fois informel et structuré. Le Marais n'occupe pas une place centrale dans ces logiques. Cette distance par rapport au Marais tient à la capacité des lesbiennes à investir des lieux variés, en particulier parmi les plus valorisés, à la fois dans les beaux quartiers de l'Ouest parisien, et dans des quartiers aux avant-postes du front de gentrification.
Vos travaux remettent en question le mythe de l'invisibilité lesbienne...
La visibilité des lesbiennes est assurément moindre que celle des gays. Toutefois, les lesbiennes n'en construisent pas moins des territorialités alternatives, qui participent d'un renforcement de leur visibilité. Au-delà du faible nombre de bars lesbiens identifiables, les soirées lesbiennes tissent un réseau de lieux certes éphémères, mais à travers lesquelles les lesbiennes se ménagent un accès à la ville et renforcent la formation d'une «identité» lesbienne. Le très grand succès de ces soirées, rassemblant 400 à 700 femmes, remet en question l'argument classique relatif à la faible propension des lesbiennes à sortir, que ce soit pour des raisons financières ou à cause de l'intériorisation de comportements genrés moins extravertis.
Qu'est-ce que la géographie apporte aux études sur le genre ou la sexualité?
On sait peu de choses sur la manière dont se négocie la place de chacune et de chacun dans l'espace, et inversement sur la prise en compte de la diversité sexuelle ou de genre dans la fabrique des territoires. Spatialiser le genre et les sexualités, c'est dire combien les lieux comptent et interviennent dans la construction des identités genrées. C'est dans l'espace public que se cristallisent les plus fortes tensions pour garantir un droit à la ville pour toutes et tous.Ce texte a été publié avec d'autres interviews de chercheurs sur la géographie gay.Par Geoffroy de Lagasnerie vendredi 14 octobre 2011
Numéro 169 - Septembre 2011
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