Akouphën: «Aujourd'hui, être une artiste lesbienne est à la mode!»

INTERVIEW. Le duo Akouphën sort son deuxième album. Au chant et aux textes, l'ancienne numéro un mondiale de roller slalom, Chloé Seyrès. Faites connaissance avec cette jeune artiste ouvertement lesbienne, mi rockeuse, mi rollergirl!

Et une jeune artiste française ouvertement lesbienne de plus, une! Chloé Seyrès (photo ci-dessus) a de multiples cordes à son arc. Ancienne numéro un mondiale de roller slalom, elle a contribué à l’honorable parcours des Bleues à la première Coupe du monde de l’histoire du roller derby l’hiver dernier. Aujourd’hui installée à Paris, elle gagne sa vie en tant que traductrice, parallèlement bien décidée à relancer son parcours musical après l’avoir longtemps mis entre parenthèses.

Son groupe, le duo Akouphën pour lequel elle écrit et chante, vient de sortir son deuxième album, auto-produit cette fois. TÊTUE a voulu en savoir plus sur cette artiste-sportive au large sourire. Chloé nous rejoint patins aux pieds…

TÊTUE: Comment es-tu arrivée au sein d'Akouphën?
Chloé Seyrès: J’ai débarqué dans le groupe – qui à l’origine était un collectif bordelais – en 2005 à l’âge de 18 ans, j’y ai apporté une petite touche rock'n'roll! A l’époque j’étais ultra fan d’Elvis Presley… Puis il y a eu quelques changements, je suis partie à Paris car j’avais une carrière dans le patin qui m’attendait, j’ai préféré faire une pause avec le groupe. Akouphën a continué à vivoter pendant un an et demi avant de battre de l’aile. En 2010, Jean alias TBJ (à droite sur la photo ci-contre), qui en est le membre fondateur m’a dit: «Ça te dit qu’on recommence?»

Comment as-tu l’habitude de présenter votre musique?
C’est du rock électro. Aucun instrument n’est réel, tout est composé via un ordinateur. Après, on touche à un large panel de styles musicaux, il n’y a pas que du rock. Notamment sur ce deuxième album, on s’est pas mal amusé avec le style pop, et on a aussi surfé sur la vague dubstep. TBJ s'occupe du mix - la composition instrumentale, l'enregistrement et le mixage - et moi de l'écriture, du chant et de la ligne mélodique.

Sur cet album, tu as écrit quelques textes qui parlent d’homosexualité…
Oui, il y a par exemple la chanson Game Boy. C’est l’histoire d’une petite Game Girl toute mignonne qui recherche un petit Game Boy pour s’amuser, mais ce dernier n’arrête pas de refuser ses avances. Elle, en désespoir de cause, se débranche et meurt car elle n’a plus de batterie. Et on apprend après que le petit Game Boy était gay! Il y a aussi la chanson Catch 22. Ou encore No Manual, qui est un morceau qui dit qu’il n’y a pas de manuel dans les relations humaines. De manière générale, j'essaie toujours de présenter les choses subtilement, puis il suffi d'une ligne pour débloquer une toute nouvelle lecture.

Dans votre dernier clip on te voit très rock. Cuir et piercing… C’est ton style au quotidien?
Je suis un peu moins rock d’habitude. Parce que le gros cuir c’est pas très pratique et je préfère quelque chose de fonctionnel. Mais au fond de moi je suis une rockeuse oui!

Tu lies ta passion du rock et celle du roller avec ton nom de roller derby, qui est Kozmic Bruise. Pourquoi avoir choisi ce surnom?
Oui, c’est en fait un petit hommage à Janis Joplin! J’ai détourné le nom d’un de ses titres, qui s’appelle Kozmic Blues.

Tu te souviens de tes premiers pas en roller? Tu avais quel âge?
J’ai commencé quand j’étais gamine, je devais avoir trois ans, avec mes Fisher Price. Tu sais les jaune et bleu, avec les roues rouges! J'ai eu une période street au collège, avant de tomber nez à nez avec une démo de slalom et d’en tomber amoureuse, en 2001. J’en ai fait d’arrache-pied pendant dix ans! Cette discipline était toute nouvelle et je suis arrivée au top niveau, j’ai été numéro un mondiale de toutes les disciplines de slalom, j’ai voyagé partout dans le monde pour faire des compétitions. J’ai raccroché en 2011 et je me suis ensuite intéressée au roller derby et à la rollerdance, deux disciplines en quads.

Est-ce qu’il est correct de dire que parmi les filles qui pratiquent le roller derby, beaucoup sont fans de rock?
Certaines jouent dans des groupes de rock même si ce n’est pas la majorité. Mais il est vrai que ces deux cultures sont extrêmement liées! On retrouve par exemple beaucoup de rollergirls aux concerts de rock, pas forcément comme artistes mais comme organisatrices ou spectatrices.

A quand un girls band de rollergirls?
(rires) Y’a plus qu’à!

Il y a de plus en plus d’artistes ouvertement lesbiennes. Est-ce que tu penses qu’il existe encore un tabou autour de ça aujourd’hui?
Au contraire, je trouve que beaucoup d’artistes qui ne sont pas forcément lesbiennes jouent la carte de la lesbian attitude parce que ça fait vendre. Je pense qu’il y a un effet de mode en ce moment!

Eleven, de Akouphën (disponible ici et ici).

Photos: Lightpunk/DR.

Par Mélanie Vives jeudi 12 juillet 2012

Source : http://www.tetu.com