TEMOIGNAGE. Le Maryland, dans l’est des Etats-Unis, a tout récemment légalisé le mariage pour les couples de même sexe, ce qui fait le bonheur de Rene et Lauren, couple parent de la petite Lilian. Même si elles déplorent qu’une fois mariées leurs droits «cesseront dès la frontière de leur Etat franchie»…
«Nous sommes une famille comme les autres», disent, tout en s'affairant en cuisine, Rene et Lauren: les deux jeunes femmes sont homosexuelles, mères et bientôt mariées, un droit nouveau dans l’Etat du Maryland qu'elles voudraient voir étendu à tous les Etats-Unis. «C'est fantastique! On va bientôt être mariées», se réjouit Rene Watkins, une petite brune de 28 ans, tout en commençant à préparer un gâteau avec Lillian, 26 mois, qui vient de décider de le «mélanger» elle-même.
Bientôt officiellement mariées
Rene Watkins vit avec Lauren Debelius, 30 ans - rencontrée il y a dix ans quand toutes deux étaient étudiantes - et leur fillette Lillian dans une petite maison de la banlieue de Baltimore, dans le Maryland. Cet Etat tout proche de Washington est l'un des trois, avec le Maine (nord-est) et celui de Washington (nord-ouest), à avoir approuvé par référendum le 6 novembre dernier la légalisation du mariage pour tous (lire notre article). Et la Cour Suprême, la plus haute juridiction américaine, pourrait se saisir prochainement du dossier, ce qui suscite l'espoir des associations LGBT que le mariage pour les couples de même sexe puisse un jour être légal dans tous les Etats-Unis.
Rene, qui travaille pour une association, et Lauren, agent d'assurances, avaient organisé, en 2006, une «cérémonie d'échange de vœux». Mais dès l’an prochain, elles seront mariées officiellement cette fois, comme la loi qui entrera en vigueur le 1er janvier 2013 le permet.
«Nos droits s’arrêtent à la frontière du Maryland»
«C'est important pour nous et pour notre famille», affirme Rene. D'autant plus que «le mariage permet une protection du couple. C'est un énorme avantage», dit-elle. Davantage encore pour la famille que les deux femmes forment désormais avec leur fille, conçue par insémination artificielle d'un donneur anonyme et portée par Rene: «Jusqu'à la naissance de Lillian, Lauren n'avait légalement aucun droit sur elle. Il a fallu qu'on passe par une procédure d'adoption, prendre un avocat, faire des testaments... et aller voir un psychologue!»
Pour leur prochain enfant, «Lauren n'aura pas à adopter. Nos deux noms seront sur l'acte de naissance», dit Rene, qui évoque également les déductions d'impôts pour couples mariés ou la reversion d'une assurance-vie. Mais «nos droits cessent dès la frontière du Maryland franchie», regrette Lauren, qui raconte que sa «mère vit dans l'Etat voisin de Pennsylvanie. Si Rene doit y être transportée aux urgences, aux yeux de la loi locale, je ne suis pas membre de la famille et je ne peux pas lui rendre visite».
Casse-tête
C'est bien le casse-tête auquel se trouvent confrontés dorénavant les couples mariés de même sexe - estimés à quelque 130.000 - dans les Etats où le mariage pour tous est ou va être légal (Maryland, Maine, Washington, Connecticut, Iowa, Massachusetts, New Hampshire, Vermont, New York et la capitale fédérale Washington). Pour cette raison, Rene et Lauren seraient ravies de voir la Cour Suprême se saisir du dossier. Selon un sondage de l'université Quinnipiac publié aujourd'hui, un nombre croissant d'Américains (48%, après 36% en 2008) se disent favorables au mariage pour tous, tandis qu'ils sont moins nombreux à s'y opposer (46%, après 55% en 2008). «Voir le mariage homo étendu au pays tout entier, ce serait très important pour les gays et les lesbiennes», dit Lauren. Nous avons des amis homos qui vivent dans le Wisconsin», ajoute Rene, où «ils peuvent être mal vus et n'ont pas les mêmes protections. Alors que le Maryland est progressiste. Nous y sommes une famille comme les autres».
Tabatha Kamman, hétérosexuelle, mariée et maman du petit Cooper, 27 mois, est l'une des amies du couple: «Les gens disent généralement ‘‘Tiens, Lillian a deux mamans’’. Ensuite ils disent ‘‘C'est cool!’’. Et la conversation ne va pas plus loin que ça!» «Elles veulent la même chose que nous», renchérit Mia Capen, maman de la petite Camilla: «Avoir une belle vie et gâter leur enfant».
Photo: capture d'écran.
Par Rédaction (avec agence) mercredi 05 décembre 2012
Source : http://www.tetu.com