Rikslyd: «J'ai l'impression que le public queer me comprend mieux»

INTERVIEW. L'artiste queer norvégienne vient de sortir un deuxième album sur lequel elle chante notamment une ode à la bisexualité. Son univers musical? Une électro sexy, inclassable et planante…

Après Milkymee et Mensch, le label lesbian-friendly Tsunami Addiction n'en finit plus de découvrir des femmes de talent. Diis Paradiis, DJ parisienne aussi connue sous le nom de Rikslyd et que TÊTUE avait déjà rencontrée en 2009, nous offre un 2e album éclectique. Un mélange d'électro sexy et de rythmes planants, le tout parsemé de musique world.

TÊTUE: Ton 2e album s'appelle Ecotone (visuel ci-dessous), ça veut dire quoi?
Rikslyd: C'est la transition entre deux paysages, par exemple la forêt et l'herbe, transition qui peut donner lieu à un contraste ou au contraire une fusion. Ça marchait bien avec la manière dont j'ai assemblé les titres de mon album, il y en a qui évoquent la nature, d'autres qui sont presque mécaniques. On y trouve plusieurs styles: house, trip-hop, ambient et world. Tout le monde peut trouver un morceau qu'il aime bien!

La chanson Hot Boys est-elle une ode à la bisexualité?
Oui, bien sur! C'est le fait que quand on se sent bien, quand on est dans une soirée par exemple, on soit ouverte aux bonnes énergies que les gens peuvent nous donner, quel que soit le sexe, homme ou femme.

Regardez le clip de Hot Boys:



Ta compagne, Josefin Gligic, apparaît dans le clip. Tu collabores souvent avec elle?
Oui, elle joue également dans le clip d'Amisexy. On a aussi posé ensemble pour la photographe canadienne Camille McOuat. J'adore travailler avec elle, c'est une coiffeuse styliste donc elle a un bon sens artistique. Je crois qu'on va faire beaucoup de projets ensemble.

Est-ce que tu as l'impression de faire partie d'une culture lesbienne?
Les gens me comparent souvent à Peaches ou à Miss Kittin, juste parce que ce sont des femmes fortes qui font de la musique électro, mais à part ça on n'a pas grand-chose à voir! Miss Kittin peut-être davantage, mais en fait je n'ai jamais écouté un de ses albums. Je dois connaître deux morceaux d'elle, c'est tout (rires)! Donc non pas vraiment, j'aime bien jouer avec l'ambiguïté dans mes paroles ou certains clips comme Amisexy, mais je fais attention à ne pas être trop explicite, je veux que ma musique parle à tout le monde! Même si parfois, j'ai l'impression que le public queer me comprend mieux.

Découvrez le clip de Amisexy ci-dessous:

http://vimeo.com/51449717

Les clips que tu réalises avec le collectif House of Drama, comme celui de Techno Club, ont une esthétique très queer, non?
Oui, là c'est sûr qu'on est plus direct mais ce n'est pas moi qui décide, je me laisse embarquer dans leur univers. Le clip de Techno Club, c'est un hommage à l'artiste Pierre Molinier, ce sont des images très fétichistes.

Que penses-tu de la scène électro française qui se mobilise pour le mariage pour tous avec le Tumblr «Fight for Uour Right to Marry»?
C'est cool! J'ai autant d'amis hétéros que d'homos et c'est important que mes amis hétéros soient là pour moi aussi. Et finalement, j'ai peut-être plus envie de me marier qu'eux (rires)! Si j'étais méga connue, je prendrais la parole sur le mariage gay parce que c'est extrêmement important. Ça me semble fou que la France n'arrive pas à passer cette loi sans douleur, il y a déjà eu tellement de drames, c'est difficile de ne pas enrager.

Ecotone, de Rikslyd (Tsunami Addiction).
L'artiste mixe régulièrement à Paris, les prochaines dates sont à retrouver ici.

Le clip de Techno Club:



Photo de Rikslyd: Anthony Lycett/DR.

Par Lou Verpillon mardi 22 janvier 2013

Source : http://www.tetu.com