Jour J pour le mariage de Vincent et Bruno à Montpellier

A 17h30 aujourd'hui, et en direct sur internet, aura lieu le premier mariage officiel d'un couple gay en France. Un avancée très médiatisée qui apaisera, on l'espère, des mois de tensions autour du mariage pour tous.

Vincent et Bruno et leurs familles, devant une jungle de caméras, lors d'une conférence de presse ce matin.

Vincent Autin, 40 ans, et Bruno Boileau, 30 ans, en couple depuis bientôt sept ans, veulent croire que cette union, qui sera célébrée mercredi à 17h30, onze jours après la promulgation de la loi Taubira, calmera enfin les tensions. «Car après la haine, il est temps de parler d'amour», disent-ils. Dimanche, de 150.000 à un million d'opposants ont encore manifesté à Paris dans une ultime démonstration de force émaillée d'incidents.

Hier, dans ce contexte de crispation, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault avait apporté son soutien à Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes, qui sera présente à la cérémonie «par amitié», «en dehors de ses fonctions officielles». Ce matin, elle s'est dite «fière» de cette loi, mais a tenu à réaffirmer qu'elle venait «à titre privé», par des moyens «évidemment privés». Venue en septembre dans le cadre de sa mission de lutte contre les discriminations, elle avait proposé aux deux hommes d'être les premiers mariés homosexuels.

De l'ordre de l'intime?
Dominique Bertinotti, la ministre de la Famille, dont la présence avait été annoncée, a préféré en revanche rester à l'écart d'une cérémonie «de l'ordre de l'intime». Elle souhaite l'«apaisement» après les mois de tumulte. Vincent Autin a dit «ne pas avoir de regrets» quant à cette absence. «Je n'ai invité que la famille et des amis», a dit le président du Lesbian and Gay Pride Languedoc-Roussillon. «Je ne vois pas pourquoi ils (les politiques, NDLR) devraient être là», a renchéri Bruno Boileau.

Environ 500 invités, dont 200 proches du couple, sont attendus. Le porte-parole de l'Inter-LGBT, Nicolas Gougain, vient pour un «mariage comme les autres», avec une «pointe d'émotion en plus». Plus de 230 journalistes et techniciens de médias ont été accrédités, pour Al Jazeera, CNN, TV Rossia 1, des journaux japonais, britanniques, suisses... Les futurs mariés estiment que ces multiples passages devant les caméras leur permettent de faire passer un message de tolérance et d'égalité.

«Je ne veux pas de barnum»
La maire PS de Montpellier Hélène Mandroux, en pointe sur ce sujet depuis des années, entend privilégier la simplicité: «Je ne veux pas de barnum. Je ne suis pas people. Je suis dans les valeurs. Ce moment doit être un moment respectueux de l'événement.» Dans son discours, l'élue s'appuiera sur un texte de Voltaire pour prôner la tolérance. A ses yeux, les adversaires du mariage gay sont «les exemples mêmes de l'intolérance». En la matière, le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a déclaré sur i-Télé qu'il souhaitait «incriminer davantage par la loi le discours et les actes homophobes».

Pour la cérémonie proprement dite, les formules retenues seront traditionnelles. «Vincent Autin, voulez-vous prendre pour époux Bruno Boileau?», «Bruno Boileau, voulez-vous prendre pour époux Vincent Autin?», demandera Mme Mandroux. Lorsqu'ils auront répondu «oui», elle déclarera alors: «Je vous déclare unis par les liens du mariage».

«Le plus normalement possible»
La célébration aura lieu dans la «salle des rencontres», choisie au détriment de la salle des mariages, trop petite. Par mesure de sécurité, la retransmission sur écrans géants envisagée sur le parvis a été annulée. Elle se fera en direct sur le site internet de la mairie.

Une réunion consacrée à la sécurité s'est encore tenue ce matin, mais les autorités n'envisagent pas de transformer en bunker la mairie, restée ouverte au public mercredi. «On veut que tout se passe le plus normalement possible», a insisté le directeur de cabinet de la préfecture, Frédéric Loiseau, selon lequel «il n'y a eu aucune menace précise».

Escadron de gendarmes
Entre 50 et 100 policiers devaient être mobilisés et un escadron de gendarmerie mobile – 80 hommes – placé en réserve. Des opposants ont fait part de leur volonté de manifester, notamment à l'arrivée de Mme Vallaud-Belkacem à l'aéroport.

Ex-égérie du collectif «la manif pour tous», Frigide Barjot a annoncé à Paris la création d'un nouveau mouvement, en demandant de ne pas manifester contre ce mariage. «Je souhaite aux deux mariés tous mes voeux d'engagement, de bonheur et de fidélité», a-t-elle osé. Le Printemps français a répété qu'il ne «lâche rien», mais assuré qu'«aucune violence qui surviendrait» pendant le mariage «ne pourrait être de son fait». Mardi soir, 250 personnes, selon la police, ont participé à une veillée devant la préfecture à Montpellier, comme chaque mardi.

Deux anges en pièce montée
Après François Hollande à la mi-mai, Manuel Valls, a prévenu qu'il ne tolérerait «aucun trouble à l'ordre public» lors des premières unions. Pour lui, «il serait intolérable que des individus viennent s'en prendre à ceux qui accomplissent un acte important pour leur vie».

A quelques heures du mariage, aux abords de la toute nouvelle mairie conçue par Jean Nouvel, les Montpelliérains semblaient pour beaucoup assez indifférents. Marie, 20 ans, «trouve génial que cela se passe ici». Pour Sonia, une jeune retraitée, «un bébé c'est un papa et une maman (…) Mais que voulez-vous? De toute façon, si c'est la loi».

Après la cérémonie, les mariés et leurs invités se retrouveront pour une fête en privé. Avec en dessert une pièce montée blanche ornée de deux anges.

Le mariage sera retransmis en direct sur Montpellier.fr

Par Rédaction (avec agence) mercredi 29 mai 2013

Source : http://www.tetu.com