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MichFest: le festival féministe va-t-il enfin arrêter d’exclure les femmes trans’?

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MichFest: le festival féministe va-t-il enfin arrêter d’exclure les femmes trans’?  Empty MichFest: le festival féministe va-t-il enfin arrêter d’exclure les femmes trans’?

Message par SweetAngel Lun 4 Aoû 2014 - 20:01

Dans le Michigan, un festival culturel offre depuis 1976 un espace non-mixte, safe, inclusif… mais seulement si vous êtes une femme cisgenre.

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Aux États-Unis, le Michigan Womyn’s Music Festival (MWMF, aussi appelé le MichFest) est un événement incontournable depuis 1976 auprès des femmes lesbiennes et bies américaines et fait figure de Woodstock féministe. Ce festival promeut la culture, la créativité et la valorisation des femmes et de leur énergie dans un esprit positif et radical, au cœur d’un havre de nature. Cette année encore, des milliers de femmes se réuniront du 5 au 10 août. Depuis sa création, le festival revendique un de ses principes phares, la non-mixité: le festival n’est pas ouvert aux hommes. Selon les termes des organisatrices, il n’est même ouvert qu’aux «womyn born womyn», autrement dit les «femmes nées femmes». Une condition qui exclut de facto les femmes trans’ qui souhaiteraient elles aussi prendre part au MichFest. Depuis les années 90, une manifestation aux abords du MichFest, le Camp Trans, est organisée pour protester contre cette exclusion transphobe. Aujourd’hui la contestation commence à prendre une ampleur inédite.

DES ARTISTES QUITTENT LA SCÈNE DU MICHFEST
Un appel au boycott a été lancé du côté des artistes et certain.e.s d’entre elles y ont répondu. C’est le cas des Indigo Girls, qui peu de temps avant leur participation à l’édition 2013 avaient déjà fait savoir qu’elles ne remonteraient pas sur la scène du festival tant que l’exclusion des femmes trans’ ne serait pas abolie: «Nous avons espéré pendant toutes ces années que le Festival évoluerait vers la volonté d’inclure les trans’, ont écrit Amy et Emily à leurs fans. Nous avons continué à nous chercher et à regarder des deux côtés du problème en respectant les différents points de vue, mais nous sommes toujours revenues à notre croyance première, que les femmes trans’ doivent être incluses au festival, et que leur féminité doit être honorée par le MWMF. (…) Même si nous jouons au festival, nous respectons la protestation contre le MWMF et espérons que cela aidera la communauté à évoluer vers le changement. L’argent gagné lors du festival ira aux associations trans’. Nous ferons une prise de parole sur scène au festival pour soutenir l’inclusion des trans’. Nous l’avons dit clairement, ce sera la dernière fois que nous venons au festival jusqu’à ce que le MWMF montre des signes concrets et visibles de changement dans leur intention.» En mai dernier, l’actrice Lea DeLaria (Orange Is the New Black) a elle aussi décliné l’invitation au festival en invoquant les mêmes raisons:

«Nous devons trouver une façon de cesser de nous battre entre nous et de travailler ensemble vers un but commun. Les deux côtés du Michigan Women’s Music Festival se disputent et refusent de s’écouter. En raison de leurs postures, je me retire de ce festival. »

ÊTRE NÉE FEMME, UNE «EXPÉRIENCE AUTHENTIQUE»
Mais les organisatrices semblent fermement camper sur leurs positions et souhaitent conserver cette disposition qui fait pourtant polémique depuis de nombreuses années. Dans une lettre publiée sur le site du festival en mai dernier, Lisa Vogel a tenté de faire entendre que les restrictions inhérentes à la non-mixité ne s’apparentent pas, selon elle, à de la transphobie: «Cet espace, pour cette semaine, est destiné aux femmes nées femmes, élevées en tant que filles et qui continuent de s’identifier à des femmes. C’est une question d’esprit de notre rassemblement, pas ce sur quoi se focalise le festival. Ce n’est pas une politique, ou une interdiction de qui que ce soit. Nous ne “restreignons pas l’accès au festival aux femmes cisgenres, en l’interdisant aux femmes trans’” comme il a été dit plusieurs fois dans plusieurs articles de The Advocate. Nous ne questionnons et ne questionnerons pas le genre de quiconque. Au lieu de ça, nous faisons confiance à la communauté queer pour respecter cette intention, laissant la responsabilité à chacune de choisir comment la respecter. Il s’agit d’une prise de position féministe fondamentale et respectueuse sur à qui est destiné ce rassemblement, et si certaines ne peuvent l’entendre sans traduire cela par “politique” ou “interdiction” ou “prohibition”, cela montre l’échec profond de parvenir à penser hors des structures de contrôle qui forment et guident le monde patriarcal. Il y a toujours eu des trans’, femmes et hommes, dans ce rassemblement. Certain.e.s viennent avec la volonté d’en faire évoluer l’intention, d’autres s’y sentent inclus.es. (…)

«Être née femme dans cette culture a un sens, c’est une expérience authentique, qui a des conséquences sur le vécu.»

LÉGITIMER L’EXCLUSION DE FAÇON «BORNÉE ET CRUELLE»
Pour l’historienne trans’ et militante Cristan Williams, sous-entendre qu’une femme trans’ a nécessairement un vécu et un bagage d’expériences masculins, comme le fait Lisa Vogel, est une erreur grossière: «Je n’ai aucune idée de ce que ça fait d’être un homme cisgenre, écrivait-elle en mai 2013. En revanche, je sais ce que c’est d’être un.e enfant trans’, d’avoir peur, d’avoir honte, d’avoir une dysphorie de genre.

«Est-ce qu’être dans le placard par rapport à son genre fait partie de l’expérience de l’homme cisgenre? Est-ce que prier pour ne pas se réveiller le lendemain matin si Dieu n’a pas réparé son corps quand on a cinq ans, fait partie de l’expérience de l’homme cisgenre? Est-ce que faire partie d’une population dans laquelle une personne sur deux a subi un viol fait partie de l’expérience de l’homme cisgenre?

«Véhiculer l’opposition entre personnes assignées femmes à la naissance et personnes assignées hommes à la naissance pour soutenir un argument d’exclusion est délibérément borné et cruel.»

UNE PÉTITION LANCÉE PAR EQUALITY MICHIGAN
L’organisation LGBT Equality Michigan va même plus loin en comparant les propos de Lisa Vogel à la politique Don’t Ask, Don’t Tell, affirmant qu’il s’agit du même mécanisme d’hypocrisie. Pour Emily Dievendorf, la mascarade n’a que trop duré: «Beaucoup d’entre nous sont choqué.e.s de l’idée que quiconque s’oppose à ce comportement discriminant est une traitre au féminisme et n’accordent plus d’attention aux arguments de l’organisation du festival. Equality Michigan les a écoutés durant 20 ans, et nous ne sommes toujours pas convaincu.e.s de ce que nous entendons. Chaque jour de ces dernières décennies a été trop long à attendre de voir émerger l’amour et le soutien pour nos sœurs trans’ dans le mouvement des femmes.» L’organisation de défense des LGBT a même lancé une pétition pour appeler les organisatrices à revenir sur cette disposition archaïque.

«LA MÊME OPPRESSION PATRIARCALE»
Même son de cloche sur le blog d’une des responsables de la communication de l’organisation Human Rights Campaign (elle-même controversée sur les questions trans’, qu’elle a tendance à laisser de côté), Beth Sherouse, pour qui toutes les femmes, trans’ et cisgenres, expérimentent le sexisme:

«Tandis que les organisatrices continuent d’insister qu’exclure les femmes trans’ n’est pas une position officielle, leur “intention” que le festival accueille exclusivement “les femmes nées femmes” ne sert qu’à marginaliser encore plus les femmes trans’, niant l’accès à un des seuls espaces non-mixtes dans notre société.

«Les femmes trans’ et les femmes cisgenres subissent la même oppression patriarcale, les mêmes idées restrictives sur ce que cela signifie d’être une femme, et les mêmes barrières structurelles qui empêchent les femmes d’avoir le contrôle de leurs vies et de leurs corps. Le festival entend fournir un refuge à tout cela; en exclure certaines femmes est tout simplement inexcusable.»

Photo Desdemona Burgin / Michigan Womyn’s Music Festival

Publié par Maëlle Le Corre

Source : http://yagg.com/2014/08/04/michfest-le-festival-feministe-va-t-il-enfin-arreter-dexclure-les-femmes-trans/
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