Dans le nouveau TÊTU: L'armée en guerre contre ses homos? Un témoignage choc

Jeune saint-cyrien de 23 ans, Pierre Schydlowski était en formation en Allemagne lorsqu'il a été agressé, puis violé. Loin d'être soutenu par l'armée, le jeune officier a été exclu. Témoignage à charge.



Le lieutenant Pierre Schydlowski est un officier en colère. S'il a décidé de sortir du rang, c’est pour dénoncer l'«intolérance de l'armée à l’encontre des gays». Une homophobie qu’il connaît bien puisqu’elle a failli lui coûter la santé et risque de lui coûter sa carrière.

Agressé à la sortie d'un bar gay lors d'un programme d'échange à Munich, Pierre se dit harcelé par son commandant d’unité allemand. Objectif non avoué: le faire craquer pour qu'il quitte l’armée. Cet officier n’hésitera d’ailleurs pas à outer Pierre auprès de ses camarades. Déprimé, miné par les rumeurs, celui-ci se tourne vers les médecins militaires qui, dit-il, ignorent sa détresse. Le jeune homme se sent au fond du gouffre.

Aux arrêts pour «comportement indigne»
Six mois après ce pénible épisode, le séjour de Pierre vire au cauchemar. Lors d'une soirée en club avec ses amis, il est drogué, puis violé. Inquiet d’avoir peut-être été exposé au VIH lors de son agression sexuelle, il demande au médecin militaire allemand qui l’examine s’il peut lui prescrire un protocole de post-exposition au VIH. «Il m’a répondu que ça n’était pas nécessaire. Par contre, il m’a immédiatement demandé le nom de mon unité et s’est empressé de prévenir mon colonel allemand. J’ai été convoqué dans l’heure.»

«Il m’a dit qu’il en avait marre de moi, que je n’étais qu’une source de problème. Et il a ajouté qu’il ne fallait pas s’étonner de ce qui venait de m’arriver, que “la sexualité débridée de tous les homosexuels entraîne de fait ce genre de situations”.» Pierre est alors placé en arrêt maladie. Dans la foulée, le conseil d’instruction l'exclut de sa formation et le laisse face à deux options: quitter l’armée ou rester mais sous un statut de simple contractuel. Pierre ne pourra pas finir ses études. Dès la fin de son congé maladie, il se verra infliger trente jours d’arrêt pour «comportement indigne d'un officier»…


Que dit l'armée?
Comment explique-t-elle l'exclusion de Pierre?
Lisez la totalité de notre enquête dans le numéro 174 de TÊTU (février 2012), actuellement en vente en kiosques et sur iPad.

Par Rédaction mardi 24 janvier 2012