Virginie Ledoyen: «Pour moi, Marie-Antoinette et Gabrielle étaient amoureuses»
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Virginie Ledoyen: «Pour moi, Marie-Antoinette et Gabrielle étaient amoureuses»
Deux ans après avoir incarné une lesbienne chic dans «Tout ce qui brille», Ledoyen campe la troublante duchesse Gabrielle de Polignac, qui faisait la tourner la tête de Marie-Antoinette. L'actrice s'est confiée à TÊTUE.
Dans Les Adieux à la reine de Benoît Jacquot, la divine Marie-Antoinette incarnée par Diane Kruger n’a d’yeux que pour elle. Troublante, vénéneuse, parfois inquiétante, Gabrielle de Polignac, sous les traits d'une Ledoyen retrouvée, ne cesse de lui faire perdre la tête... avant que le couperet ne tombe. Deux ans après avoir campé une lesbienne bourgeoise dans Tout ce qui brille, l’actrice au sourire ravageur enchaîne avec un deuxième «rôle lesbien». Dans le cadre royal d'un café du 16e à deux pas de la Seine, Ledoyen nous reçoit les yeux dans les yeux.
TÊTUE: Dans Les Adieux à la reine, vous incarnez la duchesse Gabrielle de Polignac, la favorite de Marie-Antoinette, voire plus... C’est du moins ce que sous-entend le film. Etaient-elles amoureuses?
Virginie Ledoyen: Personne ne sait si cette histoire d’amour a réellement existé. On peut juste se référer aux innombrables rumeurs qui ont couru sur Marie-Antoinette... A titre personnel, j’aime bien me raconter une histoire quand j’interprète un personnage. Pour moi, c’est indubitablement une histoire d’amour. Une indice me le laisse penser: Gabrielle est décédée quelques semaines après Marie-Antoinette et sur sa tombe a été écrit qu’elle est morte de chagrin...
Comment se sont rencontrées Marie-Antoinette et Gabrielle de Polignac?
A un bal masqué. Ni l’une, ni l’autre ne savaient quelle femme se cachait derrière le masque. On peut donc vraiment penser qu’elles sont tombées amoureuses, séduites par leurs peaux, les odeurs... On ne sait pas si elles ont «consommé»... Même si je leur souhaite (sourire). L’enjeu du film de Benoît Jacquot n’est d’ailleurs pas de chercher à savoir si elles ont couché ensemble mais plus de parler de leur relation complexe sur fond de fin de règne. Une période trouble où, la panique aidant, tout est exacerbé. Les sens, la sexualité...
De Polignac est souvent présentée comme une intrigante, un personnage néfaste. A un moment du film, un homme déclare: «Gabrielle de Polignac est une fantaisie qui perdra la reine»...
«Fantaisie» est un mot intéressant. Si Gabrielle de Polignac était une «fantaisie», elle n’était en tout cas pas une passade. Elle sortait la reine de son quotidien, de la pesanteur de la cour, lui permettait de s’évader.
Comment voyez vous ce personnage au fond? Etait-ce une diablesse, une mante religieuse ou une femme libre qui avait parfaitement compris comment fonctionnait Versailles?
Pour moi, c’était une femme libre. Gabrielle de Polignac était complètement affranchie du regard des gens, elle se moque royalement de ce qu’on pense d’elle. Dans le film, la scène de la Galerie des glaces le montre bien. Elle traverse la foule de courtisans et prend la reine dans ses bras. C’est une scène très intense... (voir la vidéo en bas de l'article, ndlr)
Presque aussi intense qu’une étreinte amoureuse...
Oui, justement se prendre dans les bras c’était peut être leur façon de coucher ensemble! Au moins de témoigner de leur amour devant les autres. Elles ne se cachaient pas.
Les gens de la Cour disaient de Gabrielle de Polignac qu’elle était une «putain». N’est-ce pas finalement parce qu’elle avait réussi?
La jalousie et l’insulte sont souvent liées. Ce qu’on ne connaît pas fait peur. Effectivement, Gabrielle de Polignac avait un mépris profond pour le peuple, ce qui n'arrangeait donc pas son image. Mais surtout, ce qui agaçait les gens, c’est qu’elle était libre, elle collectionnait les conquêtes. Hommes, femmes, elle s’en fout, elle a envie de vivre comme elle le veut et sans gêne. Encore aujourd’hui, les femmes qui ont du pouvoir ou sont proches du pouvoir inquiètent, combien de fois a-t-on entendu «elle a dû coucher pour avoir...» Et quand bien même ce serait le cas! On ne dit jamais ça d’un homme.
Au cours de votre carrière, vous avez été victime de ce genre d'insulte?
Peut-être... En tout cas je n’en ai jamais souffert. Cela ne m’a jamais intéressé de savoir ce qu’on pensait de moi. On aime tous savoir qui couche avec qui – je ne suis pas une sainte – mais ce n’est pas constitutif d’une personne. Une chose est sûre: la misogynie ne concerne pas que les hommes.
Vous connaissiez Diane Kruger avant le tournage?
On se connaissait avant le film. J’avais croisé Diane sur des festivals de cinéma, à Cannes... C’est quelqu’un que j’ai beaucoup plaisir à voir, on s’aime bien.
Comment avez-vous travaillé avec elle pour rendre crédible votre relation à l’écran, pour développer cette intimité?
Ce n’était pas compliqué de créer ce rapport entre nous parce qu’il était très bien détaillé dans le scénario. Et puis, l’intimité c’est aussi comment le cinéaste l’envisage. On n’a pas répété pendant six mois dans une maison. On ne s’est pas embrassées en douce pour développer notre intimité (sourire). Les choses se sont faites très simplement.
Ce film est construit autour de ce qu'on pourrait appeler un triangle amoureux. La lectrice de la reine jouée par Léa Seydoux aimerait être à votre place…
Je crois. Sidonie aimerait être regardée par la reine comme celle-ci regarde Gabrielle de Polignac. Elle ne lui envie pas sa richesse, elle voudrait juste pouvoir susciter le même désir qu’elle chez la reine. C’est aussi pour ça qu’elle est fascinée par De Polignac. Quand elle la découvre endormie nue sur son lit, elle la regarde longuement et se demande: «Pourquoi la reine l’aime-t-elle? Dois-je aimer la reine comme elle?»
Dans Les Adieux à la reine, tous les rôles principaux sont tenus par des femmes. Est-ce qu’on peut parler d’un film de femmes?
Je ne sais pas si c’est un film de femmes mais en tout il propose des portraits de femmes. Ce sont souvent les femmes qui font l’Histoire et là c’est un moment où l’Histoire bascule. C’est aussi le cinéma de Benoît Jacquot. Il faut se lever de bonne heure avant de trouver quelques hommes dans ses films! (Rires).
C’est déjà votre troisième film avec lui...
Oui, c’est le réalisateur avec qui j’ai le plus tourné. Et puis, j’ai tourné avec lui très jeune. Il a vraiment marqué l’actrice que je suis. Ma façon de jouer, mon rapport au cinéma. C’est un réalisateur capital dans ma vie d’actrice.
Vous avez tourné beaucoup de scènes nues au cinéma. Quel est votre rapport à la nudité?
Je crois qu’on aime bien voir les filles nues au cinéma (sourire). Plus sérieusement, si j’accepte de tourner une scène nue c’est que celle-ci a un sens. C’est par exemple le cas dans Les Adieux à la reine, c’est une scène clef dans la narration. Cela ne veut pas dire pour autant que je veux être à poil tout le temps ou que j’ai une adoration particulière de mon corps... Mais une actrice, ce n’est pas qu’une tête (rires)! Je reconnais néanmoins que tourner nue n’est pas non plus ce que je préfère le plus. Parce que c’est très impudique. C’est pour ça qu’il faut bien choisir le film.
Vous avez soutenu Martine Aubry lors de la primaire socialiste (vidéo). Est-ce que vous soutenez la proposition du PS d’ouvrir le mariage aux couples de même sexe?
Oui, bien entendu! Je suis toujours étonnée de voir que la question du mariage fait encore débat. Cela me semble tellement archaïque d’être contre l’ouverture du mariage aux homos. On y arrivera de toute façon.
Juste avant Les Adieux à la reine, on vous a vue en couple avec Linh-Dan Pham dans Tout ce qui brille, de Géraldine Nakache (photo ci-dessus). Vous ne faites plus que des rôles lesbiens!
Oui c’est vrai... Je ne sais pas quoi vous dire. Faut croire que cela me plaît (rires). Je ne sais pas pourquoi je pense à ça, mais je n’ai pas encore vu Bye Bye Blondie de Virginie Despentes. C’est bien? J’ai vraiment adoré le livre...
Vous auriez aimé joué une femme amoureuse de Béatrice Dalle?
Ah oui cela m’aurait plu! Une belle histoire d’amour est toujours chouette à jouer.
Les Adieux à la reine, de Benoit Jacquot, avec Diane Kruger, Léa Seydoux, Virginie Ledoyen.
Photos: DR.
Propos recueillis par Marie Kirschen et Sylvain Zimmermann.
Par Rédaction samedi 24 mars 2012
Source : http://www.tetu.com
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