Première gaypride: des personnalités témoignent (4/5)
Première gaypride: des personnalités témoignent (4/5)
ÉVÉNEMENT. Face à l’invisibilité des amours lesbiennes, ce sont 20 personnalités qui ont accepté de nous livrer un bout de leur histoire. Aujourd'hui, 7 d'entre elles nous racontent leur première marche des fiertés.En 2013, alors que la France s'apprête à ouvrir le mariage aux couples de même sexe, on aurait pu espérer la fin de l'invisibilité lesbienne. Et pourtant! Sur tous les films, romans, chansons, séries produits chaque année dans notre pays, combien mettent en scène une histoire entre femmes? Notre société, pas si moderne, feint encore et toujours d'ignorer les couples homos, et tout particulièrement les couples de femmes.
Caroline Fourest
En 2013, une jeune femme qui se découvre lesbienne ou bisexuelle doit faire face à un silence étouffant. C'est frappant dans les témoignages que nous recueillons pour nos articles. On nous parle de la difficulté de vivre dans une société qui présuppose l'hétérosexualité. Ce sont toutes ces femmes qui, aux premiers émois, ont l'impression d'être seules au monde. Avant de se rendre compte, plus tard, à quel point l'expérience est banale, bien qu'invisible.
Pour TÊTUE, 20 personnalités out ont accepté de nous livrer un bout de leur histoire. Elles sont actrices, musiciennes, journalistes, écrivaines, avocates, humoristes... Preuve, pour ceux qui en doutaient encore, que l'on peut accomplir de grandes choses tout en assumant son amour des femmes. Ces paroles sont d'autant plus précieuses qu'elles interviennent à un moment où l'homophobie s'est libérée avec le débat sur le mariage.
Depuis lundi, vous pouvez découvrir sur TÊTUE ces témoignages, rares et forts. Après nos article sur le coming out, sur la réalisation de son orientation sexuelle et sur la première histoire avec une femme, 7 personnalités nous racontent aujourd'hui leur première marche des fiertés. Retrouvez demain le dernier article de notre dossier.
Essayiste et journaliste. Dernier documentaire: Les Réseaux de l'extrême
«Pour ma toute première gaypride, j'étais très jeune. En fait je n'allais pas à la marche, je l'ai croisée par hasard. Comme à l'époque je n'osais pas encore me dire que j'étais homo, ça a été plutôt un choc, un choc visuel. J'y suis retournée quelques années plus tard, une fois mon orientation sexuelle assumée, et j'en garde le souvenir d'un moment apaisant. Parce que j'avais le sentiment de retrouver comme un peuple, qui a vécu les mêmes choses et qui se mobilise pour la même cause. C'était un sentiment de partage.»
Marie Labory
Journaliste, présentatrice du JT d'Arte.
«Ma première marche, c'était en 97, pour l'Europride. C'était génial parce qu'il y avait énormément de monde, des gens de toute l'Europe, c'était complètement fou. L'euphorie totale. Quand je regarde les photos maintenant je me rends compte que j'avais un look absolument abominable! (Rires)
C'était la première année où j'étais à Paris, la première année où je l'assumais totalement. Je venais de faire mon coming out auprès de mes parents. Tout ça s'est enchaîné. C'était le moment de mon émancipation, de la découverte de qui j'étais vraiment. La marche était la suite logique de tout ça, une espèce d'apothéose.»
Corinne Bouchoux
Femme politique et historienne. Sénatrice de Maine-et-Loire (EELV).
«Ma première gaypride était à Paris, du temps de ma vie d'avant, j'en garde peu de souvenirs. Cela étant j'ai fait en mai 2001 ma première gaypride à Angers, avec ma compagne. Ce fut une marche très chaleureuse et réussie.»
Nina Bouraoui
Ecrivaine. Dernier ouvrage: Sauvage
«Je suis une militante du silence, combattant l'injustice à l'intérieur d'un cadre: le roman. Je n'aime pas spécialement les rassemblements mais j'ai été très émue lors de l'Europride, à la fin des années 90. Emue par le monde, le partage, la revendication. Emue par ma première marche. Il y avait une sorte d'urgence qui, hélas, me semble d'actualité. Et j'ai adoré ce sentiment si nouveau d'appartenance. Soudain on parlait d'une part de moi. Tout s'ouvrait dans une joie qui demeurait un peu triste parce que c'était bien plus qu'une fête. Se jouait dans les rues de Paris une scène de liberté. C'est cela, aussi, la gaypride.»
Sarah Bettens
Chanteuse belge du groupe K's Choice. Dernier album: Echo Mountain
«Il me semble que c'était à Atlanta aux Etats-Unis. J'avais une petite trentaine d'années et j'étais notamment accompagnée de deux de mes meilleures amies. On avait hâte d'y être, même si je ne savais pas trop à quoi m'attendre... Finalement, ça a été une expérience extraordinaire! J'ai adoré le sentiment d'être parmi ses pairs, parmi des gens avec qui j'avais des choses en commun.
Ce qui m'a touchée le plus, je crois, c'est quand j'ai vu des parents marcher avec leurs enfants homos. Parce qu'accepter son enfant tel qu'il est, c'est une chose, mais aller défiler avec eux pour dire au monde combien vous les aimez, c'en est tout à fait une autre!»
Océanerosemarie
Comedienne et chanteuse sous le nom d'Oshen. Dernier album: La Pudeur
«J'ai fait les choses progressivement... Pour ma première gaypride je suis "passé voir" en semi-touriste qui n'assume pas complètement mais est là quand même, curieuse. Je n'avais aucune démarche militante à l'époque puisque je n'étais pas encore sûre d'être lesbienne et donc je ne comprenais pas le sens de cette fierté homo. D'ailleurs je l'ai compris assez tard, quand j'ai lu pas mal de choses sur le sujet au moment d'écrire mon spectacle.
Ce qui est drôle c'est que la dernière gaypride que j'ai faite j'étais tout en haut du char "Gouine comme un camion" -je les adore!- à gueuler dans le micro pour motiver les foules! Comme quoi les choses ont évolué et que rien n'est jamais perdu.»
Virginie Despentes
Ecrivaine et réalisatrice. Dernier film: Bye Bye Blondie, dernier roman: Apocalypse bébé.
«Quand je suis arrivée à Paris, j'ai été à la gaypride plusieurs fois parce que j'étais copine avec des filles qui sortaient beaucoup dans le milieu lesbien. J'ai trouvé ça très bien tout de suite. A l'époque je voyais ça un peu comme la techno parade, quelque chose de festif, mais je voyais moins le côté politique. J'ai aussi fait la gaypride pendant les années où j'ai habité à Barcelone.
En fait, c'est très différent depuis que je suis en couple avec Beatriz (Preciado, ndlr). Avant, pourtant, je discutais avec les uns et les autres, mais c'est toujours pareil: quand tu n'es pas toi même concerné, il y a beaucoup de choses qui t'échappent. Je pense que c'est un des éléments qui fait que le dialogue est parfois difficile entre homos et hétéros. Quand tu es hétéros, même si tu es très gayfriendly, il y a des choses que tu ne comprends pas, tant que les voisins n'ont pas arrêté de te parler parce qu'ils ont compris que tu étais homo, tant que la boulangère ne t'a pas regardé de travers à cause de ça, tant que tu n'as pas lu un magazine féminin en sachant que tu es lesbienne et que jamais on ne s'adresse à toi, que toujours on présuppose qu'une femme est hétéro... Il y a plein de choses qui ne te choquent pas de la même façon.»
Lire également les autres volets de notre dossier témoignages:
Coming out, gaypride, premier amour... Pour TÊTUE, 20 personnalités témoignent
Découverte de leur homosexualité: des personnalités témoignent (2/5)
Première histoire avec une femme: des personnalités témoignent (3/5)
Propos recueillis par Marie Kirschen et Mélanie Vives.
Photo de Virginie Despentes: Jean Luc Bertini.
Photo Marie Labory: Olivier Ciappa.
Photo Caroline Fourest: Léa Crespi.
Photo Océanerosemarie: Valérie Archeno.
photo de Nina Bouraoui: A-F.
photos: DR
Par Rédaction jeudi 14 février 2013
Source : http://www.tetu.com
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