Sotchi: France Télévisions veut montrer «le revers de la médaille»
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Sotchi: France Télévisions veut montrer «le revers de la médaille»
Lors de la conférence de presse, l'équipe de France Télévisions qui couvrira les Jeux a fait savoir qu'elle souhaitait aussi montrer le contexte politique actuel de la Russie.
Ce matin, France Télévisions présentait l'équipe qui couvrira les Jeux olympiques d'hiver de Sotchi. Quatorze heures d'antenne chaque jour sur France 2 et France 3, soit 200 heures de direct pour vivre les deux semaines de compétition, puis les Jeux paralympiques qui bénéficieront pour la première fois d'une couverture intégrale répartie sur France 3 et France 4 du 7 au 16 mars. Cette présentation était aussi l'occasion de savoir comment les journalistes sportifs/ives et consultant.e.s ont l'intention de traiter la situation politique en Russie, notamment sur les questions de droits humains.
MONTRER LE RACISME ET L'HOMOPHOBIE DE LA SOCIÉTÉ RUSSE
Le sujet des libertés individuelles a été rapidement amené dans la présentation, comme si le groupe voulait montrer qu'il ne souhaite pas négliger l'aspect politique de ces Jeux au seul profit de la compétition sportive. Dès l'ouverture de l'événement le 7 février à 17 heures, Daniel Bilalian et Alexandre Boyon seront présents pour commenter la cérémonie et sa connotation politique forte. Selon eux, la Russie souhaite envoyer un message à la communauté internationale, comme l'avait fait Pékin en 2008. Une analyse que partage Alban Mikoczy, correspondant en Russie de France Télévisions, dans une vidéo diffusée pendant la conférence de presse: «Ces Jeux sont la pierre angulaire du message que Vladimir Poutine envoie aux autres pays, mais aussi aux Russes eux-mêmes».
L'objectif des journalistes français.es sera aussi d'aller voir «le revers de la médaille», comme l'explique Alban Mikoczy: «Nous allons montrer les conditions de travail proches de l'esclavage des ouvriers, nous allons vous parler de la corruption, de la paranoïa sécuritaire qui contraindra les journalistes à évoluer dans le cadre étroit de ce qu'ils auront le droit de montrer. Enfin, nous vous montrerons le racisme et l'homophobie, des pratiques répandues, plus par bêtise que par conviction.» «On dira tout, on ne s'interdira rien», conclut le journaliste Laurent Luyat.
L'AVIS DES ATHLÈTES
D'autres personnalités ont eu l'occasion de s'exprimer à leur manière sur les droits humains au cours de la conférence de presse: «Peut-être qu'on aura moins d'homophobie là-bas si on me laisse avec les filles russes», s'esclaffe Philippe Candeloro, lors de la présentation des différents consultant.e.s. Friand des petites phrases balourdes, le patineur n'a sûrement pas réalisé la portée lesbophobe de sa réflexion, lâchée peut-être plus par bêtise que par conviction. Pour Edgar Grospiron, consultant lors de ces Jeux, le contexte tendu de ces Jeux n'en sera que plus bénéfique: «Le sport en sortira grandi», affirme-t-il.
Mais le sportif médaillé olympique à Albertville en 1992 met néanmoins en garde: «Si on attaque sur l'homophobie ou la corruption, les Russes vont se défendre, car ils sont très fiers et aussi très fiers de ces Jeux. Des personnes veulent se servir de ces Jeux pour faire passer des revendications et des idées… mais le sport reprendra sa place dès l'ouverture.»
DANIEL BILALIAN CONFIANT PAR RAPPORT À LA LOI RUSSE
À l'issue de la conférence de presse, Daniel Bilalian, directeur général adjoint chargé des sports, s'exprime plus longuement sur l'éclairage que souhaitent apporter les journalistes de France Télévisions: «Nous ne sommes pas indifférents. Chaque fois que nous sommes dans un pays, nous parlons de ce pays, en bien, en mal si c'est nécessaire. Nous n'allons pas couvrir ces Jeux olympiques d'hiver en s'abstenant de parler de ce qui peut se passer autour. Ce serait un non-sens. Les journalistes sur place sont journalistes sportifs, mais ce sont des journalistes aussi, donc ils rendront compte des événements si tant est qu'il y ait des événements politiques avant, après, ou pendant.»
France Télévisions serait-elle prête à se mettre hors-la-loi en parlant de la situation des LGBT russes ou en rapportant des actions de militant.e.s sur place? «Le gouvernement russe a dit que les gens pourraient s'exprimer sur ce thème-là comme sur d'autres. Je ne pense pas qu'ils l'apprécieront mais je ne pense pas qu'ils l'interdiront. Il y aura à Sotchi des emplacements où des contestataires pourront s'exprimer. Les Russes ont l'intention d'avoir cette prudence. Est-ce que ce sera suffisant, je n'en sais rien, je ne peux pas présumer de ce qui va se passer. S'il y a des manifestations, nous en rendrons compte, s'il n'y en a pas, nous n'en rendrons pas compte. Je ne voudrais pas subir le syndrome "je suis dans un stade, peu importe le pays où je me trouve", résume Daniel Bilalian. Je me trouve quelque part, donc je parle de ce quelque part.»
QUATRE FEMMES POUR COUVRIR LES JO
Lors de cette présentation, force est de constater que la parité n'est pas le maître-mot au service sports de France Télévisions: pour couvrir les Jeux de Sotchi, seules 4 femmes seront du voyage (à l'antenne en tout cas), dont Céline Géraud, présentatrice de la tranche 7h-8h. La journaliste Marie-Christelle Maury et la consultante Annick Dumont s'occuperont du patinage artistique, tandis que la championne olympique Carole Montillet commentera le ski alpin. Une surreprésentation masculine (24 hommes, journalistes et consultants confondus) bien résumée dans la bande-annonce, dont on espère qu'elle ne donnera pas le ton de la couverture des chaînes publiques (cliquer sur l'image pour regarder la vidéo):
Photo Julien Massillon
Publié par Maëlle Le Corre
Source : http://yagg.com/2013/12/17/sotchi-france-televisions-veut-montrer-le-revers-de-la-medaille/
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