Londres: les bus rouges échappent de peu à une publicité homophobe

Une affiche promouvant les thérapies de «déshomosexualisation» devait décorer les bus de la capitale britannique à partir de lundi. Le maire de Londres s’y est opposé in extremis...

La banderole de l'association chrétienne, au-dessus de celle, bien présente dans les rues de Londres, de l'organisation LGBT Stonewall.

Sans l’intervention personnelle, ce matin, du maire de Londres, Boris Johnson, les fameux bus rouges de la capitale britannique auraient pu arborer une affiche clairement homophobe dès lundi prochain. L’organisation chrétienne Core Issues Trusts avait en effet obtenu de Transports for London (TFL), l’organisme en charge des fameux double-deckers, de faire figurer cette annonce sur 25 bus roulant sur cinq parcours différents: «Not gay! Ex-gay, post-gay and proud. Get over it» («Pas gay, post-gay, ex-gay et fière de l’être. Il faut vous en remettre»). Cette affiche reprenait la typographie exacte ainsi que les couleurs de la publicité que l’association LGBT Stonewall fait figurer sur de nombreux bus londoniens depuis le 1er avril: «Some people are gay, get over it» («Certains gens sont gays, il faut vous en remettre»). Une affiche que Londres avait déjà vu fleurir dans ses transports et sur ses panneaux publicitaires en 2009.

Censure ou refus de l’intolérance ?
Core Issues Trusts, une association chrétienne qui finance des «thérapies réparatrices pour développer le potentiel hétérosexuel» des homos, crie à la censure: «Je suis très inquiet du fait qu’un seul point de vue soit admis. C’est celui de ceux qui poussent en faveur du mariage gay (sic) et qui, apparemment, croient que l’homosexualité d’un individu ne peut absolument pas être altérée», explique Mike Davidson, le directeur adjoint du groupe. Celui-ci estime que les «comportements homoérotiques (re-sic) sont un péché». L’organisation assure, cependant, «respecter les droits» de ceux qui ne voudraient pas changer.

Pour le maire de Londres, membre du Parti conservateur, il ne s’agit pas de retirer la parole à un camp pour ne la donner qu’à l’autre: «Londres est l’une des villes les plus tolérantes du monde, et elle ne tolère pas l’intolérance. Il est clairement insultant de suggérer que l'homosexualité est une maladie et que certains peuvent en guérir. Je ne suis pas prêt à voir cette insinuation se promener à travers Londres sur nos bus.»

Une bataille au milieu du débat sur le mariage gay
Si Stonewall salue le geste de Boris Johnson, des activistes LGBT s’étonnent que TFL ait accepté de passer cette annonce. Core Trust issues a en effet obtenu toutes les approbations requises. Selon le quotidien The Guardian, il s’agissait d’un contrat de plus de 12.000 euros. Pour Stonewall, «la seule raison pour laquelle certains gays voudraient ne plus être gay sont les préjugés de gens comme ceux qui sont derrière cette affiche».

Cette bataille des publicités apparaît au moment où le gouvernement britannique vient de démarrer les consultations sur la légalisation du mariage gay. Un débat qui devrait se conclure d’ici quelques mois, et qui a déjà provoqué de violentes réactions de la part de nombreuses personnalités religieuses.

Par Marie Billon vendredi 13 avril 2012

Source : http://www.tetu.com