Ariane Moffatt: «Je suis contente d'être complètement out maintenant»
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Ariane Moffatt: «Je suis contente d'être complètement out maintenant»
INTERVIEW. Alors que son 4e album sort dans quelques jours, TÊTUE a rencontré l'artiste québécoise tout récemment sortie du placard. Ariane Moffatt est lesbienne et nous explique pourquoi elle a tardé avant de briser ce secret de polichinelle.
Ariane Moffatt, nommée aux Victoires de la musique en 2010 dans la catégorie «révélation scène de l’année», donne un concert à Paris à la fin du mois. Sur son 4e album, disponible dans quelques jours, elle délivre aussi et pour la première fois sa douce électro pop en anglais.
L’artiste québécoise a fait son coming out médiatique il y a quelques semaines. Ariane Moffatt nous dit pourquoi elle a tardé avant de dire qu'elle était lesbienne... et pourquoi elle appréhendait davantage la réaction des Français que celle des Québécois.
TÊTUE: Ton dernier album est sorti en France en 2009. Que s’est-il passé depuis?
Ariane Moffatt: J’étais en tournée jusqu’en 2010 puis je suis partie cinq semaines en Chine. Un besoin de voyager, de se décentraliser de soi. Puis il a fallu que je me mette à travailler sur le nouvel album. Il a été ponctué de voyages: je suis allée au Maroc faire du kitesurf, j’ai fait de la musique avec des ados inuits dans le Grand Nord. Je suis aussi allée au Tobago d’où j’ai ramené des steel-drums qui m’ont servi sur la chanson Too late!
Tu as quasiment tout fait toi-même sur cet album...
Je l’ai fait à 90% seule. C’était comme un vieux fantasme, passer d’un instrument à l’autre, tout contrôler. Et en même temps pouvoir tester cette méthode sur moi avant, éventuellement, de réaliser des albums pour d’autres.
Au niveau du fond, j’ai eu envie de tambours, de quelque chose d’un peu tribal et hypnotique, très près des racines et du corps. Dans cet album plus que dans les précédents, il y a un dénominateur commun sonore.
Regardez le clip de Mon corps, extrait du dernier album d'Ariane Moffatt:
Il y a un mois, tu as fait ton coming out médiatique, dans l’émission Tout le monde en parle au Québec. Tu as dit avoir attendu le bon timing. C’est à dire?
Oui, je suis un peu «anti coming out officiel», même si je pense qu’il est important d’être complètement soi. Avant ça j’avais fait des «tapis rouge» au Québec avec ma copine. Je ne me suis jamais vraiment cachée, mais je n’ai jamais vraiment non plus... (Elle hésite). Je trouve que c’est important de normaliser l’homosexualité. Moi, ma façon de le faire, c’est juste de faire ma life.
D’ailleurs quand j’ai enregistré Taratata (l'émission sera diffusée le 18 mai, ndrl), Nagui a cherché tout au long de l’entrevue à m’amener à en parler. J’avais fait six heures d’avion pour venir parler de musique et de mon album, je ne vois pas pourquoi je passerais toute une entrevue à parler de mon coming out! Ça m’a un peu saoulée, j’ai senti là-dedans une forme de machisme qui m’a désolée.
Tu as aussi déclaré que tu «craignais d’être entièrement associée à (ton) orientation sexuelle».
Je ne veux pas être «la chanteuse lesbienne», je ne veux pas que ce soit ça qui vienne en premier, être catégorisée. J’avoue que j’ai toujours eu envie de faire passer ma musique en premier.
Est-ce qu’il y a des chanteuses dans le placard qui sont venues te voir depuis?
Il y a beaucoup de chanteuses dans le placard (rires)! Après mon coming out, j’ai senti un respect. Personne n’est venu me pleurer sur l’épaule mais j’ai senti que c’est quelque chose qui a fait plaisir à beaucoup de personnes. J’en ai parlé à des amies d’autres groupes, en leur disant «let’s go, faut pas se cacher, on peut résister aux pressions sociales!» Elles m’ont répondu «ouais c’est vrai, mais...»
Regardez le passage télé où l'artiste parle pour la première fois de son homosexualité (à partir de 8'15):
Beaucoup de femmes déplorent le manque d’artistes ouvertement lesbiennes, de modèles. C’est quelque chose qui t’a manqué?
Ça ne m’a pas manqué non. J’ai aussi été avec des hommes et je n’ai jamais été trop dans le «ghetto gay», je n’ai jamais cherché à être dans un groupe très identifié. C’est quelque chose qu’il est, pour moi, important de normaliser. Mais au Québec on est chanceux...
Justement, tu as aussi habité à Paris. Est-ce que tu as ressenti une différence entre le Québec et la France, quand tu te baladais dans la rue avec ta copine par exemple?
En fait j’ai surtout trouvé plus dur de m’assumer professionnellement en France.
Pourquoi?
Le regard sur les femmes, cette pression par rapport à l’hétérosexualité. En France, la femme existe avant tout dans son rapport à l’homme. Comme si on ne pouvait pas être autant femme et autant dans le registre de la séduction en étant homo. C’est pourquoi j’ai peut-être eu plus peur d'en parler ici qu’au Québec. J’avais peur que ce soit un peu plus... «jugeant».
Avant même que tu sortes du placard, un important public lesbien te suivait déjà. Ça t’amusait de te faire repérer par les filles?
(Rires). C’est drôle parce que même avant que je m’affirme moi-même davantage, ce public se créait tout seul! Comme une espèce de radar (rires)!
Etre heureuse et amoureuse, ça aide pour faire son coming out?
Oui, pour moi c’est ça qui a joué. Ne pas le faire, ça aurait été mentir par rapport à ma copine, par rapport à notre lien. Je suis contente d’être complètement out maintenant.
MA, le nouvel album d’Ariane Moffatt (Sony Music). Sortie le 21 mai.
Elle sera l'invitée de l'émission Taratata le 18 mai, à 23h50 sur France 2.
En concert à Paris, au Nouveau Casino, le 30 mai.
En bonus, (re)découvrez son titre Je veux tout:
Photos: DR.
Par Mélanie Vives mercredi 16 mai 2012
Source : http://www.tetu.com
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